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L'OMS s'installe dans les supply chains omnicanales

Publié le 3 décembre 2020
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Si certains utilisateurs bénéficient de ses services depuis de nombreuses années, l’OMS (Order management system) a récemment accéléré sa démocratisation face aux mutations omnicanales opérées par les distributeurs et acteurs du retail. Avec de multiples déploiements qui démontrent toute sa pertinence.

Commerce physique ou commerce digital ? Alors que la crise sanitaire a fait exploser les chiffres du e-commerce en rabotant ceux des magasins, que les clients veulent toujours plus de service et de visibilité dans leur parcours d’achat, et que les organisations logistiques doivent se plier à des impératifs de flexibilité cruciaux, l’heure n’est plus au choix pour les retailers, mais à l’action, au décloisonnement et à l’optimisation. Et pour réussir à piloter l’ensemble de leurs flux, nombre d’entreprises s’équipent de solutions OMS (Order management system), dont le but est d’orchestrer de façon intelligente et en temps réel l’attribution des commandes pour l’ensemble de leur supply chain. « L’OMS est capable non seulement de traiter les flux entrepôts et magasins en synergie, mais de créer des interactions nouvelles », résume Abdessalam Khobiza, directeur édition software chez Savoye. Si cette notion de gestion de commandes multisite pouvait déjà être proposée par le passé au sein de certaines solutions plus généralistes (ERP ou systèmes internes d’allocation de commandes), ses applications étaient globalement assez rudimentaires juge Yann Le Peron, business solutions director chez Manhattan Associates : « Elles permettaient d’avoir des règles simples de pilotage d’un entrepôt à l’autre, mais arrivaient clairement à leurs limites. Et cela s’est accentué avec les évolutions des habitudes des clients, cherchant plus de flexibilité dans les modes de livraison, mais aussi une immédiateté de la connaissance : le produit est-il disponible, quand me sera-t-il livré ? ». « L’OMS met en place des règles d’affectation qui ne faisaient pas partie des ERP ou des WMS. Il vient se placer entre eux et permet une vision globale de l’écosystème », note Abdessalam Khobiza.

 

L'OMS, vigie de l'omnicanalité

L’OMS s’érige donc comme acteur central dans l’architecture de l’entreprise, faisant le lien avec les systèmes WMS de gestion de stock, l’ERP, mais aussi les points de ventes qui vont mettre à disposition leurs quantités disponibles, tout en intégrant des fournisseurs et partenaires. Au-delà du pilotage, c’est dans son rôle de vigie de l’omnicanalité que se distingue l’OMS, apportant une vision globale des stocks, réunis quel que soit leur canal de distribution, en entrepôt ou en magasin. « Il faut tendre vers l’unification des données, afin de créer une image complète et commercialisable du stock, capable d’être poussée vers les points de prise de commandes (site web, magasins), avec des effets immédiats : davantage de disponibilité des produits et une promesse de livraison plus fiable », précise Stephen Doucet, senior business developer chez OneStock. De quoi pouvoir répondre à tout type de demande du client.

 

Tout d'abord, les commandes e-commerce faites depuis un magasin, pour un produit qui n’est pas disponible dans la boutique. C’est la notion d’order-in-store et d’endless aisle. Ce type de service permet de multiplier les canaux de ventes et d’éviter l’insatisfaction en boutique, l’OMS fournissant des informations de disponibilités ou de délais de livraison au vendeur et à son client. Un moyen également de décupler l’offre en magasin. À l’inverse, on trouve des commandes e-commerce dont l’expédition a pour origine un des magasins, au plus près du client, avec le concept de ship-from-store, qui se développe fortement, et souvent via des projets rapides : « En connectant l’OMS à un simple back-office retail, nous pouvons mettre en place du ship-from-store en quelques jours. Aux États-Unis, pendant la crise sanitaire, nous avons pu accompagner un client dont l’entrepôt avait dû fermer, afin de continuer à vendre en ligne depuis ses boutiques. Grâce aux stocks de quelques magasins, ils ont pu poursuivre leur activité », raconte Yann Le Peron. Plus généralement, l’OMS permet de déployer facilement de nouveaux services désormais courants dans le monde du retail : click-and-collect ou encore e-réservation. « Tout magasin peut devenir un lieu de réception, de préparation, d’enlèvement ou de livraison grâce à l’OMS », résume Abdessalam Khobiza. Des offres d’autant plus cruciales alors que la crise sanitaire change les habitudes des consommateurs, avec un attrait plus fort pour le drive piéton ou la collecte de commandes sans contact.

