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Heppner : du Bas-Rhin à l’Europe
Heppner est une entreprise centenaire, reconnue depuis plusieurs générations. Si de nombreux acteurs du secteur ont suivi son histoire, peu la connaissent sous le regard de son actuel CEO, Jean-Thomas Schmitt. Retour sur une décennie de transport et d’entrepreneuriat familial.

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Heppner
L’histoire commence il y a tout pile cent ans, en 1925, à Strasbourg, dans l’est de la France. Un certain monsieur Schmitt, agriculteur du Nord Alsace, cherche à agrandir son cheptel de chevaux. Pour ce faire, il rachète une entreprise spécialisée dans le transport, baptisée « Jules Heppner Successeurs ». Très vite, il se prend de passion pour ce nouveau métier. Une passion qui, il ne le sait encore, se transmettra de génération en génération. Ce paysan devenu transporteur n’est autre que l’arrière-grand-père de l’actuel CEO d’Heppner, Jean-Thomas Schmitt. C’est à travers lui que la société se développera tout d’abord dans le Bas-Rhin. Viendra ensuite le tour du grand-père de Jean-Thomas puis de son père, Jean, figure du développement du groupe dans toute la France.
Du transporteur local à l’expert européen
En 1984, après presque 60 ans d’existence, une guerre mondiale, une grande dépression et un choc pétrolier, l’entreprise est toujours là, pilotée par Jean Schmitt. Elle compte 32 agences et réalise l’acquisition des Transports Lesage et Lambert & Valette. S’ensuivent, en 1992, l’essor de l’activité Overseas au niveau mondial et l’acquisition de XP France en 2004 : « L’acquisition de Lesage, qui paraît toute petite aujourd’hui, nous a pourtant permis de sortir de notre Bas-Rhin natal. C’est mon père qui l’a initiée. Elle a été un marqueur fort de notre entrée dans un rôle plus national. Ensuite, en 2004, lorsque nous faisons le choix d’acquérir XP, nous avons pour ambition de compléter notre maillage partout en France et de devenir un acteur utile et incontournable pour nos partenaires étrangers. Cet achat représente un pas très important pour la constitution de notre réseau européen, qui reste aujourd’hui notre force », commente le CEO d’Heppner. Car c’est en 2015 qu’un nouveau tournant s’opère, managérial cette fois-ci. Jean-Thomas, fils de Jean, prend les rênes de l’entreprise. Il donne alors les premiers signes d’une volonté plus européenne, fort d’acquisitions d’entreprises à l’étranger, en Allemagne évidemment, mais aussi en Espagne et aux Pays-Bas.
Le pilotage par les valeurs
Jean-Thomas se lance avec deux grands atouts pour poursuivre la croissance de son groupe familial : « L’entreprise a été gérée en bon père de famille avec un taux d’endettement très faible et une trésorerie excédentaire. Cela nous permet aujourd’hui d’affronter les challenges de manière assez sereine. Nous disposons d’un trésor de guerre, à même d’assurer la pérennité de notre développement. Puis, j’ai hérité d’une culture d’entreprise tournée vers l’intrapreneuriat et le principe de subsidiarité. Chez Heppner, chacun doit être en responsabilité pour prendre des décisions et chacun assume sa part de risque. Ceux qui échouent dans notre entreprise sont ceux qui n’en prennent pas. J’ai eu à cœur de consolider cette culture et elle nous a permis d’évoluer », assure Jean-Thomas Schmitt. Une évolution dont les chiffres témoignent. En 2017, Heppner affiche environ 500 millions de chiffre d’affaires. En 2022, elle dépasse le milliard et compte alors 3 700 collaborateurs. Pour piloter cette transformation, organisationnelle, humaine, économique et sociétale, le CEO s’appuie sur des valeurs qu’il a pourtant longtemps considéré « comme un peu trop marketing ». « Grâce à certains de mes collaborateurs, j’ai compris que le pilotage budgétaire ne suffisait pas, mais qu’il fallait piloter des valeurs. Chez nous, il s’agit de la responsabilité, de l’excellence, de l’audace, de l’engagement et de la loyauté. Ces dernières nous permettent réellement de manager, d’être plus efficace aujourd’hui qu’il y a quelques années. C’est ce que m’ont laissé mon père et les générations précédentes », assure-t-il.
Vers un chiffre d’affaires d'1,3 milliard d’euros en 2027
Les équipes font face depuis plusieurs années à de multiples challenges : la transformation digitale évidemment, mais également l’expérience des clients, des collaborateurs et fournisseurs et enfin la transition environnementale. Un sujet sur lequel Jean-Thomas Schmitt continue d’avancer, après avoir lancé son pacte de transition énergétique en 2019 en France et validé sa feuille de route à l’international en 2024. Mais si ces différents enjeux sont maîtrisés, certains restent encore à travailler. Selon Jean-Thomas Schmitt, dont l’ambition est d’emmener le groupe vers un chiffre d’affaires d'1,3 milliard d’euros en 2027, il reste notamment une problématique clé à régler : « Nous n’avons pas encore réussi notre passage d’entreprise française avec des filiales à l’étranger à celle d’une entreprise européenne avec son siège en France. Et en termes d’état d’esprit, opérationnel et de gouvernance, nous en sommes loin. Il s’agit donc d’un axe de progression nécessaire. Notre objectif est de continuer à nous développer notamment dans des pays clés comme l’Allemagne, mais aussi l’Espagne et le Benelux », déclare-t-il.
Figurer parmi les leaders européens du transport
Pour atteindre cet objectif, le CEO entend notamment travailler la gouvernance du groupe et sortir « d’un schéma un peu pavlovien qui consiste à d’abord développer en France puis ensuite à l’international. Il s’agit donc de relever un challenge culturel, de se former à l’anglais pour certains et d’intégrer des collaborateurs étrangers au dispositif de direction générale ». Nul doute que Jean-Thomas Schmitt trouvera les moyens de répondre aux ambitions qu’il s’est fixées pour l’entreprise familiale : « Lorsque je dis à ma famille que je veux figurer parmi les leaders européens du transport dans 15 ans, j’ai du temps pour le faire. Notre fonctionnement nous donne la possibilité de conserver notre sang-froid, de définir un cap et de le garder. »
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