Tiers investissement photovoltaïque : un levier stratégique pour l'immobilier logistique

L'immobilier logistique français traverse une mutation silencieuse mais déterminante. Loin des entrepôts traditionnels conçus uniquement pour stocker et distribuer, de nouvelles plateformes hybrides émergent où les équipements énergétiques deviennent un actif stratégique au même titre que la localisation ou la superficie. Cette transformation s'accélère grâce au développement du tiers investissement photovoltaïque, qui redéfinit fondamentalement la fonction économique des zones logistiques.

L'entrepôt, nouvelle « banque d'énergie »

Les vastes toitures des entrepôts, longtemps considérées comme de simples couvertures, se révèlent être des gisements énergétiques considérables. L'exemple de l'« Entrepôt à Empreinte Positive » de Dorsten en Allemagne, développé par Sunrock pour Levi Strauss, illustre parfaitement ce potentiel. Avec un système photovoltaïque de 3,45 MWc, l'installation produit l'équivalent de la consommation de 908 foyers et évite chaque année l'émission de plus de 1 300 tonnes de CO₂.

Or, ce qui rend cette capacité de production véritablement accessible, c'est précisément le mécanisme du tiers investissement. Le propriétaire ou l'exploitant n'investit plus dans l'installation solaire mais bénéficie directement de ses retombées : réduction de sa facture énergétique, revenus complémentaires liés à la location de toiture, et surtout valorisation de son bâtiment. L'autoconsommation solaire peut couvrir plus de 40 % des besoins énergétiques annuels et générer des économies de plusieurs milliers, voire de dizaines de milliers d'euros. De plus, l'installation d'une production solaire sur site peut entraîner une augmentation moyenne de 4 % de la valeur des biens logistiques.

Un modèle sans contraintes qui crée de la valeur partagée

Cette approche évite également toute complexité pour le client grâce à une offre complètement clé en main, avec un interlocuteur unique qui gère l'ensemble du processus : financement, procédures administratives, demandes de subventions, sélection des entreprises de construction, raccordement au réseau, gestion des actifs et revente de l'électricité sur les marchés ou en autoconsommation locale.

Cette résilience énergétique devient rapidement un avantage concurrentiel décisif. Il y a fort à parier que les entreprises locataires privilégient les entrepôts capables de garantir une alimentation électrique stable et décarbonée. D'autant plus que l'autoconsommation collective se développe. Facilitée par les évolutions réglementaires récentes, elle permet même d'étendre cette logique à l'échelle d'une zone d'activités. L'entrepôt, producteur d'énergie, alimente les entreprises voisines et engage son territoire dans la transition énergétique.

Le potentiel à exploiter reste considérable

L'immobilier logistique français dispose aujourd'hui d'un potentiel photovoltaïque estimé à 1,2 gigawatt crête*. Les professionnels de l'immobilier logistique, regroupés au sein de l'Afilog, se sont fixé un objectif ambitieux : déployer 5 millions de mètres carrés de panneaux photovoltaïques d’ici 2028 sur les toits de leurs entrepôts. Ces installations couvriront l'équivalent de la consommation annuelle d'électricité de 600 000 habitants, soit plus que la population de la métropole de Nice.

Une manière de contribuer significativement aux objectifs nationaux de transition énergétique de la France et créer de nouveaux modèles économiques vertueux pour les territoires ! Cette approche privilégie des boucles de consommation locales, qui rapprochent production et consommation d'énergie, tout en évitant la pression foncière puisque les installations se déploient sur les toitures plutôt qu'au sol.

À l'heure où les politiques de soutien aux énergies renouvelables s'amenuisent, le tiers investissement photovoltaïque offre une voie pragmatique et rentable pour les entrepôts. Il est temps pour le secteur logistique de se saisir de cette opportunité.

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* Source : 5 millions de mètres carrés de panneaux solaires attendus sur les entrepôts, Les Echos, 10 novembre 2023