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E-commerce : le fulgurant essor des consignes automatiques

Publié le 7 septembre 2016

Boîtes de métal contenant plusieurs casiers sécurisés, accessibles pour la plupart 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, les consignes automatiques accueillent les commandes de petites et/ou moyennes tailles passées auprès de e-commerçants et de commerçants proposant ce mode de livraison. Résultant de l’essor continu de la vente en ligne et de la hausse des volumes de colis, elles s’affirment comme une alternative de livraison pratique, complémentaire aux points relais. Déployés à petite échelle depuis une quinzaine d’année par des acteurs postaux ou indépendants, ces casiers automatiques et sécurisés connaissent, depuis cinq ans, un réel essor européen.

1. Casiers automatiques sécurisés : un tardif développement français

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De plus en plus plébiscités par les clients des sites marchands et des commerces de proximité proposant la livraison en consigne, les casiers automatiques émergent dans le paysage français. Leur déploiement tardif s’explique par plusieurs facteurs.

Si dans plusieurs pays européens, les réseaux de consignes automatiques sont bien installés, leurs équivalents français ne font qu’apparaître. Pourtant, les composantes d’informatique embarquée, coeur de ces automates intelligents, sont technologiquement industrialisables depuis de nombreuses années. Après sa création en 2006, InPost a réussi avec ses consignes à briser le monopole de la Poczta Polska, la poste polonaise, et s’est rapidement imposé comme le premier réseau privé de services postaux en Pologne. La société en est en 2016 à sa huitième génération de consigne automatique, mais n’est arrivée en France qu’en 2014 avec ses machines nommées “Abricolis”.

 

La France serait-elle donc en retard sur ce marché ? Tout est une affaire de choix, selon Olivier Binet, directeur général d’InPost France, filiale du groupe polonais Easypack : « La France a opté pour les points relais, il y en a plus de 15 000 en France. Donc le besoin n’était pas énorme pour des consignes. D’autres pays n’avaient pas fait ce choix et ont commencé par des consignes. » Un constat partagé par François Castano, président de Packcity France, joint-venture entre Geopost et Neopost Groupe détenue à hauteur de 25 % par le groupe La Poste et de 75 % par le groupe Neopost, qui rajoute que « le modèle économique des points relais est low cost, extrêmement compétitif par rapport à une livraison à domicile ou une livraison en consigne. » Pourquoi alors se lancer dans les consignes ? « Les consignes automatiques, dans le cas de la France, sont des compléments aux points relais, répond-il. Nous sommes capables de nous installer dans une gare où il n’y a pas de points relais. Là où les propriétaires de site n’acceptent pas ces derniers, la machine a tout son sens. En outre, quelques points relais commencent à atteindre les 50, 60 voire 100 colis par jour. Il ne faut pas oublier que cela reste des commerces dont la fonction n’est pas de livrer des colis. Lorsque nous atteignons certains volumes, l’automatisation devient nécessaire. » Le solide maillage de points relais en France, puis leur saturation progressive amenant un besoin complémentaire de postes de retraits automatiques de proximité, expliqueraient ainsi le long délai de développement des consignes dans le pays par rapport aux voisins européens. Mais un autre facteur a pu avoir son importance dans ce retard.

 

Un produit boîte aux lettres « visionnaire à l’époque »

Selon Alain Fischer, gérant du fabricant de boîtes aux lettres Renz, la France est l’un des seuls pays d’Europe à disposer de boîtes aux lettres normalisées avec une capacité d’accueil correcte (volume minimum de 260 x 260 x 340 mm) et un accès facilité pour les facteurs. Sept Français sur dix en possèdent une selon le site internet de La Poste, citant comme source sa base de données Géopoint, dans laquelle des postiers recensent les points de distribution et leurs caractéristiques. « Une boîte aux lettres allemande, par exemple, sait faire beaucoup moins de chose qu’une française, introduit Alain Fischer. Elle n’a pas d’ouverture totale, seulement une fente d’introduction. On peut y mettre un DVD, point à la ligne. La boîte aux lettres française est déjà une petite boîte à colis. Elle a son volume, son accès centralisé, avec les grandes portes mécaniques qui donnent accès au facteur à toutes les alvéoles. Son format et son mode d’ouverture résultent d’une norme qui a 41 ans et qui a été visionnaire à l’époque. » Cette avance française serait une des raisons de la non nécessité en France, pendant plusieurs années, d’une offre de consignes automatiques.

 

Selon le Sibco, syndicat créé à l’initiative de Renz qui regroupe neuf des onze fabricants de boîtes aux lettres en France, 50 % du trafic postal, colis compris, rentre aujourd’hui dans une boîte aux lettres normalisée. Ce chiffre était de 95 % il y a 41 ans. « Avec la chute du trafic de lettres, l’augmentation du trafic du colis et ses dimensions toujours plus importantes, le produit français arrive maintenant à une certaine limite », explique Alain Fischer. D’où la nécessité de proposer des réseaux de casiers automatiques pour pallier aux lacunes des boîtes aux lettres. Renz réfléchit par ailleurs, avec les membres du Sibco, à donner une seconde vie à ces dernières, en les associant au sein de halls d’immeubles à des boîtes à colis mutualisées de différents formats. L’entreprise a lancé en 2013 une expérimentation dans le XIXe arrondissement de Paris, en installant des boîtes aux lettres et des boîtes à colis connectées à disposition de 80 logements. Elle a investi 300 000 euros sur ce projet et espère sensibiliser les opérateurs, les fabricants, mais aussi les architectes et les promoteurs immobilier sur l’intérêt de démocratiser l’emploi de ces boîtes aux lettres et à colis complémentaires, bien plus adaptées aux flux postaux d’aujourd’hui.

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