media supply chain
et logistique

International

DHL construit sa vision d'avenir autour de la digitalisation

Présentées sur son centre d'innovation près de Cologne, les solutions et les tendances imaginées par DHL tournent évidemment autour de la digitalisation. Tour d'horizon des projets ancrés dans la nouvelle stratégie du groupe.

Publié le 9 décembre 2019 - 10h41
A_1

Voxlog | Innovation Center DHL - Cologne

En novembre 2019, DHL Express inaugurait en Allemagne son nouveau hub aérien de Cologne-Bonn : un centre de logistique « vert », fruit d’un investissement de 123 millions d’euros, qui s’inscrit dans la stratégie 2025 (voir encadré) du fournisseur mondial de services express internationaux, axée à la fois sur l’e-commerce, le développement durable et la digitalisation. Une approche novatrice également visible non loin de là, sur le centre d’innovation DHL de Troisdorf/Spich, à la fois vitrine des dernières avancées technologiques déployées par le groupe et révélateur des tendances à venir.

 

IA et auto-apprentissage

« Reflet des changements engagés ces dernières années, l’Innovation Center de Cologne est un espace ouvert représentant notre approche d’innovation », résume Markus Kückelhaus, vice president Innovation & Trend Research pour DHL Customer Solutions & Innovation. Dédié à l'Europe, il rejoint celui de Chicago pour le territoire américain  et de Singapour pour la région Asie-Pacifique. « Davantage de sites de ce type sont prévus dans le futur », anticipe Markus Kückelhaus. De quoi traduire une approche en constante évolution, centrée sur la digitalisation : « En tant que compagnie postale, nous voyons à quel point la digitalisation a pu être disruptive en passant du courrier vers l'e-mail, poursuit-il. Elle nous permet de faire notre travail de manière plus efficace tout en adoptant de nouveaux business models ». Au cœur de cette numérisation : l’utilisation de l’IA. Pour réaliser du prédictif par exemple, avec l'outil DHL Global Trade Barometer, permettant à l’entreprise de disposer d’indicateurs sur le marché dans les trois mois suivants.

A_2
Markus Kückelhaus, vice president Innovation & Trend Research pour DHL Customer Solutions & Innovation

De l’intelligence artificielle également utilisée en reconnaissance vocale avec Lydia Voice pour la préparation de commandes. Basés sur l’IA et un système d’auto-apprentissage, les véhicules autonomes ont aussi leur place sur le centre d’innovation, de même que le robot collaboratif et autonome Effibot de la marque française Effidence (déployé sur le centre logistique DHL d’Unna en Allemagne) : une machine adaptée aux opérations de picking, qui va suivre l’opérateur, après avoir effectué un repère au niveau de ses jambes.

 

L'innovation se conjugue également chez DHL avec l'ambition durable, à l’image de la camionnette de livraison électrique du groupe, disponible en trois version (S, L et XL). Déjà plus de 10 000 d’entre elles sillonnent déjà les routes de plusieurs pays européens, notamment aux Pays-Bas, en Allemagne. « Nous cherchons également à nouer des partenariats pour développer ces véhicules en Amérique du Nord et en Chine », poursuit Markus Kückelhaus. Autre innovation mise en avant, le Celluveyor développé par l’entreprise Biba, un système de convoyage modulaire. Composé de plusieurs petites cellules de transport hexagonales, chacune avec trois roues omnidirectionnelles à entraînement individuel, il permet de transporter librement des objets dans toutes les directions grâce au contrôle individuel des roues. Il s’est vu décerner le prix de l’innovation Shark Tank en 2016 et a été testé avec succès dans un entrepôt DHL à Braunschweig, en Allemagne.

A_3
Voxlog I Le Celluveyor

Des scénarios pour le futur

Il est également question d’anticipation et de vision du futur au sein de l’Innovation Center où DHL se projette dans les cinq à dix ans à venir, évoquant l’utilisation de drones pour opérer de la surveillance sur site ou pour réaliser des photos et des mesures : « Nous pouvons l’utiliser plus facilement de cette façon que sur la gestion du dernier kilomètre ». Sur la question du last mile, DHL demeure en effet plus sceptique, malgré de premiers tests réalisés dès 2013 sur l’île allemande de Juist pour l'approvisionnement de dispositifs médicaux. C’est en survol de ce genre d’espaces « vides » que l’entreprise voit davantage se développer le processus plutôt qu’au cœur des villes, compte tenu des contraintes réglementaires mais également des nuisances sonores.

