Éditeurs
Hébergement logiciel : la supply chain poursuit sa mise à jour
2. Un SaaS de décompression

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WrightStudio via stock.adobe.comHébergées sur le cloud, les solutions dites « SaaS » se distinguent par leur flexibilité et leur accessibilité à la demande. La tarification à l’abonnement a fait évoluer les modèles économiques des éditeurs, lorsque les mises à jour automatiques ont facilité le quotidien de leurs clients.
Accessibles via un simple navigateur Internet, les solutions placées sous le modèle du Software as a Service (plus communément abrégé en SaaS et traduisible en français par « logiciel en tant que service ») proposent des services hébergés sur le cloud. On ne peut plus populaires dans le secteur de la logistique, du transport et de la supply chain au sens large, les applications métiers en mode SaaS déchargent leurs clients de la gestion de l’infrastructure informatique. Contrairement au schéma on-premises, impliquant l’acquisition d’une licence (plus chère par essence, sans compter les potentiels frais de maintenance et d’exploitation), la tarification se fonde généralement sur des abonnements mensuels ou annuels, plus flexibles. Ces souscriptions peuvent aussi s’appuyer, via des négociations contractuelles ou des ajustements automatiques de facturation par exemple, sur un nombre d’utilisateurs donné et/ou des coûts à l’usage.
Transparence des prix
Selon le modèle économique déterminé par l’éditeur, les progiciels en mode SaaS peuvent aussi être disjoints du prix de l’hébergement sur le cloud. Un choix qu’a toujours prôné Belharra, éditeur d’e-SCM Solutions, portail fournisseur de gestion des approvisionnements de bout en bout, dédié au monde de l’industrie TLC (textile, linge de maison et chaussures) et du luxe : « Lorsque nous fonctionnions en on-premises, avec des licences, nous vendions des packs de volumes annuels (20 000, 30 000, 50 000 colis, etc.), de façon très lissée, narre Patrick Bourg, associé-fondateur de cette société originaire du Pays basque. Lors de notre migration sur le cloud, nous avons souhaité poursuivre notre philosophie consistant à dissocier l’usage de l’infrastructure. Pourquoi ? Pour que le client puisse toujours conserver une liberté de choix. Nous travaillons par exemple avec de très grands groupes souhaitant mutualiser leurs investissements, et qui peuvent de plus avoir noués des accords avec Azure en leur propre nom. [Les solutions e-SCM sont aujourd’hui exclusivement déployées en version SaaS avec une infrastructure établie en partenariat avec les équipes de Microsoft Azure, ndlr.] Cette séparation permet aussi d’assurer une transparence sur les prix : existent ainsi, pour la partie cloud d’un côté, un abonnement annuel forfaitaire calculé sur la base d’un service négocié et, pour la partie liée à l’usage, une flexibilité liée aux opérations des entreprises. Avec en ligne de mire un retour sur investissement proportionnel aux volumes de leurs activités. »
Des mises à jour beaucoup plus fréquentes
Autre avantage en faveur du Software as a Service : la facilité à proposer, fréquemment et à un vaste portefeuille de clients, des montées de version oscillant entre uniformisation et personnalisation. « Tous nos environnements étant installés de la même manière, nous pouvons automatiser l’ensemble des stages d’upgrades, atteste Thierry Servolle, technical business consultant chez Kinaxis. Nous créons et proposons tous les mois une nouvelle version de notre logiciel. Nos clients vont au minimum procéder à sa mise à jour une à deux fois par an, de façon totalement transparente, en vérifiant que tout se passe bien. De notre côté, nous nous assurons que les résultats de calcul soient les mêmes avant et après. Une fois que tout le monde est satisfait, nous basculons sur la nouvelle version dans l’environnement de production, ce qui nécessite moins de deux à trois heures. »
Chez Prologistik France, éditeur proposant un portefeuille applicatif étendu (WMS, TMS, OMS...) en mode SaaS et possédant ses propres centres de données, les montées de version sont également validées en accord avec les clients, via un processus itératif et collaboratif : « Nous les mettons en production au travers d’un déploiement pouvant être graduel, entame Pierre-Yves Lebreton, directeur technique des systèmes d’information, des data centers, de la cybersécurité et de l’infogérance au sein de la filiale française du groupe allemand Prologistik. Nous pouvons proposer à un client d’effectuer une mise à jour d’un de nos logiciels sur un seul de ses entrepôts, servant de pilote. Il peut ainsi valider qu’elle convienne à ses attentes et spécificités, pour la déployer ensuite sur plusieurs dizaines de sites logistiques en même temps. »
Moins de complexité et plus de sécurité
En augmentant la fréquence des mises à jour, les éditeurs et leurs clients s’assurent également d’une meilleure protection contre les cyberattaques. « Dans un monde opérationnel comme l’est celui de la supply chain, existait auparavant beaucoup de spécifique sur la partie software, avec des montées de version très complexes, évoque Grégory Lecaignard de Savoye. Il était alors fréquent de voir des entreprises exercer leurs activités au travers d’une version de logiciel datée de plusieurs années, voire d’une décennie… Aujourd’hui, plus de la moitié de nos clients montent de version au moins une fois par an. » Une tendance à la hausse qui ne cesse de progresser, d’après les témoignages univoques des éditeurs interrogés.
Focus
Une évolution positive de la relation client
Pour Raphaël Hervé de Manhattan Associates, l’élasticité des mises à jour permise par le modèle SaaS a considérablement fait évoluer, dans le bon sens, la relation entretenue entre l’éditeur et ses fidèles abonnés : « Qu’est-ce qui nous a amené vers un modèle cloud native de micro-services SaaS ? La rigidité du modèle précédent. En découlait une double frustration : en tant qu’éditeur, riche de cerveaux de développeurs et de créatifs ; mais aussi en tant que client, avec de nouvelles versions à portée de main mais difficilement utilisables car à financer, amortir et justifier. Aujourd’hui, dans notre version SaaS, nos clients bénéficient de mises à jour mineures tous les quinze jours, sans interruption de service. Et tous les 90 jours, de nouvelles fonctionnalités innovantes majeures peuvent être activées simplement. Cela change complètement la vie de nos clients, mais aussi la relation que nous entretenons avec eux. Nous échangeons plus régulièrement pour présenter les nouveaux ajouts à leur disposition, les accompagner dans leurs tests et leur appropriation. »
