Remis le 16 septembre 2019 au Premier ministre Edouard Philippe, le rapport Hémar-Daher sur la compétitivité logistique française préconisait la création d’une plateforme dédiée à la filière. C’est chose faite avec le lancement de France Logistique le 8 janvier 2020, à l'occasion de son premier conseil d’administration. Cette plateforme associative, présidée par l’ancienne ministre et ex-présidente de la RATP et de la SNCF Anne-Marie Idrac, vise à coordonner l’ensemble des acteurs de la chaîne logistique en lien avec les pouvoirs publics, en portant une vision et une voix unifiée, tout en faisant émerger des solutions concrètes. Alors que la France se situe actuellement au 15e rang du classement Logistics Performance Index 2018 de la Banque mondiale, derrière l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique, il s’agit de faire revenir l’Hexagone dans le top 10 mondial. « Nous souhaitons certes avoir des résultats concrets, mais surtout une vision, quelque chose qui puisse s’afficher, et qu’à chaque fois que des décisions soient prises, elles jalonnent un chemin qui voit loin », déclarait à cette occasion la présidente de l’association.
Cinq champs d'action majeurs
Anne-Marie Idrac a indiqué les cinq champs d’action prioritaires visés. Tout d’abord : favoriser la compétitivité « de manière offensive en termes d’attractivité et d’image, et défensive par rapport à nos concurrents ». Cela passe notamment par une optimisation des formalités et des contrôles aux frontières pour les opérateurs, mais également par une fiscalité « plus prévisible », et un ajustement des modalités de modernisation et de création des entrepôts aux voisins européens. « Nous travaillons à la mise en place d’un baromètre avec ces critères, d’ici la fin de l’année », détaille la présidente. Deuxième objectif : celui de contribuer à la transition énergétique de l’ensemble de la filière logistique et transport, en cohérence avec l’action publique. « Comment faire par exemple pour diminuer l’artificialisation des sols ou être plus efficace dans la production d’énergie solaire ». Troisième champ d’action : améliorer l’image de la filière, accompagner l’évolution de ses métiers et de ses compétences, avec « la perspective d’une véritable GPEC [gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences] d’ici 2021 ». Quatrième priorité : « Faire émerger de nouveaux modes d’organisation pour la logistique urbaine ». Un objectif requérant une coordination public/privé pour concilier livraison opérationnelle et développement durable dans un espace urbain où se créent de nouveaux modes d’organisation logistique. Enfin, dernier élément, la « participation à la planification logistique du territoire, en définissant avec les pouvoirs publics des schémas d’organisation territoriaux ».
Un dialogue public/privé
Pour répondre à ces enjeux, France Logistique se veut une plateforme faisant le lien entre la filière et les administrations gouvernementales. Financée par ses adhésions, l’association s’appuiera sur un comité scientifique spécialiste du secteur et intégrera des organisations et fédérations professionnelles, des entreprises du secteur (transporteurs et logisticiens) ainsi que des représentants des clients industriels. Des entreprises adhérentes que la présidente souhaite « de toutes tailles » et dont six d’entre elles devraient par ailleurs siéger au conseil d’administration. L’objectif étant d’instaurer un dialogue avec les pouvoirs publics à travers un Comité exécutif logistique.
Ce Comex, qui associe la DGITM (Direction générale des infrastructures des transports et de la mer), la DGE (Direction générale des entreprises), France Logistique à travers sa présidente, ainsi que diverses personnalités qualifiées, aura pour missions d’étudier, d’élaborer et de veiller à la mise en œuvre des décisions concernant l’ensemble de la filière. Il se réunira sur un rythme mensuel aidé par deux chargés de mission dédiés (Olivier Boulnois pour la DGITM et Eric Berner pour le moment à la DGE) pour ensuite proposer et rapporter des décisions lors des comités interministériels de la logistique (Cilog). « Nous pensons que cette structuration va permettre de mieux travailler avec les grandes filières. Son enjeu est double : à court terme sur la mise en place de mesures très concrètes, et à moyen ou long terme, pour nous permettre d’avoir cette vision unifiée, en particulier sur trois champs : le numérique, la transition écologique et les compétences », estime Thomas Courbe, directeur général des entreprises (DGE) tandis que Marc Papinutti, directeur général des infrastructures, des transports et de la mer (DGITM) évoque « l’engagement total » de sa direction dans cette initiative. Une implication partagée par les différents acteurs présents ce jour-là à l’image de Jacques Creyssel, président de la Fédération internationale du retail, jugeant qu'il « serait bien que d’autres secteurs s’en inspirent », tandis que Philippe Barbier, président de la Confédération française du commerce de gros, « enchanté de l’initiative prise », se réjouissait qu’elle conduise « à arrêter de travailler en silo et de manière fragmentée ».
Prochaines étapes après la première réunion du Comex le 15 janvier 2020 : la tenue d'un Cilog lors du premier trimestre sous la présidence du Premier ministre, avec l’annonce d'actions prioritaires, avant un point d’étape sur le plan d'action fin juin et une présentation aux adhérents des objectifs de l’année 2021 au troisième trimestre.
Légende photo principale, de gauche à droite : Herbert de Saint Simon, président de TLF Overseas ; Eric Hémar, président de l’Union TLF ; Aline Mesples, présidente de l’OTRE ; Jean-Christophe Pic, président de la FNTR ; Marc Papinutti de la DGITM ; Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique, Thomas Courbe de la DGE ; Patrick Daher, PDG du groupe Daher ; Isabelle Braun-Lemaire : DGDDI ; Claude Samson : Président de l’Afilog ; Denis Choumert, président de l’AUTF.