 

Pour déceler et déployer toutes ces solutions, DHL s’appuie sur un outil : son « radar à tendances logistiques » qui se base sur quatre relais d’inspiration : les mégatendances de fond observées ; les micro-tendances et les start-up ; ses clients, ainsi que les experts de l’industrie et ses partenaires de recherche. Différentes sources conduisant à dessiner une cartographie pour les cinq ans à venir, dans laquelle on retrouve, entre autres, le conteneur intelligent, le sans-fil nouvelle génération, la réalité virtuelle, les véhicules aériens sans pilote, la Blockchain ou encore l’impression 3D : « Nous essayons de voir quels produits pourraient être développés en 3D. Il s’agit d’un challenge, car cela reste cher et long à réaliser : un produit peut parfois mettre 24 heures à être construit. L’impression 3D aura sans doute sa place dans le futur, mais pour les productions à la pièce et les objets de valeur, sans doute pas pour une production de masse sauf il y a un changement dans la technologie ou dans la manière de l’utiliser », précise Markus Kückelhaus. Une fois ses tendances décelées, suivent ensuite différentes étapes : la rédaction de rapports à leurs sujets, une exposition sur le centre d’innovation, des POC mis en place, avant un déploiement à plus grande échelle dans une business division.


Avec The Vision Suite, DHL va encore plus loin et présente à ses visiteurs différentes visions du transport en 2050. La dématérialisation de produits, libérant des problèmes de congestions routières ou de retards, y est évoquée comme démarche future possible. Un autre scénario « durable », basé sur les concepts de mobilité, vient envisager un futur influencé par le changement du climat, produisant une gestion intelligente du trafic et effectuant un glissement du global au local avec une décentralisation de la fabrication. Des prospections qui gardent évidemment leur part d’inconnu : « Il existe également un scénario davantage protectionniste qui n’est pas présenté ici. Il s’agit d’une tendance visible ces dernières années, poursuit Markus Kückelhaus, citant le Brexit. Mais nous sommes convaincus que chaque pays peut faire mieux et que le marché global est bon pour chacun d’entre nous, tout en étant capables de soutenir les marchés locaux. En tant que compagnie mondiale, nous avons de grandes responsabilités pour façonner le futur ».

Focus sur la stratégie DHL Supply Chain 2025

La stratégie 2025 du fournisseur mondial en logistique contractuelle DHL Supply Chain se situe dans la lignée de celle du groupe. Pensée au niveau international, elle entend voir chaque région déployer de nouvelles solutions innovantes.

E_1

Deutsche Post DHL va investir environ deux milliards d’euros dans la digitalisation d’ici 2025. Une annonce faite en octobre dans le cadre de la stratégie 2025 du groupe (« Delivering excellence in a digital world » : apporter de l'excellence dans un monde digitalisé). « Nous sommes convaincus que la croissance de notre groupe sera assurée en restant concentrés sur nos activités logistiques qui sont au cœur de notre rentabilité. Et la digitalisation va être un formidable outil à cet égard », déclarait Frank Appel, PDG du groupe Deutsche Post DHL, lors de la présentation de la stratégie 2025 de DHL à Francfort-sur-le-Main. Et le groupe de transport et logistique s’attend à ce que cette stratégie lui rapporte « au moins 1,5 milliard d'euros par an jusqu'en 2025 ». « Du côté de l'exécution, la normalisation et l'amélioration constante des processus conduiront à une croissance plus rentable, tandis que l'expérience client - en particulier le parcours numérique - devient plus importante que jamais. Les innovations de pointe et la digitalisation constituent les éléments qui lient cet ensemble », indique Oscar de Bok, CEO de DHL Supply Chain. Le fournisseur mondial en logistique contractuelle, qui compte 2 000 sites dont 40 % en Europe et 160 000 employés dans 55 pays, souhaite ainsi être un leader de déploiements innovants grâce à un programme accéléré de digitalisation : « DSC se concentre sur les technologies à fort impact qui peuvent être étendues à grande échelle », poursuit Oscar de Bok.

 

Un monde en disruption

Face à un monde changeant, DSC se concentre sur trois piliers : les « talents » apportés par son personnel, une culture digitale et les attentes de ses consommateurs. « Une grande part de nos réflexions portent sur le next day delivery », détaille Markus Voss, CIO et COO de DHL Supply Chain. Dans ce monde en « disruption », la logistique se situe au bord des grands vagues perturbatrices, juge ce dernier. Pour y répondre, il s’agit d’accélérer la digitalisation via l’innovation, la productisation (l'acte de modifier quelque chose, comme un concept ou un outil interne à une organisation, pour le rendre approprié comme produit commercial) et des déploiements régionaux. Où en est-on aujourd’hui ? Hendrik Venter, CEO MLEMEA (Mainland Europe, Middle East and Africa) pour DHL Supply Chain, évoque plus précisément la situation de cette région constituée de 25 pays où officie plus de 35 000 employés. « De nombreuses opportunités digitales y ont été identifiées », exlique-t-il dénombrant déjà 13 process automatisés et robotisés employés, 7 robots d’inventaires, 55 robots d’emballage ou encore 7 robots de transport en intérieur.

à lire aussi
CHAQUE JOUR
RECEVEZ LES ACTUALITÉS
DE NOTRE SECTEUR
INSCRIVEZ-VOUS
À LA NEWSLETTER
OK
Non merci, je suis déjà inscrit !