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Entrepôts

Cohabitation Hommes/Machines : Des enjeux clés de sécurité et d'ergonomie

Publié le 16 décembre 2015

L’automatisation et la robotisation des entrepôts exigent une analyse des périmètres d’action de deux acteurs interdépendants : l’homme et la machine. Pour arriver à une mise en place sans interruption de la production et sans risque d’accident, les ingénieurs et les éditeurs conçoivent et installent les machines et les programmes de sorte qu’ils puissent répondre aux exigences les plus strictes de sécurité, mais aussi aux questions d’ergonomie appliquées aux nouveaux environnements de travail.

1. Permutation des postes : « Le b.a.-ba du système »

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L’usure physique et la démotivation font parties des principales causes du turnover dans le secteur logistique. Pour limiter les TMS et la lassitude de la main-d’oeuvre, les chefs d’entreprises et les managers intègrent des roulements dans leur planning. Pour le professeur et ingénieur François Mondou, l’interversion des postes de travail est « le b.a.-ba du système. »

François Mondou, directeur général de la société d’ingénierie SDZ France et directeur du génie industriel du département ingénierie des infrastructures logistiques à l’École nationale des ponts et chaussées, considère que le roulement des postes dans les entrepôts logistiques est un élément indispensable à son bon fonctionnement. « Dans une entreprise ou un centre de distribution automatisé bien conçu c’est la première règle : faire en sorte que les opérateurs soient multipostes et multifonctions », explique-t-il. Des permutations qui sont facilitées notamment par les solutions goods-to-man, dans lesquelles les postes de préparation ou de pilotage ne requièrent pas de qualifications particulières. « L’ergonomie de nos systèmes est conçue pour que M. Tout-le-Monde puisse y travailler », déclare Jean-Marc Heilig, responsable commercial France de la société Witron, conceptrice et fabricante de systèmes clés en main de préparations automatisées de commandes et de logiciels de gestion d’entrepôt. Jean-Marc Heilig indique qu’en plus de permettre une permutation des postes, cette simplification de la formation et de la prise en main sur les systèmes d’automatisation permet d’effectuer simplement des embauches ou des requalifications : « Nous reprenons des préparateurs qui étaient dans d’autres entrepôts pour les mettre dans les nouveaux. Les plus qualifiés peuvent être repris dans nos équipes techniques. »

 

Ces opportunités de recrutement ou d’évolution de carrière s’expliquent soit par une démarche personnelle des patrons pour améliorer les conditions de travail, soit par la mutation naturelle de l’entrepôt et de son organisation interne, dans un contexte d’automatisation des processus. L’amélioration de l’ergonomie prend également source dans la recherche des entreprises d’optimiser leurs coûts, comme l’explique Pascal Darcheville, reponsable commercial du concepteur de systèmes de manutention et de stockage automatisés Vanderlande Industries France : « Quand vous devez augmenter votre productivité il n’y a pas 36 solutions. Si vous demandez à l’opérateur de faire plus il faut lui apporter de meilleures conditions de travail. Plus vous allez le mettre dans une position ergonomique idéale plus il va pouvoir travailler rapidement. »

 

Analyse ergonomique du travail

Le confort dans l’entrepôt logistique n’est plus une chimère. De la conception de suspensions anti-vibration d’un chariot à fourches à la fabrication de vitres isolantes pour un sas de supervision, chaque petit détail compte pour amoindrir voire supprimer les éléments nuisibles, à court ou long-terme, pour la santé, et augmenter la productivité des opérateurs. Pierre Marol, PDG du concepteur et intégrateur de systèmes automatisés de manutention et de stockage Alstef, explique que l’ensemble des acteurs du secteur logistique se sont engagés dans une démarche significative d’amélioration de l’environnement de travail : « L’ergonomie est un sujet qui, depuis quelques année, a pris plus d’importance avec la sensibilisation sur les TMS. Ce phénomène n’est pas totalement nouveau mais fait l’objet d’une meilleure prise en compte au niveau de la conception des projets et des postes de travail. »

 

Dans les années 80, la multiplication des bureaux d’études dans l’automobile, faisant écho au déploiement massif de la robotique industrielle sur les lignes de production, a accéléré de manière significative l’analyse ergonomique du travail, visant à étudier l’écosystème d’un poste dans le but d’en améliorer la sécurité et le confort. Et comme souvent, la logistique s’est inspirée d’une industrie automobile pionnière pour adapter ses recherches à ses processus. Alain Bussod, directeur du développement des ventes de Savoye Europe, division du groupe Legris spécialisée dans l’ingénierie, la conception et l’intégration de solutions et de services logistiques, explique ainsi que pour améliorer la conception de ses équipements, la division Savoye est passée par des cabinets spécialisés en ergonomie ayant travaillés dans l’automobile : « Nous avons fait tout un tas d’études sur l’ergonomie du poste de travail – regarder si les bras sont à bonne hauteur par rapport au coeur, regarder si les muscles sont en tension, limiter les rotations… – Tout ce qui est lié à de bonnes pratiques de l’ergonomie au poste de travail a été intégré, et cela fait désormais partie dès le départ du design dans la conception des produits. » Transfert de compétences et communication entre les deux secteurs aidant, les ingénieurs des groupes spécialisés dans la logistique font désormais appel à des bureaux d’études spécialisés sur leur secteur et développent des technologies adaptées aux besoins de leurs clients.

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