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Covid-19 : l'agroalimentaire en première ligne

Publié le 1 juillet 2020

2. Interview avec Clément Lubin, directeur logistique et supply chain du Groupe Casino

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S'adapter aux besoins de ses clients en garantissant l'approvisionnement des produits tout en protégeant ses collaborateurs : Clément Lubin revient sur les défis relevés par le Groupe Casino durant la crise sanitaire et évoque les challenges de la reprise.

Quels sont les principaux défis auxquels, en tant que distributeur, vous avez dû faire face durant cette crise ?

Dès le début de la crise, nous avons eu trois priorités, qui sont autant de défis, pour sécuriser l’approvisionnement alimentaire des Français afin d’assurer une continuité de service, y compris pendant le confinement. Il s’agissait de protéger nos 75 500 collaborateurs, incluant l’installation de plexiglas de protection en caisse, la distribution généralisée de masques, gants et gels hydroalcooliques aux salariés des magasins et des entrepôts dès les premiers jours. Il fallait également protéger nos clients et adapter notre service à leurs besoins spécifiques : gestes barrières en magasins, augmentation des capacités de livraison à domicile, du click & collect et du drive. Enfin, nous devions sécuriser l’organisation de la chaîne de flux de marchandises, en lien avec les fournisseurs, pour faire face à la demande sans rupture significative.

 

Quels réajustements cela vous a-t-il demandé au niveau de vos équipes et de votre organisation logistique ?

Nous avons pris un certain nombre de mesures avec la mise en place du télétravail généralisé pour l’intégralité des équipes du siège, le déploiement de solutions informatiques à distance, des mesures sanitaires sur l’ensemble de nos entrepôts, regroupées au sein d’un document de référence reprenant notamment l’ensemble des bonnes pratiques généralisées sur nos 20 à 25 sites logistiques. Ces mesures ont été déployées à tous les niveaux : postes de garde, zones exploitation, accueil des prestataires, transport, locaux dédiés au personnel. Des rappels des bons gestes à adopter continuent d’être réalisés quotidiennement : Comment bien se laver les mains ? Pourquoi et comment bien porter un masque ou une visière de protection ? Avec un rappel des process de désinfection, des mesures de distanciation et de circulation, un nettoyage renforcé des locaux, une mise à disposition de lingettes, gels, poubelles et enfin un rappel. Toute l’organisation de nos flux de marchandises a été structurée autour de la réactivité à la demande clients. Notre seul objectif a été de répondre à leurs besoins, qui ont massivement changé du fait de la crise et du confinement. Cela a concerné le suivi quotidien des évolutions des tendances en magasin (y compris drive et livraison à domicile) ; une adaptation des volumes sourcés sur nos entrepôts par le reparamétrage des systèmes de commandes ; une interaction quotidienne avec les fournisseurs pour s’assurer de la livraison des produits demandés ; et un accroissement des fréquences de livraison en magasins ciblés sur ceux dont les évolutions étaient les plus massives.

 

Quels sont les nouveaux challenges de cette période post-confinement pour le groupe Casino ?

On peut citer deux challenges majeurs. Le premier concerne la protection de nos salariés en leur assurant une sécurité permanente sur nos sites logistiques, par le maintien des mesures sanitaires citées précédemment. Le second touche à la demande clients, son évolution continue d’être difficile à prévoir : jours, volumes, modalités, typologie de consommation, volumétrie de production des fournisseurs par produit… La crise a largement modifié tous ces paramètres. Il est donc nécessaire de garder un très haut niveau de vigilance sur ces évolutions pour limiter les à-coups dans l’approvisionnement des marchandises et la production des fournisseurs et continuer de toujours garantir un très bon niveau de service. Nous avons poursuivi la démarche d’adaptation prévisionnelle par des micro-ajustements des paramètres de nos systèmes, que nous réglons désormais finement tous les jours. Nous avons sophistiqué les routines automatisées de paramétrage, basées sur des algorithmes internes plus poussés.

 

Cette crise sanitaire pourrait-elle avoir des conséquences systémiques sur la supply chain agroalimentaire selon vous ?

C’est certain. Trois grandes tendances de fond semblent néanmoins se dessiner. Tout d’abord, une adaptation du sourcing sur une partie des produits. Garantir l’approvisionnement sur le territoire français est donc une priorité. Il devrait également y avoir une accélération de la transformation des magasins physiques vers une offre alimentaire encore plus large ainsi qu’un accroissement de la part du e-commerce sous toutes ses formes dans la consommation alimentaire des ménages : un équivalent au tournant offline/ online vécu au début des années 2000 sur le non-alimentaire.

 

Cela pourrait-il également contribuer à accélérer certains plans de transformation digitale ?

Nous sommes au coeur de la transformation digitale de la supply chain, et nous n’avons pas attendu la crise pour mettre en place de nouveaux outils et automatiser un plus grand nombre de processus notamment sur les prévisions de la demande aval, la correction des prévisions de la demande amont, le remplissage industrialisé de nos transports ou encore les processus des entrepôts. Il est certain que la crise est un catalyseur puissant pour accélérer cette transformation, même si elle ne modifie en rien le temps d’adaptation. Elle ne fait que confirmer ces besoins déjà identifiés d’adapter et de digitaliser en permanence la chaîne de flux de marchandises.

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