media supply chain
et logistique

Interview

Rencontre avec Luis Gomez, président de XPO Logistics Europe

Nouvelle identité, effets de la pandémie sur son activité, axes de développement et ambitions écologiques… Luis Gomez, président de XPO Logistics Europe, revient sur la récente scission opérée par le groupe, sa nouvelle organisation et les grands chantiers à venir.

Publié le 27 septembre 2021 - 09h00
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XPO Logistics

Pouvez-vous revenir sur la récente scission entre GXO Logistics et XPO Logistics, arrivée à son terme en août 2021 ?
Nous sommes un groupe coté à la Bourse de New-York et le groupe a considéré que la valorisation du marché n’était pas à la hauteur de notre croissance. Nous avons donc mené tout un processus de réflexion, car notre organisation se partageait entre deux métiers différenciés : d’un côté les spécialistes de gros contrats logistiques dédiés, automatisés, très focalisés sur l’e-commerce, et de l’autre côté, des missions spécialisées dans le mouvement physique de la marchandise : consolidation, processus de stockage…. Au début de l’année, l’action s’élevait à 100-110 euros et rien qu’avec l’annonce de la scission, elle a évolué autour de 135-140 euros. Ce processus sur lequel nous avons travaillé durant les six premiers mois de l’année a été conclu le 2 août. Date à partir de laquelle GXO est devenue une société totalement indépendante, leader mondial dédié aux contrats logistiques avec une cotation en Bourse tandis que naissait également le nouveau XPO Logistics. Un mois après, les marchés ont très bien réagi, car l’action se situe aujourd’hui autour de 170-175 euros.


Quelles ont été les conséquences de cette scission ?
La scission a été bien perçue et a donc conduit à une plus grosse valorisation boursière. Il n’y a par ailleurs eu aucun impact négatif pour nos clients et nos collaborateurs au quotidien en Europe. Ce processus de scission n’a pas non plus conduit à une ségrégation des contrats : ceux qui étaient dédiés à la logistique longue durée faisaient déjà l’objet de contrats dédiés, tandis que les contrats de transport, de distribution de marchandise et de solutions de logistique end to end qui étaient chez XPO Logistics y sont restés. La société était déjà organisée en Europe et aux États-Unis au travers ses différentes business units. Ainsi, la division qui s’appelait « Transport » avant le spin off devient XPO Logistics tandis que la division qui s’appelait « Logistique » devient GXO, chaque collaborateur demeurant dans sa division. XPO Logistics et GXO Logistics sont totalement indépendants : il n’y a donc pas plus de relation au quotidien entre XPO et GXO qu’entre XPO et un concurrent…


Comment avez-vous vécu cette crise sanitaire qui a bouleversé les supply chains au niveau mondial ?
La France est un marché important pour nous, car c’est le marché n°1 en Europe et n° 2 à l’international. Il est vrai que la pandémie a changé beaucoup de choses en 2020, particulièrement au deuxième trimestre avec une baisse d’activité assez forte qui nous a impactée. Mais chez XPO Logistics Europe nous sommes assez équilibrés et travaillons avec différents secteurs : l’e-commerce, le retail, la construction, l’automobile, l’industrie en général, le textile… Nous avons donc réagi assez vite en apportant nos services là où il y avait du besoin. Nous avons ensuite observé pendant l’été une récupération assez élevée. Fin 2020, le niveau d’activité sur les mois de novembre et décembre était assez similaire à 2019. Malgré le Covid, XPO Logistics a réalisé un chiffre d’affaires de plus d’un milliard d’euros en France, et de plus de 2,3 milliards d’euros en Europe. D’autre part, à la clôture du deuxième trimestre 2021, le niveau d’activité s’élevait à un niveau légèrement supérieur à celui de 2019 que ce soit en France ou en Europe.


Quelles sont vos perspectives ?
Nous considérons qu’au niveau sanitaire, le plus dur est maintenant derrière nous et que la pandémie ne va pas nous toucher économiquement dans les prochains mois ni en 2022. Son impact réside surtout sur la pénurie de matières premières, avec une demande assez forte d’achat de produits tandis que l’offre souffre du manque de ces matières. Il s’agit d’un processus qui devrait être temporaire, mais qui pourrait impacter la fin de l’année et la moitié de 2022. Nous restons néanmoins très positifs sur la situation économique globale. En France, nous avons grandi avec l’inauguration de sept nouveaux sites depuis 2020, au nord de Paris et de Lyon, à Caen, à Montpellier et dans les régions de Nice, Marseille et Bordeaux. Nous sommes n°1 de la marchandise palettisée en France et nous avons vu que nous pouvions continuer à enregistrer de la croissance, même dernièrement.


