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Emploi/RH

La formation et l'alternance comme portes d'entrée

Publié le 14 avril 2022
SOMMAIRE

Dans un contexte de recrutement, les organismes de formation travaillent leur attractivité en proposant des formations très ancrées dans les réalités du secteur. Avec une montée en puissance de l’alternance.

« Notre secteur a la chance de s’être organisé très tôt sur le sujet de la formation, ce qui lui permet aujourd’hui d’avoir une offre efficace et large », déclare Valérie Dequen, déléguée générale de l’AFT. Un constat partagé par les professionnels, qui se félicitent de la diversité de cursus, d’écoles et d’entités existantes pour répondre aux besoins de la supply chain. Et dans une période de pénurie de main-d’oeuvre, ces formations peuvent mettre en avant leur capacité à être des portes d’entrée pour des jeunes talents vers des emplois stables. « Nous ne nous voyons pas seulement comme un centre de formation, mais aussi comme un système de mise en relation entre un besoin sociétal et un candidat. Nous nous chargeons, en amont de nos parcours, de les pré-sélectionner, et si ce test d’entrée est réussi, avec un peu de travail, c’est une embauche à la clé », résume Peter Guillon, président du groupe Promotrans.

 

Ces cursus peuvent donc être de vraies promesses d’accès à l’emploi. « La tension est telle sur l’ensemble des métiers du secteur que beaucoup de nos étudiants sont placés avant même d’avoir terminé leurs formations », note Marie-Laure Furgala, directrice de l’Isli de Kedge Business School. Des parcours plus modernes, offrant plus de variété et misant sur une digitalisation des contenus, boostée par la crise sanitaire qui a démocratisé les cours en distanciel ou en e-learning. « Nous renforçons les contenus liés à la digitalisation des métiers dans nos formations, et cela se traduit également dans les modalités de nos cursus, avec de nouveaux outils. La crise sanitaire nous a obligés à changer nos habitudes. Si les métiers étaient basés sur beaucoup de pratique, il existait peu de cours à distance. Désormais, les entreprises ont vu l’intérêt d’offrir plus de souplesse à la formation, en mixant présentiel et distanciel », explique Loïc Charbonnier, président délégué général de l’Aftral.

 

La montée en puissance de l’alternance

La grande nouveauté pour les formations dans le secteur s’illustre par la montée en puissance de l’alternance. En 2021, 8 300 apprentis ont été recrutés, un nombre qui a doublé en l’espace de trois ans. « L’apprentissage est la voie royale vers l’insertion professionnelle et la réussite. Rien de mieux que de permettre à nos jeunes de travailler en partie en entreprise tout en suivant des cours techniques afin d’être totalement opérationnels quand leurs formations sont terminées. Cela permet de rentrer dans l’entreprise et de la démystifier », résume Valérie Dequen. Un dynamisme lancé par la réforme de l’apprentissage en 2018, qui a permis de développer ce type de formation partout en France, la masse d’apprentis dans le pays passant de 400 000 à 700 000 en 2021. Et le monde du transport affiche un beau dynamisme dans ce domaine, avec de plus en plus d’entreprises y faisant appel. « Les jeunes vont privilégier ces cursus dans leurs choix d’orientation, car ils permettent d’assurer une entrée directe dans la vie active, en leur donnant les codes de l’entreprise, de la vie professionnelle, et en bénéficiant d’une rémunération », note Olivier Weitig, président de l’AETL.

 

Une tendance de fond qui permet à la France de rejoindre des pays comme l’Allemagne ou la Suisse, très avancés sur le sujet, et qui promet encore de belles évolutions dans les années à venir. « Nous avons plus de 3 400 apprentis dans les filières logistiques, soit 42 % de nos effectifs, avec une évolution importante ces trois dernières années », souligne Pierre de Surône, directeur exécutif de Promotrans. C’est suite à la réforme sur la formation professionnelle en 2018 que les Opco (opérateurs de compétences) ont été créés, parmi lesquels l’Opco Mobilités, réunissant en son sein le transport de marchandises et les services à l’automobile, qui représentent 80 % de ses effectifs, ainsi que 22 branches pour des métiers variés : transport urbain et interurbain, manutention portuaire, agences de voyage, distributeurs de boissons, etc. « L’Opco Mobilités participe au financement des formations professionnelles dans les entreprises, ainsi que des contrats d’apprentissage. Nous sommes au cœur des branches, et nous travaillons en lien avec les organismes de formation telles que l’Aftral ou Promotrans. L’apprentissage est un outil d’insertion et de carrière, pas une voie de garage, car elle aiguille vers de vraies professions. Pour amener des jeunes vers ces formations, particulièrement ceux en situation de décrochage scolaire, il faudrait que les systèmes éducatifs laissent plus la main aux organisations professionnelles afin de présenter ces voies alternatives », juge Jean-Louis Vincent, président d’Opco Mobilités. En 2021, ce sont près de 14 000 contrats d’apprentissages et plus de 3 000 contrats de professionnalisation qui ont été signés via l’Opco, pour un financement global de plus de 209 millions d’euros. « Il s’agit maintenant de savoir si ce mouvement vers l’alternance est vraiment rentré dans les moeurs ou s’il est juste un effet d’opportunité lié aux financements actuels ».

