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Innovation

Les avancées technologiques de l'entrepôt connecté

Publié le 11 janvier 2018

4.0, connecté, digital, futuriste… Les désignations pour décrire les dernières évolutions de l’entrepôt n’en finissent plus de fleurir. Si les avis divergent parfois sur la juste appellation à employer, les faits sont là : ces dernières années, ses facultés à communiquer se sont démultipliées et devraient – avec l’avènement de nouvelles technologies en phase d’expérimentation sur le marché – encore croître considérablement.   Robotique, drones, applications, WMS : Voxlog décrypte les nouvelles transformations digitales auprès des acteurs, nouveaux et historiques, du secteur. Un dossier réalisé par Laurène Matzeu de Vialar et Émilien Villeroy.

1. La digitalisation de l'entrepôt est en marche

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Partout, on parle de transformation digitale : au sein des entreprises, en une des médias, en France et dans le monde entier, elle agite les esprits et secoue les organisations. Dans la supply chain aussi, cette dernière a fait son entrée. Nombre d’acteurs du secteur, éditeurs, logisticiens ou cabinets de conseil rencontrent des clients désireux de digitaliser leur supply chain. Mais que cela signifie-t-il véritablement ?

« Beaucoup de personnes me demandent ce qu’est le digital. Ce mot est, comme tout nouveau terme, utilisé dans tous les sens. La digitalisation consiste tout simplement en un ensemble de solutions permettant de distribuer l’information et de créer un lien entre toutes les organisations informatisées. On a utilisé des systèmes informatiques pour faire de la transitique, et de la mécanisation pour effectuer les process dans le bon ordre. La digitalisation a ensuite permis d’établir une communication entre tous ces usages », synthétise Jean-Pierre Gautier, directeur du pôle métier d’Acsep. Quoiqu’il en soit, derrière cette expression, pointe une réalité. Au cœur même des opérations, depuis de nombreuses années et davantage encore aujourd’hui, les systèmes, les outils et tous les acteurs d’une même supply chain se connectent et communiquent. C’est ainsi que l’entrepôt, maillon essentiel de la supply chain, s’est dressé à un niveau supérieur, devenant intelligent et collaboratif. Pourquoi ? Tout simplement pour servir l’e-commerce et suivre le jeu des marketplaces comme Amazon, désormais maître incontesté du commerce électronique.  

 

La data, clé pour une meilleure connectivité

Cette multitude de terminologies employées pour désigner l’entrepôt tel qu’il est aujourd’hui convergent toutes vers une idée principale : celle d’un espace logistique qui, au fur et à mesure des années, s’est employé à générer et consommer de plus en plus de données en connectant les systèmes entre eux de façon ouverte et collaborative dans le but d’optimiser sa performance et d’apporter plus de services à un consommateur dont l’exigence n’a cessé de croître. « L’entrepôt connecté est chapeauté par une architecture informatique extrêmement puissante et ouverte qui va lui permettre de gérer à la fois sa propre base de données mais aussi, en open source, une base d’échanges et de transferts de données ouverte et accessible à l’ensemble de prestataires et/ou des clients. Il est piloté par un empilage de logiciels ou de solutions progicielles qui permet à la fois traçabilité et réactivité », précise François Mondou, directeur général de la société d’ingénierie SDZ Processrea. Et grâce à l’évolution des technologies, ce principe de connectivité est aujourd’hui rendu plus actif.

 

Du code à barres, l’entrepôt est passé à des moyens de lecture comme le QR Code, la RFID et le tag bluetooth permettant ainsi de synchroniser la communication des écosystèmes (flux d’information et flux physiques) et d’établir une compatibilité des systèmes d’échange des données. Et c’est ainsi que cette fameuse data, autrefois papier puis dématérialisée, a pris toute son importance : « Aujourd’hui, la génération et l’utilisation de données ne sont plus réservées aux serveurs. On descend vers des matériels plus petits, comme les terminaux portables ou les smartphones et arrivons à une évolution majeure, celle de l’internet des objets. Bientôt, le moindre composant électronique sera capable d’utiliser et de générer de la donnée en temps réel. Et cette dernière sera exploitée par d’autres systèmes pour véritablement digitaliser l’activité de l’entrepôt », détaille Bertrand Faure, directeur commercial chez Fives.  

 

Accroître la puissance des outils existants

Ainsi, si des outils propres à l’entrepôt tels que le WMS et le WCS ont permis de remonter de la donnée, désormais celle d’autres systèmes peut être utilisée dans ces WMS et WCS, optimisant ainsi l’efficacité des logiciels. Concrètement, cela signifie que sur une installation de préparation de commandes, il sera par exemple possible de piloter beaucoup plus finement le lancement de ces dernières. Les données ne concerneront pas seulement le nombre de colis en cours, mais aussi la vitesse à laquelle tourne chaque convoyeur et le poids des colis transportés par chaque élément de convoyage. En traitant ces données en temps réel et de façon intelligente, l’entrepôt sera alors capable d’adapter le lancement des commandes pour avoir la meilleure fluidité possible. « Aujourd’hui, on a davantage confiance en un chariot élévateur parce que l’on sait que, grâce au digital, on recevra un message pour connaître le niveau de charge de sa batterie. De la même façon, pour les sites mécanisés, il n’est plus nécessaire d’avoir des consoles de surveillance car le pilote reçoit les alertes sur son téléphone », ajoute Jean-Pierre Gautier.  

