Elisys : la circularité au service de l’économie de la performance

Quelle a été la genèse d’Elisys ?
Vincent Senez : Elisys est née de ma rencontre avec Ella, lorsque j'ai officié (durant 15 ans) en tant que directeur technique immobilier chez Engie Solutions. Ella était notre partenaire sur différents sujets : communication, conduite du changement et innovation. Nos parcours étaient complètement différents mais complémentaires.
Ella Brabra : Effectivement, je suis diplômée d’une école de journalisme et dispose d’une formation en tant que cheffe de projet informatique. J’ai ensuite monté mon agence de communication et de marketing. Engie Solutions était l’un de mes clients, j’y ai rencontré Vincent. À la suite du Covid, j’ai eu envie de me spécialiser dans un métier à impact. En discutant ensemble, nous avons décidé de nous lancer et de créer Elisys.

En quoi consiste la solution Scan&Recycle développée par Elisys ?
Ella Brabra : Il s’agit d’un ERP qui travaille sur le cycle de vie du produit : la plateforme offre un suivi complet des stocks pour une meilleure réutilisation et un recyclage efficace des ressources. Elle assure un suivi précis de chaque article dès son entrée dans le système grâce à l'utilisation des QR codes. Depuis cet ERP, toute l’activité de la ressource est suivie : l’historique d’utilisation des stocks, la circularité interne, externe et la revente. En interne, il est possible d’envoyer ses stocks d’un site A à un site B. À travers l’outil, une demande est effectuée auprès du responsable d’un autre site du groupe pour récupérer un ou des produits de leur stock. À l’externe, Elisys met en relation ses utilisateurs avec des partenaires spécialisés dans le recyclage et le reconditionnement. Troisième possibilité : la récupération par une association. Nous travaillons par exemple avec Emmaüs Connect qui récupère du matériel informatique pour lutter contre la fracture numérique. L’enlèvement est effectué directement sur site. Et si le produit ne passe dans aucune de ces trois options, il est détruit.
Vincent Senez : Les partenaires et les associations sont directement intégrés dans la solution, afin de permettre à nos clients de gérer l’achat, l’utilisation, le réemploi, le don ou la destruction des ressources via un seul outil. Ils gagnent du temps tout en favorisant le réemploi et la circularité. Nous leur permettons ainsi d’agir tout en restant centré sur leur cœur de métier. Notre solution s’adapte à tous types d’entreprise, peu importe son activité.

© Elisys

Quel est l’intérêt des entreprises pour ce marché de l’économie circulaire et de la gestion informatique dédiée ?
Vincent Senez : Le sujet tend à se démocratiser. Pour les grands groupes, sur un million d’euros de stock par an, il faut compter environ 20 à 30 % de gaspillage dû à une mauvaise utilisation, une mauvaise gestion, du stock dormant ou perdu… De plus en plus d’entreprises françaises s’intéressent au sujet afin de réaliser des économies. Nous avons la chance d’avoir des clients qui en ont réellement conscience.
Ella Brabra : Les grands groupes sont sensibles à notre offre et représentent notre marché cible puisqu’il faut un minimum de trois sites afin de pouvoir utiliser notre ERP. Parallèlement, la réglementation impose désormais des rapports et des statistiques sur la partie ressource matérielle. Nous couvrons le sujet depuis l’arrivée de la ressource sur site jusqu’à sa fin de vie. En parallèle, nous travaillons avec l’Ademe sur la constitution d’une base de données actualisée des émissions CO2 des différents matériaux de maintenance. L’ambition étant de pouvoir savoir combien coûte une ressource en émissions de carbone à l’achat afin d’être capable de chiffrer les économies en fonction des différentes vies de chaque produit.

L’économie circulaire s’illustre comme un levier de performance. Les entreprises en ont-elles conscience ?
Vincent Senez : Les entreprises vont gagner en performance grâce à la mise en place de la circularité et des différentes fonctionnalités de l’économie circulaire. Tout le monde est donc gagnant. Mais pour cela, il faut commencer par la base. Ce sont les opérateurs, les techniciens, acteurs de la circularité au quotidien qu’il faut mettre en avant, motiver, en les rémunérant pour ce travail. À nos yeux, la prime de circularité est une réponse.
Ella Brabra : On ne peut pas mettre en place ce que l’on ne comprend pas. Il faut sensibiliser, rassurer et expliquer comment réduire les coûts et faciliter la transition vers la circularité. La valeur principale d’Elisys est la performance. Mais sans données, sans équipes formées, cela ne fonctionne pas. La première étape reste et restera l’humain pour faire comprendre ce qu’est l’économie circulaire. À ce titre, nous allons prochainement proposer une formation à destination des responsables de site.

Quelles sont les prochaines étapes de développement pour Elisys ?
Ella Brabra : L’objectif est d’accompagner les ressources après leur sortie de site, de récolter de la donnée, d’analyser les mouvements de stocks, le taux de circularité et de réfléchir à l’augmentation de ce dernier pour être plus performant. Une doctorante chercheuse viendra nous accompagner dès 2026 sur la récolte de ces datas. Nous espérons obtenir les normes Afnor Iso 59004 et 59020 sur notre outil pour en faire bénéficier nos clients. Nous développons enfin des fonctionnalités innovantes et intelligentes grâce à l’IA, permettant aux responsables de site de prendre des décisions basées sur la donnée collectée.
Vincent Senez : Nous travaillons principalement avec des entreprises privées, mais nous serions capables d'œuvrer dans le public. La France a beaucoup fait en matière d’économie de l’énergie (CPE, CEE…). Désormais, il faut motiver les entreprises à avancer sur l’économie circulaire, ses solutions et ses pratiques.