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RSE : Faire le choix du sociétal

Publié le 21 juin 2018

4. Interview avec Laurent Grégoire, Président de la Section thématique Logistique & Supply Chain de la Commission Nationale des Services

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Parmi les nombreuses recommandations de la stratégie nationale « France logistique 2025 » figure l’élaboration d’un référentiel RSE. Un document rendu public cet été et détaillé ici par Laurent Grégoire, l’un de ses instigateurs.

Pourquoi avoir conçu un référentiel RSE spécifique au secteur de la logistique ?

Au travers de la stratégie nationale « France Logistique 2025 » publiée en 2016, le gouvernement de l’époque s’était engagé dans un large plan d’actions sur la logistique. Cette idée de référentiel (RSE) commun et partagé avec les pouvoirs publics, les filières professionnelles et tous les acteurs concernés avait émergé au fur et à mesure des réunions de travail. Elle a rencontré un fort soutien de la profession, prestataires logistiques ou donneurs d’ordres. Nous avons donc tous travaillé de concert. Une collaboration qui reflète une certaine maturité dans les rapports entre les différents acteurs de la chaîne.

 

Quels sont ses objectifs ?

Ce document-conseil, d’application facultative, est adressé à toutes les entreprises du secteur et a pour vocation d’aider à développer une démarche RSE dans le domaine de la logistique. Il a notamment été conçu pour accompagner les TPE, PME et ETI dans leurs réponses aux appels d’offres des donneurs d’ordres comprenant de plus en plus de demandes relatives à la RSE. Le référentiel a donc été pensé pour faciliter leurs échanges et les soutenir dans leurs démarches.

 

Concrètement, quelles ont été les différentes phases d’élaboration du document ?

Grâce à Thibaut Limon, du ministère des Transports, a été réalisé un état de l’art de l’existant au niveau national, européen et mondial. Premier enseignement : la RSE commence là où s’arrête la loi, nous parlons donc bien de ce que les entreprises peuvent faire si elles le souhaitent, au-delà de ce que la règlementation exige. Pour ce faire, nous nous sommes basés sur la norme ISO 26 000. Elle nous a permis de bâtir le socle du référentiel en reprenant ses sept domaines d’actions. Nous les avons appelés « enjeux » et les avons légèrement retravaillés en fonction du secteur. Nous avons ensuite établi une matrice de matérialité consistant à mettre des priorités sur ces enjeux. La validation de cette matrice de matérialité s’est déroulée en trois phases successives entre juin et novembre 2017. D’abord par une première consultation publique durant l’été, puis par le biais d’interviews et enfin via une réunion extraordinaire de la Section, début octobre 2017. Enfin, en novembre, ont été organisés trois ateliers thématiques permettant de mieux préciser, enjeux, leviers et KPI’s.

 

Finalement, comment s’articule ce référentiel ?

Il est constitué d’une introduction et de cinq fascicules. Le premier explique ce qu’est la RSE et pourquoi démarrer une telle démarche en logistique. Il présente également son contenu et comment l’utiliser. Le second volet « lignes directrices » permet d’accompagner les entreprises dans la définition de leurs enjeux prioritaires et la réalisation de leur matrice de matérialité. Pour cela, nous présentons les 27 enjeux priorisés. Les huit premiers, appelés « les fondamentaux communs », sont apparus comme essentiels à la fois pour les donneurs d’ordres et les prestataires logistiques : santé et sécurité au travail, développement du capital humain, changement climatique, énergie, pollution de l’air, liens durables clients/fournisseurs, intégration de la RSE dans la stratégie et enfin pratiques loyales. Viennent ensuite les enjeux majeurs opérationnels puis les spécifiques ou sectoriels. Sur cette partie, chaque entreprise vérifie si elle est concernée par le sujet. Si c’est le cas, cela devient un enjeu majeur et si non, un enjeu annexe. Le troisième fascicule concerne la mise en oeuvre. Pour chaque enjeu sont décrits les objectifs stratégiques, les types d’actions principales à mener pour les atteindre et pour chacun des types d’actions, des leviers stratégiques, opérationnels et d’amélioration continue. Nous proposons aussi des indicateurs de performance qui doivent permettre d’évaluer si l’objectif stratégique est atteint. Le quatrième fascicule donne des compléments au précédent, principalement sur les huit enjeux fondamentaux, et enfin, le dernier contient un glossaire ainsi que toutes les annexes.

 

Quelles sont ses perspectives ?

À court terme, l’ensemble des acteurs, y compris les fédérations et associations professionnelles doivent s’en emparer pour le diffuser largement auprès des entreprises françaises. Ensuite, le référentiel est un document qui a vocation à être réactualisé et complété dans l’avenir. Nous aimerions également passer à un niveau européen, voire international en le traduisant dans un premier temps puis en suggérant à la Commission européenne de s’en emparer. Je suis convaincu que le référentiel représente une contribution essentielle de notre profession à l’indispensable évolution vers un monde plus durable.

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