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Grande distribution : le Groupe Casino et Action ajustent leur logistique

Devant le second confinement, la grande distribution a de nouveau dû faire preuve d’agilité. En cette fin d’année, qui sonne également comme un moment de pic de consommation, les grandes enseignes ajustent leurs flux, étudient parfois leur stratégie e-commerce et intègrent les contraintes sanitaires. Le point avec le Groupe Casino et Action.

Publié le 11 décembre 2020 - 10h00
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Groupe Casino | Magasin Franprix

Le Groupe Casino le soulignait dans son communiqué sur ses résultats du premier trimestre 2020 : les formats urbains, la proximité et l’e-commerce, qui constituent le cœur du modèle d’affaires du groupe, ont été particulièrement sollicités depuis mi-mars et le début de la crise sanitaire. Face aux soubresauts de la pandémie, les grandes enseignes auront dû réajuster leurs process logistiques et leur organisation. Quelles sont leurs réactions aujourd’hui, depuis le deuxième confinement et alors que la fin d’année approche ?


Tirer des leçons du premier confinement

« Il y a évidemment eu des hausses importantes sur la demande des clients sur certaines catégories de produits comme les pâtes ou la farine dans les heures/jours qui ont suivi l’annonce du second confinement, mais pas du tout de l’ampleur du premier », estime la porte-parole du Groupe Casino. Tandis que, trois jours avant son annonce, le groupe a observé des achats de stockage sur l’ensemble de ses rayons, le second confinement aura vu certains rayons se distinguer particulièrement, illustrant trois grandes tendances de consommation : le stockage (biscottes, surgelés), le « fait maison » (farine, lait, œuf), et l’entretien (papier hygiénique, javel, lingettes). « Les enseignements du premier confinement nous ont permis d’anticiper les préparations et les livraisons sur un assortiment complet. C’est pourquoi nous avons travaillé sur différents scénarios pour trouver la bonne balance entre nos stocks au centre de distribution et nos stocks en magasins », explique de son côté Serge Stormmesand, responsable logistique France d'Action, la chaîne de magasins discount, née aux Pays-Bas, qui en compte aujourd’hui 554 sur le territoire, en faisant le premier marché de l’enseigne. Pour gérer au mieux les flux logistiques face aux incertitudes sanitaires, le groupe a travaillé « en étroite collaboration » avec ses prestataires logistiques dans chacun de ses centres de distribution dans l'Hexagone : « Leur expertise et leur connaissance du terrain nous permettent de nous concentrer sur notre croissance sur le territoire », indique-t-il. Au sein du groupe Casino également, le deuxième confinement aura pu bénéficier des leçons du premier et s’appuyer sur des bases renforcées notamment avec ses fournisseurs, eux-mêmes mieux préparés, en mesure de réaliser des prévisions affinées sur les fabrications et d’anticiper des commandes plus importantes des distributeurs. Sur le plan humain, la diminution de l’absentéisme des collaborateurs en magasin et en entrepôt aura également participé à une bonne appréhension de ce second épisode confiné. « Nous n’avons pas attendu cette crise pour nous transformer mais nous avons plutôt utilisé nos outils habituels de prévision en terme logistique », explique la porte-parole du groupe.

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Action

S’adapter à la hausse des volumes

Il aura néanmoins fallu faire avec les directives gouvernementales à propos des produits non essentiels qui ont été interdites à la vente début novembre avant une réouverture des rayons en même temps que celle des commerçants le week-end du 28. Devant l’évolutions des instructions, Action a dû s’adapter, optant pour des mesures permettant de « maintenir un bon niveau de produits en magasin ». Dans ce difficile exercice d’équilibriste, la prévision-planification des flux est devenue un exercice complexe : « L’enseignement tiré du premier confinement nous a permis d’anticiper différents scénarios pour rester efficaces en maintenant une livraison quotidienne », précise Serge Stormmesand. Pour le Groupe Casino, l’agilité a également été de mise : « Le groupe ayant plusieurs facettes (avec ses magasins de proximité, son e-commerçant Cdiscount…), nous avons pu reporter une partie des stocks pour faire face aux ventes en ligne croissantes de Cdiscount », indique la porte-parole du groupe. Une adaptation passée également, sur le non-alimentaire, par la constitution rapide (en une semaine) de stocks pour les réseaux de magasins de proximité de moins de 400 m² en mettant à leur disposition quelques références (jouets, linges de maison…) à vendre en point physique.

