Après une difficile année 2024, Boa Concept anticipe un soubresaut de ses résultats

« Une année compliquée, marquée par un fort ralentissement de l’activité », entame en transparence Jean-Lucien Rascle, président de Boa Concept, la présentation à ses actionnaires de ses résultats 2024*, organisée le 29 avril 2025 en visioconférence – à laquelle Voxlog a été conviée. Cette tendance baissière fait écho au déclin des investissements enregistrés fin 2023 par le créateur et fournisseur français de solutions robotisées pour les entrepôts, côté en Bourse depuis 2021, comme le contextualise son co-fondateur (avec Chantal Ledoux) : « Se cumulent un surinvestissement pendant la période Covid, avec un effet rebond aggravé par une inflation forte et une baisse de la consommation, couplés à des taux d’intérêts élevés ayant ralenti les décisions d’investissement de nos clients. »

Des résultats contextuels et mouvants

Ainsi, en 2024, Boa Concept a enregistré un chiffre d’affaires de 13 millions d’euros, contre 16 millions pour l’exercice précédent. Son Ebidta (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) s’est quant à lui effondré, passant de 2 millions d’euros en 2023 à 400 000 euros pour l’année écoulée. Toutefois, le groupe stéphanois dans son ensemble (comprenant Boa Concept et les récents entrants que sont Roboptic puis Easy Systems) cumule désormais un chiffre d’affaires de 22,5 millions d’euros pour 2024. Il se définit de plus comme un ensemble résilient, ayant beaucoup dépensé dans une politique de diversification à moyen-long terme. Une stratégie qui pourrait commencer à devenir de plus en plus juteuse.

Une croissance prévisionnelle à deux chiffres sur l’ensemble du groupe

« La fin d’année 2024 a été marquée par une forte accélération des prises de commandes, et le début 2025 est plutôt bon », synthétise Jean-Lucien Rascle, rappelant néanmoins un contexte international chahuté par une incertitude géopolitique particulièrement connotée par les « plaisanteries », ironise-t-il, de Donald Trump sur les droits de douanes. « Nous pouvons cependant envisager une croissance à deux chiffres sur l’ensemble du groupe, et pas forcément qu’avec un 1 au début du pourcentage, poursuit le dirigeant. Ayant mis le cap sur l’international, avec l’acquisition d’Easy Systems et la création d’une filiale au Canada, nous disposons de relais de croissance importants. »

Une ouverture à d'autres marchés

Le rapprochement avec Easy Sytems, très présent au Benelux, confère en effet à Boa Concept des opportunités de développement en Europe. Comptant dans son portefeuille de grands noms de la logistique et de la distribution du Vieux Continent comme ABB Robotics, BPost et Bleckmann (sans compter des mastodontes allemands de l’industrie comme Pfizer ou Audi), l’opérateur intralogistique belge propose des installations complémentaires à celles de l’équipementier français. De quoi entre autres faire rouler des tapis industriels à côté de convoyeurs modulaires, marque de fabrique historique de Boa Concept. « Nos installations peuvent être rapidement réinstallées et réutilisées, ce qui est particulièrement adapté aux besoins de prestataires logistiques étant par exemple amenés à déménager dans le cadre de contrats courts, rappelle Jean-Lucien Rascle. L’intégration d’Easy Systems nous rend moins sensible aux à-coups des investissements de ce secteur, et nous ouvre à d’autres marchés. Notre complémentarité de produits nous permettra aussi de répondre plus facilement aux appels d’offres. »

Un cap prometteur sur le Canada

Parallèlement à son extension européenne, Boa Concept a aussi commencé à investiguer le marché canadien, et à y créer une filiale en 2024. « Nous nous sommes rendu compte que nous avions une avance dans notre domaine », a noté le président de l’entreprise, qui a bénéficié de retours de terrain et enregistre déjà des discussions sérieuses pour plusieurs contrats, dont certains en voie de négociations. « Les Canadiens ne veulent plus voir les Américains ; nous sommes donc accueillis à bras ouverts. Nos solutions sont de plus alternatives par rapport à celles dédiées à de gigantesques entrepôts », témoigne-t-il. 

À noter enfin que le rachat de l'éditeur voisin Roboptic (également de Saint-Étienne) et de ses cinq ingénieurs en 2022, encore marginal dans son chiffre d'affaires, lui a aussi amené à diversifier son offre et conforté dans l'adoption de ce quadryptique répété : intelligence artificielle, vision, robotique et transitique.

_____

* Jean-Lucien Rascle de Boa Concept a indiqué que les résultats consolidés n'ont pas encore fait l'objet d'un audit ni d'une certification par un commissaire aux comptes.

À lire également : Boa Concept conçoit un robot posant des couvercles sur des bacs navettes