 

De la même façon, si l’on retrouve classiquement dans un entrepôt automatisé un ERP qui reçoit des commandes et un WMS qui assigne les missions au WCS, désormais si l’on veut se connecter avec l’extérieur, rendre son entrepôt capable d’échanger avec un réseau de fournisseurs et des clients, « il va falloir se doter d’applications qui vont permettre de se connecter et d’échanger un langage compréhensible entre le smartphone et l’ERP. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’Amazon a développé sa propre solution IoT », note François Mondou, directeur général de la société d’ingénierie SDZ Processrea.  

 

IoT et intelligence artificielle sur le devant de la scène

Tous s’accordent d’ailleurs sur le sujet : l’IoT, la généralisation des réseaux de gestion d’information ainsi que l’intelligence artificielle (IA) et avec elle le machine learning apporteront sans doute beaucoup à l’entrepôt. Grâce à la capacité des algorithmes à apprendre eux-mêmes et de s’enrichir des données soumises, l’entrepôt réalisera davantage de prévisionnel et de prédictif. Selon Ludovic Lamaud, DGA développement et innovation chez ID Logistics, « Nous n’en sommes qu’au début de l’exploration de tout ce qui est prédictif, data mining et data intelligence associée. Je crois également beaucoup au beacon (petit boîtier capteur, ndlr). Aujourd’hui, pour valider un chargement, on s’appuie sur le voice picking ou la radiofréquence. Demain quand ces objets connectés seront sur un quai, une porte ou un chariot de préparation et qu’ils se rapprocheront, nous serons capables de dire que la bonne palette a été placée dans le bon camion. Chez ID Logistics, nous travaillons actuellement sur un projet autour de ce sujet », dévoile-t-il.

 

Avec l’IA, un système comme le WCS pourra aussi, en fonction des commandes reçues, reconnaître la configuration d’un portefeuille de commandes déjà effectué auparavant. Il pourra alors prédéterminer la meilleure configuration possible et lancer ces commandes dans un ordre optimisé grâce à ce que le système aura appris précédemment. « Cette brique de l’IA va permettre à nos systèmes d’être de plus en plus intelligents », développe Bertrand Faure. À cela s’ajoute également le technologie blockchain et ses perspectives de fiabilité et de sécurité autour de l’échange de données. Des sujets pris en compte par les acteurs du secteur qui se posent la question de l’analytique : « Chez Zebra, nous y travaillons déjà. Nous remontons un maximum d’informations au travers de nos terminaux, des capteurs, des tags Bluetooth, RFID… Tout cela arrive vers un serveur analytique capable d’interpréter, de regrouper et d’envoyer les données vers une application métier chargée de générer des rapports pour un client donné », détaille Philippe Nault, senior sales engineering manager, chez Zebra France.

 

Pas de révolution, mais des évolutions à venir

Cette relation vertueuse entre les technologies et les différents flux en entrepôt, rendue possible grâce à la démocratisation de chacun d’entre eux, ne devrait donc pas s’arrêter là. Le monde industriel a incorporé la technologie. Plutôt qu’une révolution, la majorité des acteurs du secteur évoquent des évolutions qui se mesureront sans doute véritablement dans les années à venir. « Nous n’en sommes qu’au début. La technologie évolue vite, il y a donc encore plein de sources d’exploration. L’évolution va être assez rupturiste. Tout doit être relié sinon l’intérêt de cette connexion de l’ensemble des composantes de l’entrepôt devient limité. Au moment où cela atteindra une pleine maturité, nous pourrons réellement observer une transformation radicale », conclut Ludovic Lamaud. 

Focus

L’API d’ID Logistics

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L’été dernier, ID Logistics lançait pour la deuxième année consécutive un « Appel à projets innovants » autour de deux thèmes : le Smart entrepôt et la Digitalisation de la supply chain. Au travers de cette initiative, le groupe entendait encourager la conception de projets incluant la mise en place d’une solution novatrice pour la logistique « visant à transformer le fonctionnement des plateformes dédiées et à définir le smart entrepôt, via l’amélioration de l’expérience de travail des opérateurs, la simplification de la gestion de l’entrepôt ou encore la définition d’un entrepôt 4.0 ». Il visait également la mise en place, dans le cadre de la digitalisation de la supply chain, « d’une solution de création, d’analyse et/ou d’exploitation de données pertinentes permettant la création de modèles prédictifs, l’ouverture à des écosystèmes proches de l’entrepôt ou encore l’amélioration des connexions entre les différents maillons de la supply chain ». À l’issue de la réception des candidatures, un jury – composé de la direction d’ID Logistics, de responsables supply chain et innovation de grands clients et d’intervenants extérieurs – a évalué et sélectionné les participants. « Sur une longue liste de 56 dossiers de très haute qualité, nous avons sélectionné six projets actuellement en POC dans nos entrepôts », détaille Ludovic Lamaud, DGA développement et innovation chez ID Logistics. Le 7 novembre dernier, ID Logistics a finalement dévoilé le nom des trois start-up ayant remporté l’Appel à projets innovants : Livejourney, E-dentic et Cosling.

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