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Transversal

Vers une nouvelle institutionnalisation de la logistique

Publié le 6 mai 2021

La filière transport et logistique jouit depuis quelques temps d’une plus grande visibilité. L’ébauche d’une reconnaissance et d’une prise en compte réelle de ses enjeux semble poindre de la part des institutions gouvernementales qui ont multiplié les mesures en sa faveur ces derniers mois. Les acteurs du secteur s’y montrent sensibles tout en soulignant les nombreux chantiers encore à explorer via des actions transverses et concertées autour d’un dialogue public-privé.

1. Pousser la porte des institutionnels

Si le secteur hospitalier a été mis en lumière durant le premier confi nement, dans une moindre mesure, la filière transport et logistique aura également suscité davantage de reconnaissance qu’à l’accoutumée. Une révélation de son utilité pour les consommateurs soucieux d’être livrés en temps et en heure chez eux et de ne pas souffrir de pénurie dans leurs magasins. « Cette crise a permis de démontrer l’efficacité des entreprises du transport et de la logistique malgré des conditions contraignantes et risquées. Les médias ont beaucoup parlé de l’importance que représente la logistique et le sujet a de nouveau été sur le devant de la scène concernant les vaccins et leur acheminement », estime Sonia Dubes, présidente du réseau normand des professionnels de la supply chain Logistique-Seine Normandie.

 

Pousser la porte des institutionnels

« La crise a mis la logistique en lumière, juge également Élodie Le Provost, déléguée générale du cluster Bretagne Supply Chain (BSC). Les enjeux de la supply chain (Où sont mes fournisseurs ? Quel type de transport j’utilise ?…) sont en train de monter au niveau des Codir, quand ils n’y étaient pas. Nous sommes davantage sollicités par les pouvoirs publics sur ces sujets. 2021 sera l’année de la supply chain et nous allons avoir énormément de travail pour accompagner les territoires, les entreprises et faire le lien entre eux sur des sujets très variés ». « La supply et la logistique sont en train de pousser la porte des institutionnels et des collectivités, corrobore Iwen Layec, délégué général adjoint de BSC. Certaines questions pratiques, qu’ils ne se posaient pas sur le foncier, l’immobilier, la logistique urbaine… émergent et on observe une prise de conscience de l’intérêt de la supply chain pour conforter la performance industrielle sur les territoires bretons ».

 

De nombreuses initiatives

Dès 2016, la filière bénéficiait d’un plan intitulé France Logistique 2025 visant « une stratégie nationale » pour le secteur. Et peu avant l’amorce de la crise sanitaire, elle avait su poser un jalon conséquent pour instaurer sa légitimité à travers la création, en janvier 2020, de France Logistique. Une association mue par la volonté d’établir un dialogue entre pouvoirs publics et acteurs de la filière, née de la préconisation du rapport remis par Patrick Daher et Éric Hémar en 2019 au premier Ministre de l’époque Édouard Philippe sur la compétitivité logistique française. De premiers pas vers une institutionnalisation des enjeux du transport et de la logistique ? Ce qui est certain, c’est que la crise sanitaire aura par la suite vu se déployer de nombreuses initiatives en faveur du secteur : Plan de relance du ferroviaire en septembre 2020, mesures en faveur du report modal incluant le fluvial, Charte d’engagement pour les ports français en octobre, tenue du premier Cilog (comité interministériel de la logistique) en décembre… Reste à savoir si ces démarches traduisent bien l’enjeu fondamental représenté par la filière pour les pouvoirs publics. Pour Sonia Dubes, au niveau régional, ces cinq dernières années, l’évolution entre le monde politique et logistique est majeure : « La reconnaissance de notre secteur n’a fait que croitre et la logistique est aujourd’hui un sujet phare pour nos politiques. France Logistique 2025 en est la parfaite incarnation. De plus, la Délégation interministérielle de la Vallée de la Seine, pilotée par le préfet François Philizot, soutient depuis de nombreuses années plusieurs de nos actions, ainsi que la Région Normandie et son agence de développement économique, l’AD Normandie. Nous avons besoin d’établir une stratégie nationale et nous étions les seuls à en être dépourvu, contrairement aux filières industrielles », note-t-elle.

 

Du côté du transport

Les perceptions peuvent différer selon les sous-secteurs. Niveau ferroviaire, dès 2016, les travaux entamés dans le cadre de France Logistique 2025 avaient déjà associé Fret SNCF dans les échanges qui concernaient l’entreprise, et Jérôme Leborgne, directeur général de Fret SNCF voit dans le Cilog et l’annonce du Plan de relance, « une instance plus récente et forte au sein de laquelle 4F [coalition Fret Ferroviaire Français du Futur] et Fret SNCF ont pu être pleinement associés ». « À toutes les strates de la vie politique et économique, le transport ferroviaire et le combiné rail-route sont inclus dans les raisonnements et dans les projets d’avenir », estime quant à lui Ivan Stempezynski, président du GNTC (groupement national des transports combinés).

 

Du côté du fluvial, Dominique Ritz, directeur territorial de VNF Bassin de la Seine, entrevoit également une prise en compte grandissante de la voie d’eau dans les discussions politiques. Assises de la mobilité au lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, Conseil d’orientation des infrastructures en février 2018, Loi d’orientation des mobilités votée en décembre 2019… : « La voie d’eau est bénéficiaire de ces travaux puisqu’il en est ressorti qu’il fallait davantage investir dans le fluvial. Et, de fait, depuis deux ans, VNF voit ses moyens augmenter pour, entre autres, fiabiliser ses ouvrages, notamment sur les axes très importants pour la logistique du réseau à grand gabarit. En ce sens le gouvernement a bien répondu aux attentes de VNF d’augmenter les moyens et de répondre aux besoins de régénération de nos ouvrages », juge-t-il.

 

Le ton est moins enjoué côté transport routier où Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR (Fédération nationale des transports routiers), estime que sa branche n’a pas du tout été intégrée dans le Plan de relance « à part sur des aides pour l’acquisition de véhicules propres dont certaines technologies ne sont pas matures » et appelle le gouvernement à appréhender la chaîne logistique dans son ensemble : « Il faut faire preuve, comme les transporteurs et les logisticiens, de réalisme et de pragmatisme. On ne peut pas être seulement dans la communication… »

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