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Pièces détachées et de rechange : les enjeux d'une logistique stratégique

Publié le 26 septembre 2019

L’ombre du e-commerce plane sur la logistique des pièces détachées. Automobile, aéronautique, high-tech ou biens de grande consommation, les bonnes pratiques en matière de prévision, gestion des stocks et livraison se diffusent d’un secteur à un autre. En pleine évolution, la gestion des pièces détachées et de rechange se transforme pour répondre à la diversité des besoins de ses clients.

1. Six enjeux majeurs pour répondre à la diversité des besoins

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1. UNE GESTION DES STOCKS REPENSÉE

Aujourd’hui, de par sa complexité, sa diversité et ses zones géographiques, la logistique des pièces détachées engendre de forts enjeux sur les stocks. Auparavant disséminées sur le territoire, les zones d’entreposage de pièces détachées se centralisent en un seul point pour réduire les stocks et trouver le juste équilibre entre valeur de stock et service rendu au client : « L’e-commerce a permis de réaliser de tels progrès en matière de rapidité de livraison et de maillage de territoire, que la distribution de pièces détachées est aujourd’hui très différente et plus performante qu’auparavant. En logistique, plus on a de stock, plus on multiplie le risque de ruptures et les problèmes. Mieux vaut donc avoir un seul stock avec une excellente gestion et un maillage important derrière », introduit Éric Sarrat, président de GT Logistics. Généralement pourvoyeuse d’un large panel de références de pièces à faible ou moyenne rotation et susceptible d’évoluer dans un contexte de supply chain mondiales, la logistique des pièces détachées pousse les industriels et les distributeurs à se questionner sur le déploiement optimal des stocks. « Par exemple, l’automobile est organisée de façon très segmentée avec une multitude d’acteurs : entrepôts centraux, régionaux, locaux des constructeurs, stocks chez les concessionnaires, garages, distributeurs… La problématique consiste à maintenir un produit sans disposer beaucoup de stock chez son client et avec souvent des centaines de milliers de références en central. Il convient donc de choisir les bonnes pièces et de les mettre au bon endroit pour se positionner au plus proche des points d’intervention », estime Antoine Bernard, directeur général délégué de Citwell, cabinet de conseil en SCM.

 

Pour répondre à cette problématique, les prestataires logistiques s’appuient sur leurs expertises mais également sur le développement d’outils IT : « Nous mettons en place des algorithmes en fonction de la consommation des pièces, des besoins… », précise Charles Duchêne, Head of Aerospace & Defence EMEA chez DB Schenker. « Dans l’aéronautique par exemple, nous travaillons sur l’expérience client à bord de l’avion, un aspect différenciant pour les compagnies aériennes. Tous les éléments de consommation, le matériel à bord représentent autant de pièces sur lesquelles des algorithmes de forecasting ont pu être développés. Nous sommes en mesure de connaitre la consommation d’une ligne et son niveau de réapprovisionnement par la data », détaille Patrick Boy, corporate V.P, global Head of VM Aerospace/ Marine & Defense chez DB Schenker.  

 

2. UNE PRÉPARATION DE COMMANDES PLUS FINE ET PLUS RAPIDE

Ces dernières années, les industriels affichent une réelle volonté de réorganiser leur logistique de pièces détachées. Quel que soit le modèle choisi et les secteurs d’activités adressés, de nombreuses contraintes entourent cette logistique. « Nous sommes amenés à gérer des process et types de stockage différents : des tours pour les produits de petites tailles et de faibles rotations ou des étagères au sol ou en mezzanines », précise Hervé Armaganian, customer development manager chez Rhenus France. « La disponibilité de la pièce est devenue plus importante que le regroupement de commandes. Il n’est pas rare de voir plusieurs petites commandes se juxtaposer. Nous avons donc mis en place un système de détrompage pour éviter les erreurs, et effectuons un contrôle pondéral pour vérifier que nous livrons bien la bonne pièce, dans le bon colis et à la bonne adresse. Il faut être le plus rapide possible, le tout avec un taux d’erreur équivalent à zéro », affirme Éric Sarrat. À cela s’ajoute des plages horaires de préparation élargies : « Via l’optimisation logistique des pièces détachées, les clients cherchent à obtenir un avantage concurrentiel important : prendre les commandes le plus tard possible sur des plages horaires étendues jusqu’à 11h par exemple, et livrer les centres de réparation en début d’après-midi », détaille Denis Rochette, ingénieur commercial chez Savoye.  

