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RSE : Faire le choix du sociétal

Publié le 21 juin 2018

Par contrainte, sensibilité ou les deux à la fois, l’entreprise considère désormais sa RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). De plus en plus responsables sur la question, les logisticiens, PME ou grands groupes, encouragés par les demandes appuyées de leurs donneurs d’ordres, prennent eux aussi le sujet à bras le corps, conscients que les contraintes tout comme les pratiques volontaires sont fortement créatrices de valeur.

1. Une contrainte devenue levier de performance économique

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Accord de Paris, COP 21, ODD des Nations Unies, lois sur le devoir de vigilance et Sapin 2… Ces dernières années, un ensemble de textes et de lois ont poussé les entreprises à passer à l’action en matière de développement durable et à multiplier leurs démarches en matière de RSE.

Selon Camille Saint Jean, chargée de mission économie circulaire et reporting RSE au sein de l’association Orée, association dont la mission est de développer une reflexion commune sur les meilleures pratiques environnementales, « les entreprises du CAC40 sont de plus en plus performantes dans leur reporting ». Certains secteurs, par essence plus impactants que d’autres, affichent aujourd’hui leur volonté d’agir sur chacun des trois piliers que sont l’environnement, le social et l’économie : « La RSE fait désormais sens dans sa véritable acceptation. Aujourd’hui, les entreprises sont davantage matures sur la question et la supply chain est un de ses véritables sujets », analyse Delphine Durand, operations manager chez EcoVadis. En témoignent les actions de grands acteurs de l’économie mondiale qui soignent désormais leur impact en la matière. Primark, Ferrero, Unilever se sont notamment engagés ou ont publié une liste de leurs fournisseurs tandis que L’Oréal, outre son programme d’achats responsables, s’est associé avec Clarins, Coty, le Groupe Rocher et EcoVadis dans l'initiative Responsible Beauty Initiative (une initiative de leaders de l’industrie cosmétique qui vise à encourager et accélérer les performances éthiques, sociales et environnementales tout au long de leur chaîne d’approvisionnement.). « La RSE est un sujet transversal à toute l’entreprise, comme l’est la supply chain. Nous sommes donc bien sur les mêmes dynamiques. La supply chain est l’une des sources clés de la RSE car elle concerne tous ses volets ; de la ressource de la matière première à l’ensemble de la chaîne de distribution, en passant par les collaborateurs et jusqu’aux clients finaux », note Cécile Parent, membre actif du Lab RSE de l'Aslog.

 

L'affaire de tous

Mais la RSE et l’importance d’une supply chain durable ne sont plus seulement l’affaire des grands groupes. Elle est aussi celle de leurs prestataires et sous-traitants. Par voie de conséquence, des PME, TPE, ETI et grands groupes logistiques voient apparaître dans les appels d’offres des donneurs d’ordres, des clauses de développement durable. Plus facilement appréhendées par les grandes entreprises du secteur, ces contraintes sont parfois jugées complexes par les plus petites qui manquent de temps et de ressources pour y travailler. Pour les accompagner, sont nées ces dernières années des initiatives telles que le label 6PL de Logistique Seine-Normandie (LSN), rendant ainsi palpable, au fur et à mesure, la prise de conscience sur la nécessité d’agir et de transformer ce qui est vécu comme une contrainte en un levier de performance économique : « 80 % des entreprises que nous évaluons sont de petites et moyennes tailles. Elles n’ont pas forcément de personne dédiée en interne mais souhaitent faire un état des lieux de ce qui est fait et de ce qui pourrait être mis en place. Certaines viennent spontanément sans que ce soit demandé de la part de leur client », constate Delphine Durand chez EcoVadis.

 

De plus en plus perçue comme un facteur de collaboration entre les parties prenantes, la mise en place d’une politique RSE nécessite néanmoins de la méthode, notamment basée sur une analyse de la matérialité : « cette dernière permet de déterminer et hiérarchiser en fonction de critères précis les enjeux les plus impactants sur lesquels l’entreprise doit travailler. Cependant, avec la déclaration de la performance extrafinancière, elle doit désormais analyser ses risques RSE et aller donc plus loin que l’analyse des enjeux RSE. Elle peut ensuite adresser des politiques pour les corriger et montrer leurs résultats », explique Camille Saint Jean. « L’industrie textile travaille, par exemple, sur sa relation avec les producteurs de coton alors que celle du meuble se concentre sur la reforestation et l’origine de son bois. Chacun se préoccupe de ses ressources, dans un esprit gagnant-gagnant », illustre Cécile Parent. Une difficulté de taille lorsqu’on sait la complexité croissante des chaînes de valeur de l’entreprise et la multitude de fournisseurs concernés. « Une entreprise qui travaille avec de nombreux transporteurs routiers doit être capable de connaître les émissions de CO2 ou la flotte de véhicules de l’ensemble de ses prestataires mais aussi de mesurer les émissions induites par l’activité et fournir des solutions ou des actions pour les inciter à les réduire », stipule Gérald Maradan, PDG et cofondateur d’EcoAct, société qui accompagne entreprises et territoires sur les enjeux climatiques et de neutralité carbone.

