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Quand la géolocalisation entre dans l'entrepôt #2

Publié le 17 septembre 2020
SOMMAIRE

Face à une géolocalisation outdoor largement employée dans le domaine du transport, son utilisation en indoor s’avère plus récente. Avec la simplification des réseaux et des technologies parvenues à maturité, elle commence à intégrer les murs de l’entrepôts via différentes applications, tout en restant en quête d’un business model pertinent.

La question du ROI

La notion de retour sur investissement demeure la question clé dans le domaine de la géolocalisation indoor, car mettre en place des solutions entraîne un coût non négligeable et incompressible selon le degré de précision voulu. « S’il s’agit de géolocaliser des contenants que l’on ne perd jamais et qui ne coûtent rien, il n’y a pas de modèle économique derrière », commente Jacques Deckert. La question est donc de savoir si cela s’avère rentable, tout en tenant compte de la valeur du contenu et des contenants : « Cela peut être intéressant en revanche de tracer des diamants !, poursuit Jacques Deckert, prenant l’exemple de clients dotés de rolls pouvant valoir quelques centaines d’euros et qu’ils perdaient régulièrement. On se situe alors davantage dans le domaine du geofencing [fonctionnalité de géolocalisation qui permet de surveiller les déplacements d’objets ou de personnes dans un périmètre prédéfini] : quand le roll est présent dans le bâtiment, il n’est pas important de savoir s’il se trouve au picking, à la préparation ou dans la réserve. Par contre, il est impératif qu’il ne passe pas les quais. Cette contrainte va activer les zones concernées grâce à la RFID ou au Wifi ». Peu d’intérêt en revanche dans un entrepôt constitué de plusieurs dizaines de milliers de palettes, d’équiper chacune d’entre elle en tags UWB qui, outre leur prix, poseraient problème lorsqu’il s’agirait de changer la batterie.

 

Face à cet écueil d’autonomie et de coût, le spécialiste de l’IoT Sigfox a lancé en 2018 les Bubbles pour le tracking d’objets : un nouveau service de localisation développé « pour proposer quelque chose de très peu gourmand en énergie et peu onéreux. En utilisant la technologie Sigfox avec les Bubbles nous voulions associer des produits de plus longue durée – cinq ans – avec des dispositifs moins chers », explique Patrick Cason, directeur général de Sigfox France. Ela Innovation de son côté investit beaucoup en R&D pour réduire la consommation des objets connectés qu’elle propose. Son objectif : leur offrir une durée de vie la plus longue possible avec un minimum d’opérations de maintenance. « Un des facteurs clés de succès pour la géolocalisation indoor est clairement d’être capable de proposer des dispositifs auto-alimentés. Nos balises vont de 5 à 20 ans de durée de vie » , illustre Pierre Bonzom. On l’aura compris, les principaux freins à la mise en place de la géolocalisation en entrepôts ne sont plus technologiques mais économiques, en intégrant la précision voulue, le coût du matériel et son autonomie. Un autre élément pouvant également être vécu comme un frein très fort par les acteurs de la logistique, concerne l’intégration de ces solutions nouvelles aux systèmes d’information déjà existants dans l’entrepôt (TMS, WMS, ERP). Car interfacer ces deux mondes ne s’avère pas si simple. « Ces fonctionnalités de gestion de localisation ont besoin de communiquer avec des systèmes qui peuvent être anciens, propriétaires et relativement fermés. On a, d’un côté, un monde établi, très mâture avec des sociétés qui éditent des ERP, des WMS, des outils GPAO et, de l’autre, ces nouveaux outils liés à la géolocalisation, souvent proposés par des start-up. L’interopérabilité du système d’information est très importante et c’est là que nous intervenons en matière d’intégration », détaille Jacques Deckert.

 

Des applications transverses

Pour rendre la maintenance plus aisée et amoindrir le coût, la solution peut par ailleurs consister, plutôt que de tracer la palette, à tracer les chariots : « Ils sont moins nombreux et on sera ainsi en mesure de savoir où le chariot a pris la palette et l’a déposé. Autre avantage : ce dernier est rechargé régulièrement, la balise peut donc être alimentée à partir du véhicule », détaille Marc Le Garrec. Autre cas d’application chez Here Technologies, la plateforme européenne de données et de services de localisation, qui s’est associée à son partenaire Crave InfoTech pour fournir une solution à un client cherchant à optimiser les mouvements de plus de 100 chariots élévateurs opérant dans un entrepôt de la taille d’un stade de football. « La technologie GPS ne fonctionne pas à l’intérieur de l’entrepôt et les allées étroites et les escaliers rendent certaines zones inaccessibles aux chariots élévateurs. C’est là qu’intervient la solution de cartographie indoor de Here », explique Peter Kueth, responsable marketing produit chez Here Technologies. La solution Here Indoor Positioning, proposée par l’entreprise permet un positionnement intérieur de haute précision en utilisant des balises Bluetooth et/ou l’infrastructure Wifi existante, pour un suivi intérieur/extérieur transparent, sans coût supplémentaire de matériel ou d’infrastructure. « Elle fournit des analyses exactes et des informations de localisation précises pour aider à réduire le gaspillage et à améliorer l’efficacité opérationnelle. Ce positionnement indoor de haute précision joue également un rôle important dans l’automatisation des usines et la gestion des entrepôts », poursuit Ajatshatru Kotwal, directeur de la gestion des produits de Here Technologies. Si la société internationale se concentre principalement sur les cas d’utilisation interentreprises ainsi que sur le stationnement intérieur, en s’associant à de multiples partenaires pour fournir des solutions de bout en bout, elle voit l’intérêt grandir pour des applications logistiques.