 

3. DES DÉLAIS DE LIVRAISON RACCOURCIS

Comme dans l'e-commerce, sur la gestion des pièces détachées, réactivité et raccourcissement des délais de livraison sont les maîtres-mots. « Les prestataires logistiques développent des solutions intelligentes pour livrer plus rapidement les techniciens de maintenance directement chez eux, en point relais ou dans leur coffre afin qu’ils aient à leur disposition un petit stock de rotation de pièces », introduit Antoine Bernard. « Aujourd’hui, si un utilisateur rencontre un problème, on lui envoie un technicien, il identifie la panne et commande ensuite la pièce nécessaire à la réparation. Cette dernière peut être disponible en 24h ou 48h. Demain, on imagine d’autres systèmes : un utilisateur appelle son SAV pour une panne. Ses origines éventuelles sont diagnostiquées en ligne. Les pièces correspondantes sont préparées et directement fournies au technicien afin qu’il puisse réparer la panne en une seule intervention. Cela implique un process logistique différent de ce qui se pratique aujourd’hui. En tant que logisticien, nous prévoyons trois ou quatre pièces possibles et non plus une. En amont, il faut assurer la gestion retour des pièces, qui sont contrôlées et remises en stock. Nous gérons également la réparation, le recyclage et la revalorisation de la pièce usagée selon les réglementations et les normes en vigueur », explique Hervé Armaganian. Ainsi, les prestataires logistiques doivent répondre à ces nouveaux besoins pour faciliter tous les maillons de la chaîne de la pièce détachée. « En ce moment, la livraison en consignes est très tendance dans l’e-commerce. On pourrait imaginer de livrer les pièces détachées dans une consigne proche du domicile ou du lieu d’intervention d’un technicien. Nous travaillons sur le sujet et effectuons des tests finaux d’implantation. Le client disposerait ainsi de tout un panel de services pour orienter la livraison », poursuit Hervé Armaganian.  

 

4. UNE GESTION DES RETOURS QUI PREND DE L’IMPORTANCE

« Lorsque des produits sont démontés, des pièces sont jetées, d’autres sont réparables et retournées dans des centres de services. Certains prestataires proposent donc des contrats globaux pour livrer les techniciens de maintenance et récupérer les pièces selon une fréquence donnée. Elles seront alors inspectées avant de déterminer quel circuit leur faire prendre. La gestion des retours est un process complexe et technique qui nécessite une forte vigilance et une connaissance produit », entame Antoine Bernard. Un point de vue partagé par Denis Rochette, pour qui la gestion des retours demande « de mettre en place une logistique dédiée puisque le consommateur qui renvoie ses produits doit être remboursé rapidement tandis que les pièces doivent être contrôlées et reconditionnées pour être remises en stock. Il faut aller vite ». Pour aller vite justement, la gestion de l’information s’avère primordiale et doit être supportée par des systèmes d’information puissants, capables de fournir des données en matière de traçabilité. Sur le sujet, GT Logistics a notamment développé l’outil Follow GT qui lui permet d’offrir à ses clients « un suivi plus fin, performant et détaillé de la logistique de leurs pièces de rechange », assure Éric Sarrat. Traité de façon aussi efficace que l’envoi initial « car il n’est autre que le prochain envoi », le retour donne lieu parallèlement à de nouvelles activités logistiques comme le reconditionnement en entrepôt et l’utilisation de point relais comme l’explique Hervé Armaganian : « Le technicien remet, dans le même carton, les pièces non utilisées et défectueuses en point relais ou en consignes pour organiser le circuit retour, de la même manière qu’il réceptionne les pièces », conclut-il.