 

Organisation de fin d’année

Quant aux pics de consommation de fin d'année, ses effets seront-ils accentués par la crise sanitaire ? Pour les deux enseignes, ils ne conduiront pas à modifier notablement l'organisation logistique. Chez Action, où l’assortiment est le même dans tous les magasins en France et en Europe, l’approvisionnement s’en trouve facilité : « Avec la réouverture totale de notre surface de vente, notre organisation logistique reste inchangée comparée aux autres années, explique Serge Stormmesand. Nos magasins continuent d’être livrés quotidiennement partout en France à travers nos quatre centres de distribution basés dans l’Hexagone ». Du côté de Casino, cette période de Noël ne devrait pas détonner non plus et le groupe entend suivre ses process habituels en calant ses plans de livraison de magasins avant et après les jours fériés, en affinant quotidiennement sur ses sites logistiques les prévisions de charges et en organisant le lissage de ces dernières avec ses outils de prévisions pour adapter les volumes de commandes magasins, tout en sécurisant en parallèle les stocks et la livraison des produits FFA (« fêtes de fin d’année ») en magasin.

La gestion du e-commerce

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La crise sanitaire aura dopé fortement la croissance du e-commerce alimentaire. L’étude réalisée par Nielsen en partenariat avec la Fédération du e-commerce et de la vente à distance, publiée en mai 2020, le confirme : celui-ci aura  « profité à plein du confinement », enregistrant par exemple lors de la semaine post-11 mai, +66 % de ventes en ligne par rapport à 2019. Même constat lors du second confinement, où l'étude Nielsen observe sur les deux semaines avant le 8 novembre, une croissance de ce segment de 61 % par rapport à l’an passé.

 

Stratégies physiques et digitales

Preuve en est au sein du Groupe Casino, pour qui le recours aux services drive et livraison à domicile avait crû de 40 à 50 % pendant le premier confinement. Lors du second, l’achat digital poursuit sa croissance chez ses enseignes Casino (Géant, Casino Supermarchés, Le Petit Casino, Vival, Spar), avec l'activité drive portant la majorité de l’activité (à 50 % en moyenne) et le service de LAD (livraison à domicile) qui a plus que doublé ses volumes durant cette période. Afin de faire face à cette demande accrue concentrée dans le temps, le groupe a travaillé depuis le mois de mars sur ses outils. Pour y parvenir, les créneaux de retrait ont été élargi de 30 % et les gammes de solutions de livraison à domicile densifiées, notamment à travers des partenariats avec Deliveroo ou encore Shopopop. Pour Action, qui travaille principalement avec des magasins physiques et ne pratique pas de ventes en ligne, la crise sanitaire l’aura néanmoins conduit à procéder à quelques ajustements. À la fin du premier confinement, le discounter a ainsi activé une phase de test du service Click and Collect sur deux magasins pilotes dans le Grand Est (le magasin d’Essey-lès-Nancy en Meurthe-et-Moselle et celui de Metz ville). « Nous avons ensuite étendu le service sur un total de 25 magasins en France notamment pendant le second confinement et ce, afin de permettre à nos clients de récupérer leurs commandes plus vite », indique le responsable logistique France. Un service mis en place jusqu’à l’autorisation du gouvernement de proposer l’assortiment complet des marchandises aux clients en magasin le 28 novembre dernier. « Ce principe du Click-and-Collect n’a pas influencé ou modifié notre schéma de livraison. La vente physique fait partie intégrante du concept Action. Nous le constatons encore davantage avec le retour en magasin de nos clients aujourd’hui. C’est pourquoi nous ne proposons pas de vente en ligne », stipule-t-il.

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