eCommerce
E-commerce : le fulgurant essor des consignes automatiques
5. Trois questions à Gérard Crébier, inventeur du Proxidrive
Après trois années de recherche et développement, Gérard Crébier, fondateur du bureau d’études Colispratic, a mis au point Proxidrive, une aire de livraison de type drive ouverte 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, destinée au stockage et à la réception de produits sous température ambiante et dirigée (12°C, -2°C et -22°C).
Comment cette idée de Proxidrive vous est-elle venue ?
J’ai eu cette idée en 2010. Nous commandions alors sur internet avec mon épouse et nous nous sommes aperçus que les opérateurs avaient un problème au niveau de la réception et de l’expédition des produits frais. Je me suis renseigné sur le fonctionnement de la logistique car je n’y connaissais absolument rien. Je me suis rendu compte que toutes les technologies digitales avaient fortement évolué mais qu’en revanche la partie logistique du dernier kilomètre restait en attente d’évolution. Il n’existait en outre pas beaucoup d’entreprises spécialisées dans la livraison de produits frais. J’ai entamé une petite prospection et réalisé des sondages auprès des professionnels pour savoir ce qu’ils pensaient d’une idée de consigne pour produits frais. À l’époque, c’était vague mais j’avais quand même réussi à formaliser une consigne qui ressemble à une consigne de gare, avec plusieurs portes superposées et où les gens viendraient retirer leurs colis. J’ai tout de suite eu d’excellents retours de la part des petits opérateurs. En revanche financièrement, compte tenu des volumes, il me fallait savoir si les grands opérateurs et distributeurs étaient également intéressés. Ils ont répondu favorablement, même si c’était plus long. Je suis alors entré dans la phase du développement technique qui a nécessité trois années pour élaborer les plans, les maquettages, les prototypages, les présentations aux prospects, les modifications, etc. J’ai ainsi conçu un produit de stockage où le cahier des charges comprenait le moins d’espace au sol et un volume suffisant pour mutualiser et réduire les coups de livraison. Nous avons déposé plusieurs brevets en 2012 qui ont été validés et publiés en 2016.
Comment avez-vous fait pour concrétiser votre idée et où en est actuellement le développement des Proxidrive ?
La plus grosse difficulté a été de trouver un industriel car il existe en France peu d’opérateurs réunissant en interne les différentes technologies nécessaires : tôlerie, plasturgie, mécanique, électronique, informatique, contrôle du froid, etc. Nous en avons trouvé neuf au total, dont Savoye qui est venu nous voir. Ils ont identifié que ce marché existait et qu’ils avaient des demandes de la part de leurs clients. Ils sont désormais licenciés et peuvent vendre des machines. J’ai également un deuxième partenaire industriel, qui a pratiquement tout en interne et va pouvoir produire des machines à des prix convenables. Le partenariat est en cours. Nous avons prévu de créer une joint-venture dans laquelle nous apportons notre savoir-faire et notre partenaire industriel, les moyens financiers. Cela permettrait un décollage relativement rapide et surtout d’avoir une crédibilité financière. Nous avons installé une première machine à Lyon la dernière semaine de juin 2016. Il y aura deux mois d’observation en juillet et août. Une dizaine d’appareils seront installés sur cette ville d’ici la fin de l’année. Lorsque nous aurons signé cette joint-venture avec l’industriel dont je ne peux pas citer le nom, nous pourrons nous déployer sur les grandes villes de France et à l’international. Nous sommes également en contact avec des acteurs de l’agroalimentaire et de la grande distribution.
En quoi les Proxidrive diffèrent-elles des autres consignes présentes sur le marché, notamment en termes de critères d’emplacement ?
Je pense que les consignes qui existent chez les confrères sont adaptées pour le trafic postal petit colis. J’ai pour ma part réfléchi à une solution dédiée au marché de l’agroalimentaire. Je me suis beaucoup inspiré du succès du drive, qui sur certains sites est très valable sur le plan économique et sur d’autres moins. Ce mode de distribution a démarré en 2008, représente plusieurs milliards de chiffre d’affaires et attire de plus en plus de clients qui n’ont plus envie de rentrer dans les magasins. Une commande drive est relativement importante puisqu’elle représente au minimum un caddie. Ce qui veut dire que nous ne sommes pas partis sur la même orientation de produits et de volumes que nos confrères. Pour installer un Proxidrive, il faut des places dédiées, dans le même raisonnement que le drive. Cela ne nous viendrait même pas à l’idée de placer nos machines dans un centre commercial. Il faut que nos aires soient facilement accessibles en voiture, pour permettre de charger directement dans le coffre. Le drive piéton est une formule qui naîtra peut-être dans le futur, si l’on trouve des endroits où se garer facilement dans les centres-villes bien que cela risque d’être compliqué. On peut aussi envisager d’installer des points de retraits dans des locaux vacants.
Propos recueuillis le 27 juin 2016.
Focus
Comment fonctionne un Proxidrive ?
Le Proxidrive est un point relai robotisé positionné en extérieur, prévu pour accueillir des produits secs ou frais commandés chez un distributeur ou un e-commerçant et conservés sous température ambiante et dirigée.
Après avoir opté pour une livraison en Proxidrive sur le portail internet de l’enseigne et sélectionné son aire de livraison, le client est informé en temps réel de l’acheminement de ses colis et reçoit un code par e-mail et/ou SMS pour venir retirer sa commande. Positionnés sur des aires de stationnement dédiées accessibles en voiture, les Proxidrive permettent aux clients de s’y garer au plus près pour venir directement charger leurs produits dans leur coffre. Ces consignes automatiques de grandes tailles sont accessibles aussi bien aux e-commerçants, aux distributeurs, aux entreprises de messageries et aux logisticiens pour leur permettre de massifier leurs flux en un seul endroit.