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et logistique

Transport

Nantes repense ses flux avec un appel à projets

Publié le 10 octobre 2019

3. [Interview] Florent Yann Lardic, PDG d'Urby Nantes

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Lancé en 2017, Urby est un réseau français dédié à la logistique urbaine des grandes métropoles qui s’appuie sur la mutualisation des flux via des regroupements de logisticiens et d’acteurs locaux. Un concept porté par le Groupe La Poste, déjà implanté dans huit villes françaises et prochainement du côté de Nantes, où il a été distingué dans le cadre de l’appel à projets Flux.

Pouvez-vous présenter le concept Urby ?

Urby adresse la problématique des flux en centre-ville via la mutualisation des marchandises en un point unique, situé près du coeur des métropoles, puis leur livraison grâce à des véhicules à faibles émissions. Au-delà de la mutualisation des moyens, déjà effective dans le secteur du transport, Urby permet de joindre des flux de natures différentes dans des mêmes trajets. C’est une offre sans subventions, ce qui implique donc de trouver un équilibre économique, assez complexe dans le cadre de tournées décarbonées comme celles que nous proposons. La rentabilité est rendue possible par cette concentration de flux d’origines diverses.

 

À quels types d’acteurs vous adressez-vous ?

Tout d’abord aux acteurs du transport et de la messagerie qui perdent du temps à livrer les coeurs de ville et à qui nous proposons de prendre en charge le dernier kilomètre, le coût de rupture de charge étant compensée par les économies réalisées par la mutualisation. Ensuite, les commerçants, artisans et professionnels qui travaillent en centre-ville. Nous leur proposons de la livraison décarbonée, toute la journée, en magasin, sur rendez-vous et pourquoi pas demain en parking relais. Nous cherchons à inventer de nouveaux services pour conforter l’attractivité du commerce de centre-ville, alors que ce type de zones va connaître un durcissement des réglementations d’accès dans les années à venir. La troisième cible concerne toute l’activité évènementielle (salons, évènements sportifs…) pour laquelle nous pouvons offrir, en plus de la livraison, du stockage tampon et déporté, faisant d’Urby un service à part entière de logistique.

 

Qu’est-ce qui vous différencie sur le marché ?

Nous ne sommes pas concurrents des secteurs et métiers déjà existants de la logistique et du transport. Nous n’allons pas relier les grandes métropoles entre elles, nous nous spécialisons entièrement sur le coeur des métropoles. Urby n’a également pas vocation à réaliser les livraisons en propre mais s’appuie sur un tissu de sous-traitants, principalement des acteurs locaux tels que les coursiers à vélo. C’est une solution agile et intégratrice qui permet à des acteurs isolés d’accéder à certains marchés. Plutôt que d’aspirer des emplois et de vampiriser les petits acteurs du transport urbain, Urby se présente comme apporteur de flux et créateur d’emplois pour tout ce tissu d’acteurs innovants, aujourd’hui éclatés. À Nantes par exemple, nous allons transformer quatre emplois d’auto-entrepreneurs en salariés chez un de nos sous-traitants à l’occasion du lancement du projet Urby.

 

Où en est le développement du réseau Urby en France ?

Le modèle Urby a été prototypé à Grenoble à partir de 2017, et huit villes l’utilisent déjà. Nantes sera la neuvième installation en France. Viendront également de futures implantations à Rennes et Metz-Nancy à l’automne, puis Aix-Marseille, Strasbourg et Nice. Notre stratégie consiste à nous implanter dans les 22 métropoles françaises d’ici 2021. Mais nous voyons plus loin, avec des rayonnements sur plusieurs villes. Ainsi, à moyen terme, le développement d’Urby Nantes sur Angers est envisagé. De manière générale, toutes les villes où un besoin s’exprimera pourront être le lieu de développement de notre réseau.

 

Où en est le projet nantais ?

Cela fait un an et demi que le Groupe La Poste travaille en consortium avec SCE Groupe Keran et Idea pour préparer l’arrivée d’Urby à Nantes. Ces entreprises ont une connaissance des flux, des besoins, des logiques foncières et expriment un intérêt fort pour le territoire. Cela correspond parfaitement à nos ambitions : nous sommes sur un projet économique mais aussi d’intérêt général. L’appel à projets Flux, lancé par la métropole et dont Urby est lauréat, a servi de catalyseur à la coopération avec d’autres acteurs locaux de la logistique urbaine pour élargir notre champ de partenaires. Mais si elle est facilitatrice, la Métropole n’intervient pas dans l’équilibrage économique.

 

Quelles sont les prochaines étapes pour Urby Nantes ?

Nous allons tout d’abord lancer un centre de distribution et de mutualisation (CDM) qui sera situé au nord-est de la métropole, à Sainte-Luce-sur-Loire (44). Sa surface sera de 1 400 m2, et il ouvrira à la fin de l’automne 2019, permettant d’accueillir et de mutualiser les flux entrants : gros colis, palettes, etc. Nous allons ensuite installer un espace de logistique urbaine d’ici 2020, sans doute sur l’Île de Nantes. D’environ 200 m2, il servira de site de stockage déporté et de lieu de services à valeur ajoutée pour les professionnels du centre-ville (livraison sur rendez-vous, ramasse, collecte, réassort, etc.).

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