 

5. UNE MEILLEURE MAINTENANCE PRÉDICTIVE GRÂCE À L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Désormais, les acteurs du secteur disposent de plus en plus d’équipements connectés permettant d’obtenir des signaux et des données sur le taux d’utilisation des pièces. Des moyens leur permettant de réaliser davantage d’analyses et d’actions préventives au détriment du curatif. En comprenant le bon fonctionnement d’un équipement, ils affinent ainsi leurs opérations de maintenance et déploient leur stock de façon plus juste afin de mieux planifier les livraisons : « Il est nécessaire de bien connaitre son matériel son évolution et de disposer d’excellentes bases de données. La plupart des acteurs possèdent des outils en propre pour gérer ces dernières. Néanmoins, le travail d’analyse se base encore beaucoup sur des historiques et des moyennes de consommation de pièces », analyse Antoine Bernard. « L’IA va permettre de brasser des signaux très faibles – non visibles par le biais d’outils classiques de prévision/ planification – et d’obtenir des corrélations mettant en lumière des besoins plus fins en termes de maintenance prédictive et de consommation des pièces », poursuit Antoine Bernard. Mieux approcher le déploiement et le positionnement du stock, analyser les pannes et réaliser davantage de préventif et moins de curatif, figurent parmi les bienfaits de la technologie. Lors d’une conférence commune, le cabinet de conseil en SCM Citwell et la start-up Apollo Plus qui travaille sur le développement d’applicatifs en IA, ont évoqué le cas de l’enseigne Norauto. Cette dernière, au travers de la solution prédictive d’aide à l’optimisation et à la décision d’Apollo Plus et d’une analyse fine d’un certain nombre de données, est par exemple parvenue à définir l’assortiment idéal d’un type de magasins.

 

6. L’IMPRESSION 3D, UNE ALTERNATIVE ÉTUDIÉE DE PRÈS

Sur le devant de la scène depuis quelques années, (notamment en 2016 avec le lancement de tests sur certaines pièces plastiques par la marque d’électroménager SEB pour lutter contre l'obsolescence programmée), l'impression 3D intéresse les industriels sur la question de la pièce détachée. « La création de nouveaux produits augmente le besoin en pièces détachées. Plutôt que d’avoir un stock croissant de pièces, certains clients réfléchissent à les fabriquer à la demande. Cela augmente un peu le délai de livraison mais évite un coût de stockage important. Il convient donc de bien identifier quelles pièces sont éligibles à ce type de process », entame Hervé Armaganian. Car si la technologie trouve son intérêt sur des équipements plus anciens dont la production a cessé mais qui restent encore utilisés, elle ne peut évidemment pas concerner toutes les pièces : « Il s’agit d’une réponse commerciale sur des pièces à très faible débit. La question mérite d’être posée, mais je reste prudent sur la notion de certification, notamment dans le domaine aéronautique. Cela nécessite des procédures très strictes de la part du fabricant, sur de très faibles rotations », soutient Éric Sarrat.

 

Un avis partagé par Charles Duchêne chez DB Schenker : « Dans l’aéronautique, la plupart des pièces doivent être certifiées. Pour être imprimées en 3D, elles doivent donc être considérées sans fonction vitale à bord ». Le prestataire s’intéresse également au sujet et a justement créé il y a quelques mois une business unit dédiée. DB Schenker est ainsi en mesure d’offrir cette technologie à des industriels : « Dans certains trains anciens, des éléments du parc sont à renouveler. Exemple ? Des porte-manteaux. Pour les remplacer à un coût raisonnable, il faudrait les commander par milliers alors que le besoin ne concerne qu’une centaine d’éléments. De plus, certains fabricants ont pu disparaître. L’impression 3D est donc une solution », illustre Charles Duchêne. Belle alternative en termes de maintenance curative, l’impression 3D n’est donc pas applicable à tous types de pièces, et afin de l’utiliser au mieux, une analyse de criticité de la pièce devra être réalisée.

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