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Cohabitation Hommes/Machines : Des enjeux clés de sécurité et d'ergonomie

Publié le 16 décembre 2015

2. Réalité augmentée et cobotique : La technologie au service de l'humain

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Parmi les développements récents, parallèles à ceux de l’aérospatial, de l’aéronautique, de l’automobile et du jeu vidéo notamment, les projets de R&D en logistique font de plus en plus appel aux réalités virtuelles et augmentées pour améliorer la conception des postes de travail. La cobotique, domaine de recherche récent mais en pleine expansion, réfléchit quant à elle à l’assistance des opérateurs par des robots.

L’essor des réalités virtuelles et augmentées

Pour un de ses clients, Alstef a pu optimiser la conception du poste de travail en utilisant un logiciel de réalité augmentée. « Nous concevons le poste de travail en 3D. Un opérateur portant des lunettes de réalité augmentée mime les opérations de préparation de commandes et le logiciel calcule en temps réel ses coefficients d’efforts », explique Pierre Marol. La projection en 3D des activités permet d’avoir un aperçu, de par sa puissance immersive et les outils d’analyses précis qui peuvent y être liés, du fonctionnement concret d’un poste de travail et de pouvoir y apporter, sans coût d’installation supplémentaire, toutes sortes de modifications.

 

Les entreprises bénéficient pour leur simulation de l’essor des technologies de réalité virtuelle et de lunettes de réalité augmentée, dont la fabrication s’industrialise et le coût diminue. Car il faut bien distinguer la réalité virtuelle de la réalité augmentée : la réalité virtuelle est une projection fictive, alors que la réalité augmentée superpose des éléments virtuels dans un environnement réel. Les applications pour la logistique sont pour l’instant limitées ; des expérimentations de picking en réalité augmentée, où les lunettes ont vocation à remplacer le guidage vocal, les terminaux mobiles ou les scanners manuels, se développent aux États-Unis et en Europe, mais leur démocratisation n’est pas à l’ordre du jour. Pour cause, les lunettes sont pour l’instant trop lourdes et encombrantes, ce qui exclut leur utilisation sept à huit heures par jour.

 

Giovanni Guzzardi, chef de produit WMS chez l'éditeur de logiciels logistiques pour l’optimisation de la supply chain Acteos, compare le développement de la réalité augmentée à celui des systèmes de guidage vocal, qui avaient mis du temps à se déployer à cause des contraintes sécuritaires liées au casque isolant l’opérateur de son environnement de travail. « Avec la réalité augmentée, nous allons avoir des problématiques liées à la perturbation visuelle des opérateurs durant leurs déplacements. Mais je pense que comme le vocal, cette technologie fera son chemin en s’adaptant aux contraintes opérationnelles et sécuritaires », projette-t-il. En effet, les technologies de scan des codes-barres ne sont pas encore assez précises pour permettre de se passer de douchettes. Mais les appels à projets d’expérimentation se développent pour faire des lunettes de réalité augmentée le prochain allié de l’opérateur.

 

La cobotique au service de l’opérateur

La cobotique, domaine de recherche récent mais en pleine expansion, réfléchit à l’assistance des opérateurs par des robots et comprend de nombreux champs d’applications : réduction de la pénibilité, accroissement de la force physique, amélioration des capacités cognitives… Tous les pans de la cobotique répondent à la même question : comment le robot peut-il au mieux supporter l’humain dans son activité ? Dans Le Cobot, la coopération entre l’homme et la machine – article paru dans la revue scientifique Multitudes –, le physicien et ingénieur de recherche au CNRS Édouard Kleinpeter distingue le cobot du robot autonome : « Le cobot se différencie […] essentiellement du robot par son absence d’autonomie puisque, par définition, il ne peut pas fonctionner sans l’action d’un opérateur. » Un assistant qui ne peut pas arbitrer, mais qui apporte son aide dans les décisions prises.

 

Pour Jean-Christophe Henry, directeur général de l’éditeur de solutions WMS et WCS Infflux, l’apparition de la cobotique pourrait trouver des utilités dans la logistique, notamment pour lutter contre les TMS : « On voit qu’il y a déjà eu des tests au niveau de l’armée pour améliorer les capacités de l’homme, avec des structures qui vont leur permettre de courir plus vite, de porter plus de choses, etc. On peut très bien imaginer voir apparaître ces exosquelettes dans les entrepôts, dans l’optique de diminuer la pénibilité de certains postes. »

 

En février 2015, le ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique a lancé le concours national de robotique collaborative, pour récompenser les développements avancés de robots-assistants, favoriser la recherche dans le domaine et encourager entrepreneurs, chercheurs (ou même particuliers, si inscrits dans le cadre d’une entreprise individuelle ou d’un consortium) français à partager leur découverte. Trois gagnants se sont ainsi vu remettre chacun 60 000 euros par le jury, composé entre autres de professionnels de la robotique et de personnalités de l’industrie. Une démarche de l’État en faveur de l’innovation qui augure d’une démocratisation des cobots dans les années à venir et pourquoi pas, leur développement dans les entrepôts.

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