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La naissance d'un référentiel RSE pour la logistique

Présenté le 28 septembre 2018 au ministère de l'Économie et des Finances, ce référentiel se veut un guide pour la mise en place d'une politique sociétale chez les acteurs du secteur de la logistique, quelle que soit leur taille. Fruit de trois ans de travail, il est déjà à l'œuvre chez une vingtaine d'entreprises primo-utilisatrices.

Publié le 1 octobre 2018 - 16h20
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Charlotte Cousin pour Voxlog

Pourquoi lancer un référentiel RSE (responsabilité sociétale des entreprises) en logistique ? Parce que le gouvernement s'est engagé en 2016 au travers de sa stratégie nationale « France logistique 2025 » dans un plan d'action au sein duquel figure la création de ce référentiel qui constitue également une demande exprimée par le monde professionnel. Basé sur l'engagement volontaire, la mise en place de ce référentiel « s'adresse à toutes les entreprises française opérant des activités logistiques quelle que soit leur taille, aussi bien les OAL (opérateurs d'activités logistiques) que les donneurs d'ordres (les chargeurs) », précise Laurent Grégoire, président de la section thématique Logistique & Supply Chain de la Commission Nationale des Services et responsable partenariat entreprises, Chaire supply chain de CentraleSupelec.

 

Sept champs d'actions et huit enjeux fondamentaux

Il répond ainsi à deux objectifs principaux : accompagner les entreprises de la filière logistique dans une démarche de responsabilité sociétale, en particulier les TPE, PME et ETI, et faciliter les échanges entre donneurs d'ordres et prestataires de services logistiques, notamment lors des appels d'offre. « Il s'agit d'établir un lien robuste entre les différentes définitions généralistes de la RSE et les réalités de la filière de la logistique », explique Thibaut Limon, chargé d'études en économie des transports, DGITM (Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer). Pour répondre à ces enjeux sociétaux, sept champs d'action ont été définis (Gouvernance, Environnement, Droits de l'homme, Social, Loyauté des pratiques, Développement des territoires et Enjeux liés aux clients/consommateurs). « Dans le référentiel, nous abordons l'ensemble des objectifs de la RSE en les hiérarchisant », poursuit-il. Huit enjeux fondamentaux communs sont ainsi mis en avant : changement climatique, énergie et pollution de l'air dans la partie « Environnement » ; santé et sécurité au travail, développement du capital humain dans le volet « Social » ; intégration de la RSE dans la stratégie et dans la gestion des risques et des opportunités dans le champs « Gouvernance » ; liens durables avec les clients, sous-traitants et fournisseurs pour la « Loyauté des pratiques » ; et pratiques loyales en matière d'informations et de contrats en ce qui concerne le domaine « Enjeux liés aux clients/consommateurs ».

 

Un guide évolutif

Commandé en 2015, le référentiel aura demandé trois ans de travail, parti du constat qu'il n'existait pas encore d'équivalent en France ni en Europe. La tenue d'entretiens avec les acteurs du secteur, prestataires et donneurs d'ordres, la mise en place d'ateliers thématiques et l'aide apportée par des consultants ont préfiguré la rédaction du document avec « au total plus de 100 organisations impliquées », précise Thibaut Limon. Concrètement que contient-il ? Cinq fascicules, le premier pour comprendre la RSE, motiver la démarche et appréhender le référentiel ; le deuxième présentant les lignes directrices, identifiant et hiérarchisant 27 enjeux RSE en logistique ; le troisième s'attardant sur la mise en œuvre proprement dite, avec « des indicateurs de performance pour mesurer les leviers d'action mis en œuvre » ; le quatrième axé sur le pilotage et le dialogue avec les clients et les autres parties prenantes ; et le cinquième constitué d'annexes donnant accès aux documents de référence pour approfondir l'ensemble des sujets. Un guide structuré donc mais pas figé dans le temps pour autant, comme l'explique Laurent Grégoire qui appelle à faire vivre ce référentiel : « Il faudra faire remonter les idées, les difficultés des acteurs de la filière. Nous comptons sur eux ».

 

Une vingtaine d'entreprises engagées

Présenté davantage comme un guide de bonnes pratiques, le référentiel ne se substitue pas à un label et n'apportera pas de certification, précisent ses concepteurs. Un logo de référence devrait néanmoins être accessible prochainement pour les acteurs s'engageant dans cette démarche. C'est déjà le cas d'une vingtaine d'entreprises, impliquées dans une phase pilote, menée ces derniers mois.

 

L'entreprise Transports Cordier, une PME bourguignonne, figure parmi ces sociétés primo-utilisatrices : « Cela nous permettait de faire un inventaire, une classification de notre culture d'entreprise pour observer ce qui était déjà référencé et de nous inscrire dans un projet en y faisant participer nos salariés », témoigne Ludovic Colley, son dirigeant. De son côté, le Groupe Brangeon dans le Maine-et-Loire, déjà engagé dans une politique RSE souhaitait poursuivre cette démarche de manière encore plus « technique », tout en conservant l'enjeu fondamental de « mettre l'humain au cœur de l'entreprise », souligne Pascal Marquer, son directeur transport. Pour la société européenne Stef, spécialisée dans le transport et la logistique du froid, également acteur du pilote, la RSE fait partie du business model de l'entreprise depuis longtemps. « Cela nous semblait important d'être un acteur fort et de partager notre expérience sur ce référentiel qui va nous permettre de continuer à améliorer la structuration de notre démarche », explique Céline Liegent, directrice responsabilité sociétale Stef, tout en insistant également sur la nécessité d'une mise en place « simple » pour y parvenir.

 

Face à ces premiers tests, François Poupard, directeur général de la DGITM, fait un premier constat : « Le référentiel remplit l'objectif de mettre l'accent sur les relations entre donneurs d'ordres et logisticiens » et souligne que sa réussite « ne dépendra pas seulement des pouvoirs publics mais également de l'énergie que les acteurs du secteur y mettront ».

 

Les fascicules sont disponibles en ligne sur le site du ministère de la Transition écologique et solidaire.

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