 

C’est donc à partir de ce constat que les logisticiens et transporteurs ont petit à petit pris la mesure de leur engagement en la matière. « Le secteur représente environ 15 % des émissions mondiales, il est donc impacté par nature et ses acteurs, à la fois responsables et victimes du changement climatique, ressentent la responsabilité d’agir », note Gérald Maradan. Aujourd’hui, nombreuses le font de façon volontaire et structurée sur le long terme. « Nous sommes dans une logique d'amélioration constante de notre efficacité opérationnelle. À l'échelle du secteur, cette efficacité a contribué à développer des modes de consommation peu responsables. Ne faut-il pas remettre du développement durable dans cette logique ? Chez FM Logistic, c’est ce que nous essayons d’encourager », témoigne Charlotte Migne, directrice du développement durable de FM Logistic. Bilan carbone, véhicules propres, taux de remplissage des camions, optimisation des routes et des circuits de distribution, réduction des transports à vides, renouvellement des flottes, les entreprises du secteur agissent sur le transport et cherchent également à diminuer la ressource en énergie à l’intérieur et sur l’entrepôt. « Quant au volet social, beaucoup travaillent sur l’intégration de personnes éloignées de l’emploi, sur la diversité et l’égalité hommes/femmes mais aussi et surtout sur la santé et le bienêtre des collaborateurs au travail via des sujets prégnants tels que la lutte contre les TMS, les nuisances sonores, l’aide automatisée à la manutention… », signale Cécile Parent.

 

Une stratégie payante

Si les critères d’amélioration sont nombreux, certains freins peuvent aussi ralentir la démarche. Outre la difficulté de se lancer sur l’aspect méthodologique, ils peuvent être d’ordres financier et stratégique : « Pour une entreprise dont la volonté des actionnaires est d’être centrée sur le profit, mettre en place une stratégie RSE signifie modifier son business model. Une RSE durable et pérenne doit être intégrée dans la stratégie des entreprises », soutient Cécile Parent. Reste alors à convaincre que cette stratégie est payante et synonyme de nombreux leviers de performance économique : réputation, satisfaction client, économies d’énergie, attractivité de l’emploi et fidélisation des collaborateurs… Elle peut, malgré d’éventuels coûts, rapidement procurer un avantage concurrentiel. « Ce qui est facultatif aujourd’hui, sera sans doute obligatoire demain », signale Laurent Grégoire, président de la section thématique Logistique & Supply chain de la Commission Nationale des Services au ministère de l'Économie. « D’un point de vue marché, nous devons être proactifs vis-à-vis de nos clients. Les performances environnementales permettent aussi bien souvent des gains financiers pour nos clients grâce à l'optimisation des plans de transport ou sur nos sites avec des actions d’efficacité énergétique. Enfin, nous travaillons aussi avec notre DRH afin d’attirer de nouveaux talents et construisons notre programme RSE avec les salariés. Nous les formons sur ces questions pour répandre cet esprit dans l’organisation et faire en sorte qu’il soit dans la marche normale de l’entreprise », soutient Odile Maarek, directrice organisation, méthodes et RSE chez Bolloré Logistics. Ainsi, si la prise de conscience et les actions sont concrètes en logistique et supply chain, – « la performance du secteur se situe dans la moyenne alors que celles des entreprises françaises est légèrement supérieure à la moyenne globale », précise Delphine Durand – des efforts considérables restent à fournir car « les investissements sont encore très faibles par rapport aux enjeux », note Gérald Maradan. Néanmoins, pour avancer dans leur démarche, les acteurs du secteur disposent de plus en plus d’outils et peuvent désormais s’appuyer sur un référentiel entièrement dédié à la logistique. Un allié de taille pour faire que la RSE se traduise par des actes tout au long de la supply chain

Focus

Le rapport RSE 2017 de Gefco

Gefco, spécialiste en supply chain industrielle et logistique automobile, a publié ce printemps son nouveau rapport RSE. Il y démontre ses évolutions en matière de développement durable et son engagement, notamment auprès de ses parties prenantes au travers de sa nouvelle signature « Partners, Unlimited ». Première annonce : sur les deux dernières années, l’entreprise a rempli son objectif de réduction de ses émissions de CO2 de 2 % par an. Le groupe a notamment travaillé avec ses clients sur la réduction de l’impact carbone de la supply chain à travers le logiciel Castor qui leur permet de mesurer et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, ainsi qu’avec ses fournisseurs et sous-traitants sur la signature d’une charte achats responsables transport. Parallèlement, en 2017, 59 de ses sites ont obtenu le renouvellement de leur certification ISO 14 001 et le groupe a reçu la note B de la part du CDP (Carbon Disclosure Project) ainsi que celle de 60/100 d’EcoVadis. Il a également investi dans une nouvelle version du logiciel d’optimisation des tournées des camions Cadis Optim qui, selon des tests, permet de gagner 15 % sur les kilomètres parcourus, 4 % de taux de remplissage en plus et diminuer de 9 % les camions sur la route. Enfin, en 2017, le groupe a réduit sa consommation énergétique sur plus de 50 sites avec au total une baisse estimée de 8 %. L’an passé, Gefco a également défini les dix principes emblématiques de sa culture d'entreprise sous le programme Infinite Proximity et homogénéisé les pratiques de recrutement tout en assurant la promotion de sa marque employeur. Le groupe a notamment reçu le label « Happy Trainees » pour la deuxième année consécutive.

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