 

Des bénéfices en cascade

Pour les retailers, les avantages sont multiples. La vision globale sur les stocks permet d’offrir un plus grand assortiment, principalement pour le e-commerce, entrainant davantage de ventes et une amélioration de rotation des stocks si le ship-from-store est activé. « Nous avons un grand client dans le bricolage qui avait mis en place l’OMS il y a plusieurs années pour son entrepôt e-commerce, afin de vendre quelques milliers de références. Peu à peu, il a ajouté des magasins à cette offre web. Cela a décuplé la disponibilité des produits en ligne, et fait grandement monter les ventes », évoque Yann Le Peron. La gestion des collections pour la mode est ainsi optimisée, avec la réduction des stocks dormants en fin de saison. Le délai de livraison pour l’e-commerce peut aussi être diminué : « Pour ses livraisons ecommerce vers un pays de l’Europe du Sud, un de nos clients du luxe a pu s’appuyer sur notre OMS et le ship-from-store pour faire livrer les produits depuis des boutiques dans un pays limitrophe, ce qui a réduit fortement la distance et la durée du transport. Plus généralement, les retailers ont des emplacements en plein centre-ville, et c’est une manière pour eux de rentabiliser les coûts fixes du magasin en contrecarrant les pure players e-commerce pour les livraisons express dans les grandes villes », raconte Yves-Alain Ligault, chef de produit omnichannel chez Cegid Group.

 

Même cas de figure avec un client dans le luxe chez Manhattan Associates qui, pour ses livraisons en Australie, a décidé de prioriser les expéditions depuis ses boutiques dans le pays plutôt que depuis ses entrepôts situés en Asie et Europe, afin d’avoir des livraisons plus rapides et un coût d’expédition réduit. En effet, l’OMS, grâce à la force de son algorithme, va optimiser la façon dont certaines demandes vont être allouées et sourcées, depuis un site par rapport à un autre, selon un ensemble de critères : proximité, coût de préparation, capacité des sites à traiter la commande (afin d’éviter toute saturation, l’OMS pouvant également permettre d’occuper les heures creuses des magasins), niveau de stock (avec pour objectif de limiter le nombre de colis envoyés et ainsi réduire les coûts en choisissant un site ayant l’intégralité de la commande), ou encore l’empreinte carbone. « L’OMS est dans un dialogue permanent entre les différents sites du réseau de distribution, les fournisseurs et les partenaires pour adapter la disponibilité aux différents niveaux de service que l’on souhaite proposer aux clients », résume Yann Le Peron. Selon Manhattan Associates, la mise en place de cet outil peut débloquer entre 10 à 30 % de revenus supplémentaires pour les retailers, avec 20 à 30 % des commandes e-commerce basculant en ship-from-store.

 

Une installation en plusieurs temps

Comment mettre en place efficacement un OMS aujourd’hui dans son organisation logistique ? Il faut d’abord impérativement pouvoir s’appuyer sur un système d’information fiable, avec lequel il va venir s’interfacer, car sans les bonnes données, il sera difficile d’orienter les commandes. « C’est un outil qui s’appuie sur les informations issues des autres systèmes, d’où la nécessité de travailler l’interfaçage et la fiabilité des données reçues », prévient Abdessalam Khobiza. Un problème réglé du côté de Cegid puisque son offre OMS ne s’adresse qu’aux utilisateurs de ses autres solutions pour le retail. « La base d’un OMS est d’avoir une seule version de la vérité, et en s’appuyant sur notre propre ERP, nous avons de facto toutes les informations nécessaires (stocks, clients, commandes, etc.). Mais il faut aussi aller chercher la data plus loin, chez les prestataires et les fournisseurs », note Yves-Alain Ligault. Cependant, il n’est pas nécessaire d’avoir une vision end-to-end de sa supply chain pour mettre en place un OMS : « C’est un déploiement progressif. Il faut débuter par un périmètre bien défini en termes de couverture fonctionnelle. De manière générale et afin de minimiser les risques, nous sollicitons d’abord les volets de gestion de stock et d’orchestration des commandes. Puis, dans un deuxième temps, on peut attaquer la gestion de ressources, c’est-à-dire la capacité de préparation des entrepôts et les interactions avec les flux transport TMS. Le gain vient de manière progressive et sécurisée », explique Abdessalam Khobiza.

 

Il est également nécessaire d’équiper ses magasins et de travailler avec les équipes afin de les préparer à ses nouveaux flux. « Il faut les accompagner dans leur digitalisation : on peut débuter par du click-and-collect, où ils reçoivent et remettent simplement au client des colis e-commerce reçus depuis un entrepôt, puis aller vers l’e-réservation, où ils préparent les commandes eux-mêmes avant retrait en magasin, et enfin déboucher vers le ship-from-store, où ils réalisent le cycle logistique complet avec prise en charge de l’expédition », détaille Yves-Alain Ligault. Pour cela, il s’agit de déployer l’OMS au sein du point de vente, avec des interfaces simples, via lesquelles le personnel pourra valider les commandes qui lui sont transmises par la solution, avec une vision collaborative. Enfin, clé de voute du système, son paramétrage le plus fin possible, pouvant s’appuyer sur différents éléments selon les entreprises : « Notre solution propose des interfaces graphiques pour gérer et modifier ces paramètres pour un type de commande, une marque, un pays, ou un canal bien précis. On peut définir quel type de stock et quel volume va être mis à disposition et définir des priorités entre entrepôts et boutiques. Il s’agit de problématiques supply chain, mais qui peuvent aussi être commerciales : on peut préserver des stocks en magasin, par exemple dans le contexte d’une promotion, pour éviter que le e-commerce ne les cannibalise », précise Yann Le Peron.

 

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