 

En effet, bien que la plupart des cas d’usage de la géolocalisation indoor se trouve aujourd’hui sur les sites industriels de production, plus propices que les sites logistiques à recevoir ce genre de solutions, les exemples d’applications transverses émergent. C’est le cas lorsqu’il s’agit de géolocaliser des camions sur les parkings des entrepôts, qui peuvent se voir apposer un tag à leur entrée sur le site : « Avec ce système, le chauffeur sait automatiquement s’il dévie de sa trajectoire jusqu’à son quai. Il reçoit un message directement sur son écran indiquant l’endroit où il doit se rendre, ce qui lui évite de sortir du camion », explique Loïc de Kerhor dont l’entreprise Arenzi travaille justement à un process permettant de gérer ces fl ux de camions entrant et sortant sur les grands centres logistiques : « En réalisant une modélisation du temps cible sur le quai, des alertes peuvent être mises en place, lorsqu’un véhicule y reste trop longtemps. Nous souhaitons automatiser ce process qui participe à une vision globale des flux de camions sur le site » poursuit-il. Cette localisation actant le passage de l’actif mouvant d’un endroit à l’autre est également valable en ce qui concerne les chariots : « Grâce à la technologie BLE, on va valider automatiquement le passage du chariot sur le quai en couplant le terminal de préparation de commandes présent sur le véhicule avec les capteurs positionnés sur le quai », décrit Virgile Bourdelin chez Zebra. Une technologie déjà intégrée et déployée par des partenaires de la société dans le domaine de la logistique.

 

Vers la géolocalisation intégrée

La prochaine étape en matière d’efficacité opérationnelle pourrait ainsi résider dans l’accès à cette localisation en temps réel, intégrant extérieur et intérieur, sans rupture. Ces besoins en géolocalisation outdoor/indoor ne datent pas d’hier : c’était déjà le cas du contrat signé par Sigfox, avec Airbus il y a presque cinq ans. « Airbus compte plusieurs centaines de sous-traitants répartis en Europe, leur problématique étant de traiter les flux de leurs usines vers leurs sous-traitants et inversement, détaille Patrick Cason. Lorsqu’une aile d’avion arrive d’Espagne et passe par différents sous-traitants, on a besoin de savoir précisément dans quel hangar elle se trouve à son arrivée sur site de façon à pouvoir la récupérer facilement ». D’où la nécessité de localiser également à l’intérieur. Une application utilisée ici pour connaître le positionnement d’une pièce qui peut également s’appliquer sur des outils dans des usines ou encore des sites logistiques.

 

La géolocalisation intégrée capable de fournir une solution de bout en bout serait-elle le nouvel axe de recherche dans le domaine ? « Pour passer sans heurts de la navigation extérieure à la navigation intérieure, il est nécessaire de connaître les routes, la disposition des parkings, la disponibilité des places en temps réel et l’emplacement des entrées. Cela représente beaucoup d’informations différentes à échanger entre différents ordinateurs, logiciels, et l’interopérabilité est un pilier des systèmes de navigation intelligents de demain. Here Technologies s’associe à de multiples partenaires pour combiner l’innovation et fournir une solution de bout en bout », indique Peter Kueth. « Les acteurs qui peuvent offrir une solution unique outdoor et indoor, simplifiant ainsi le trajet global, seront plus favorisés par les acteurs logistiques soumis à de fortes contraintes et en quête de performance », confirme Ajatshatru Kotwal. Mais encore une fois, face à cette technologie aujourd’hui mâture, la question centrale demeure le retour sur investissement : « La géolocalisation intégrant outdoor et indoor nécessiterait un tag doté de deux technologies qui coûterait 50 à 70 euros et serait très limitée en termes de batterie. Donc tant que la technologie ne permet pas d’avoir un business model pertinent, la géolocalisation end-to-end demeure un vœu pieux », juge de son côté Loic de Kerhor.

 

À lire également :

> Quand la géolocalisation entre dans l'entrepôt : Partie 1

> La question de la geolocalisation de personnes

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