 

Les logisticiens se sont en tout cas emparés du format. Sur les 1 000 recrutements visés par ID Logistics en 2022, 200 seront des postes en alternance, soit le double de 2021. Des contrats qui permettent de « mettre en avant notre vocation pour la rendre visible aux jeunes générations, afin de montrer que la supply chain est un métier d’avenir centré sur l’innovation », selon Renaud Bouet, DRH France d’ID Logistics. Il souligne que 50 % des alternants restent en CDI à l’issue de leurs contrats, qu’il s’agisse de l’apprentissage, de la professionnalisation, ou encore du volontariat international en entreprise (VIE). Chez XPO, 150 postes en alternance ont été ouverts pour la rentrée 2022, avec des parcours professionnalisants au sein des sites du logisticien. Un format qui fonctionne : les jeunes en alternance affichent des taux d’emploi à six mois dépassant les 90 % selon l’Union TLF.

 

Des pépinières pour attirer les talents

Autre visage des efforts des professionnels pour capter les nouveaux talents, des projets de pépinières et d’académies, montées en compagnie des entreprises, pour une formation adaptée aux besoins de leur activité. « Cela ne se faisait pas trop par le passé, mais apparait de plus en plus », note Peter Guillon. L’Aftral a récemment lancé une école pour les conducteurs routiers avec Stef, ou a collaboré avec ID Logistics sur des formations vers des fonctions d’encadrement (chefs de quais à responsables d’exploitation). « Avec Geodis, nous travaillons sur un projet de pépinière pour lancer un diplôme au niveau bac +2 ou 3, dont les contenus seront adaptés de manière à se rapprocher de l’activité du logisticien et de ses spécificités, en donnant la parole aux professionnels », explique Loïc Charbonnier, président délégué général de l’Aftral. Un moyen pour la formation d’avoir déjà un pied dans l’entreprise, avec une approche collaborative : « Ce n’est pas parce qu’on crée une formation adaptée, avec des exemples basés sur la réalité d’une entreprise, qu’on la dévalue. Au contraire, on lui donne du concret. En améliorant la préparation de l’élève vers son futur métier, on facilite la prise de fonction tout en créant un sentiment d’appartenance. Il n’y a pas de rupture entre la formation et l’entreprise », estime Loïc Charbonnier.

 

Ce lien entre écoles et acteurs privés se retrouve également dans les cursus supérieurs. Marie-Laure Furgala, directrice de l’Isli, évoque des entreprises peinant à répondre à des appels d’offres. L’occasion de lancer des challenges, où les étudiants sont amenés à réfléchir à des cas concrets. « Pour les sociétés, c’est un moyen de se faire connaître, et pour les étudiants de travailler sur des cas pratiques et de découvrir un secteur ou un type de métier ». Dans ce sens, les formations adaptent aussi leurs contenus pour répondre aux besoins des professionnels, en développant de nouvelles options. « Il est crucial de sensibiliser les jeunes talents à des environnements différents, à travers des témoignages et des conférences, particulièrement pour ceux en dernière année, proches du monde du travail. Plus généralement, nous nous adaptons aux référentiels de compétences du secteur, et nous formons nos étudiants à l’intelligence émotionnelle, à l’inclusion et au management ».

 

 

> Retrouvez ici l'intégralité des articles du dossier Sous tension, la logistique cultive son attractivité.

Focus

Donner la parole aux apprentis

Qui de mieux qu’un apprenti pour donner envie aux nouvelles générations de rejoindre le monde de la supply chain ? Les initiatives se multiplient pour donner la parole aux jeunes, afin qu’ils présentent, avec leur regard, les métiers du secteur dans le cadre de leur formation. Parmi ces actions, on peut retenir récemment la participation du secteur à Apprentiscène, évènement annuel où des jeunes de toutes les branches professionnelles viennent présenter sur scène leurs métiers avec des petites saynètes. L’an passé, après une étape de sélection au sein de la branche, deux troupes ont pu participer à la finale multi-métiers. L’un des groupes, issu du campus Promotrans de Lille, a d’ailleurs été récompensé du prix du public face à 15 autres concurrents. « C’est un bel évènement qui met en valeur l’apprentissage et la branche professionnelle », note Valérie Dequen, déléguée générale de l’AFT. Autre action, un concours intitulé « Je filme ma formation », qui propose à des jeunes de 14 à 25 ans de réaliser un court film de trois minutes à propos du métier pour lequel ils sont formés. Ceux-ci sont ensuite présentés à un jury et une remise de prix aura lieu au cinéma le Grand Rex de Paris en juin prochain, aux côtés d’autres secteurs d’activité. L’occasion de faire partager la diversité des formations, et d’encourager l’engagement des jeunes dans le cadre de leur projet professionnel.

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