Sur quels grands axes de travail vous consacrez-vous actuellement ?
Chez XPO Logistics, nous avons quatre piliers fondamentaux pour l’avenir. Le premier concerne nos collaborateurs. Nous voulons vraiment que XPO se présente comme un endroit agréable où travailler, avec un focus sur la sécurité et la santé au travail, pas seulement physique, mais aussi mentale. Cette attention donnée aux personnes est très importante, car nous sommes une société de services : si nos collaborateurs sont contents, ils le transmettent à nos clients, et cela se traduit également au niveau de la productivité. Le deuxième pilier important : la durabilité. La France est un gros marché pour nous en Europe. Nous y avons plus de 7 200 collaborateurs, 4 000 conducteurs, plus de 3 000 camions. Cela implique que nous devons travailler sur notre empreinte CO2. Nous menons donc un certain nombre d’initiatives et réalisons beaucoup d’investissements sur différentes parties de la supply chain pour réduire ces émissions. Exemple : nous avons une flotte qui se renouvelle tous les trois ans pour être dotée des moteurs les moins polluants possibles. Nous considérons que les évolutions normatives contribuent fortement à la diminution de l’empreinte carbone et nous continuerons avec cette typologie d’investissements. Nous travaillons aussi les énergies alternatives avec déjà plus de 250 camions en France qui roulent au gaz GNL. Et même si le cycle de vie du gaz n’est pas si différent du diesel lorsque l’on travaille avec des camions Euro 6, il a l’avantage de réduire le nombre de particules. Nous allons d’autre part très vite avoir des essais assez concrets avec des camions électriques pour des livraisons urbaines.


Quels sont les deux autres piliers du groupe ?
Le troisième axe fort concerne le digital et la technologie, qui sont également liés à la durabilité. Pendant la pandémie, nous avons introduit le produit XPO Connect. Ce dernier permet d’établir une liaison et la transmission d’un flux d’information entre nos clients et nos transporteurs afin de travailler de la façon la plus efficace possible. Nos transporteurs sont ainsi capables de détecter tous les points de chargement possibles et de connaître les poids les plus optimaux pour finalement réduire les coûts, c’est-à-dire les kilomètres à vide, donc les émissions de CO2. Car notre objectif, en tant qu’opérateur logistique, consiste à travailler les coûts pour que les industriels français puissent avoir des produits compétitifs, surtout quand ils doivent les vendre sur de la longue distance. Notre investissement sur XPO Connect nous a ainsi permis de nous connecter avec nos clients, en leur donnant des informations sur la localisation de leurs marchandises, la manière de gérer leurs stocks … mais aussi avec nos collaborateurs pour les aider sur l’optimisation de leur chargement. Nous considérons que les trois piliers que j’ai mentionnés – l’humain, la durabilité et la technologie - sont totalement liés à la croissance, qui constitue notre quatrième pilier.


Quels sont les grands projets à venir pour XPO Logistics ?
Nous allons bientôt annoncer un projet sur les véhicules électriques, que nous allons démarrer en France. D’autre part, si nous sommes leaders du marché de l’allocation dédiée avec conducteur, nous essayons également d’ouvrir différentes lignes d’activité. Sur l'activité Last Mile, nous avons réalisé une croissance de l’ordre de 80 à 90 % en 2020-2021, pour la livraison du dernier kilomètre des produits volumineux. C’est une activité qui a beaucoup grossi avec la pandémie et qui intègre bon nombre d’e-commerçants. Nous allons avoir à Saint-Etienne un hub qui constituera un site vitrine, l’idée étant de déployer fortement cette activité sur tout le territoire. Ces investissements ne sont pas que français puisque nous inaugurerons dans les prochaines semaines un hub similaire en Espagne. Nous allons également poursuivre nos investissements technologiques sur toute la chaîne de nos verticaux importants comme la construction, ou l’industrie en général où nous avons une part de marché assez significative.

 

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