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Entrepôts

AGV, AMR : une variété d'équipements et de concepts

Publié le 2 septembre 2021
SOMMAIRE

Entre AGV et AMR, les constructeurs étoffent leurs gammes pour automatiser un nombre croissant de process dans l’entrepôt. De quoi proposer un large spectre de services qui peuvent venir s’accoler à des systèmes fixes déjà en place.

Technologie déployée dans le monde de la supply chain depuis des dizaines d’années, l’AGV s’est fait une place dans le catalogue des constructeurs intralogistiques. À l’instar des chariots classiques, ses applications se déclinent selon les besoins : tractage, roulage et déplacement de palettes, ou encore gerbeurs. Une variété de formats permise par le fait que la plupart des AGV disponibles sur le marché sont des chariots standards sur lesquels ont été installés des systèmes de guidage. C’est le cas par exemple chez Still, où l’offre automatisée a été conçue autour de chariots de série augmentés de packs d’automatisation. « Désormais, les véhicules que nous produisons intègrent de plus en plus la possibilité d’accueillir de l’automatisation. Cela nous permet de proposer des AGV moins chers, mais aussi plus faciles à entretenir et suivre tout au long de leur utilisation. Ils peuvent être réparés avec des pièces standard en cas de panne, avec l’aide d’un SAV disposant de techniciens partout en France. De plus, il est toujours possible de reprendre les chariots en utilisation manuelle en cas de besoin – même si cela n’est évidemment pas leur but premier », note Bruno Chambraud, responsable du département intralogistique chez Still France.

 

Même son de cloche chez Fenwick, qui propose à ses clients « des chariots qu’ils connaissent, déjà présents en standard sur leurs sites, mais qui peuvent, grâce à un kit d’automatisation, se déplacer de façon autonome pour remplir des missions dans l’entrepôt, étendre les plages horaires, diminuer les risques pendant le transit ou améliorer la productivité, sans tout révolutionner dans l’organisation de travail », note Christian Sauzin, directeur ventes et marketing chez Fenwick-Linde. Pour piloter ses chariots, Fenwick-Linde utilise le kit de géonavigation développé par Balyo et prend en charge ensuite l’ensemble du projet, de l’analyse du besoin à la maintenance du dispositif en passant par la définition de la solution, et l’installation. Du côté de Jungheinrich, l’offre automatisée existe depuis plusieurs dizaines d’années, mais a été formalisée avec le lancement d’une gamme de produits propres depuis 2010. « Nous avons décidé de miser sur notre expertise sur les chariots en série, et d’automatiser nos véhicules standards dans nos usines. Cela permet à nos utilisateurs d’avoir un interlocuteur unique », note Éric Deffontaines, responsable d’activité AGV pour le constructeur allemand. Et celui-ci automatise les flux de tout type et taille d’entreprise : « L’un de nos clients a débuté son automatisation avec cinq AGV sur un entrepôt, et a peu à peu étendu sa flotte jusqu’à 10 ou 11 véhicules sur plusieurs entrepôts. Mais nous équipons aussi des plus petits clients avec seulement un ou deux AGV. Il s’agit de grandir avec lui, par un accompagnement complet, qui peut s’étendre aux solutions intralogistiques comme le rayonnage », explique Éric Deffontaines.

 

Des offres hybrides chez certains constructeurs

Mais, chez certains acteurs jusqu’ici plutôt spécialisés dans les AGV, un intérêt pour les AMR s’est traduit récemment avec le lancement de nouveaux produits, parfois en collaboration avec des acteurs spécialisés dans le domaine de la robotique. C’est le cas de Jungheinrich, qui a pris à l’automne 2020 une participation majoritaire dans la start-up munichoise Magazino. Lancée en 2017, celle-ci développe un robot préparateur de commandes mobile, ainsi que des logiciels de navigation et de contrôle sous le nom Acros.AI. Une offre complémentaire pour le groupe, avec des utilisations pour du picking de cartons ou de bacs, sur des petites étagères par exemple, à destination du e-commerce. « Sur des solutions de picking telles que celles de Magazino, nous sommes vraiment dans une optique de cohabitation avec les opérateurs dans les allées. Ce sont de petits chariots avec des fonctionnalités de contournement d’objets et d’obstacles », note Éric Deffontaines. Même point de vue chez Still qui propose également ses « tortues », petits AMR capables de déplacer des palettes de manière autonome : « Peu encombrantes et offrant beaucoup de flexibilité, ces robots peuvent avoir accès à l’intégralité des zones d’un site logistique ou de production, avec un coût plus réduit qu’un AGV. C’est la porte d’entrée vers l’automatisation sans avoir besoin de grandes machines ou d’investissement trop importants », note Florian Kratzer, international key account manager pour les solutions automatisées chez Still.

 

Cette notion d’offre d’automatisation complète réunissant à la fois AGV et AMR est également au coeur de la stratégie d’Alstef Group. Une vision d’autant plus prégnante pour l’entreprise depuis la constitution en septembre 2020 d’une bannière unique pour ses différents services : « Nous proposons des solutions automatisées complètes, dans lesquelles les AGV et AMR viennent s’intégrer au même titre que n’importe quel type de transitique, pour des process allant de la réception jusqu’à l’expédition. Notre offre s’axe sur les charges lourdes, et principalement la palette », détaille Sébastien Dumon, chef de produit solutions intralogistiques chez Alstef Group. L’entreprise propose des AGV transpalettes horizontaux, des tri-directionnels pour le stockage, « pensés pour être une alternative aux transstockeurs », ou encore un rétractable qui peut atteindre des rayonnages jusqu’à 10 m de haut. Côté AMR, l’entreprise a développé le Loadstar, petit robot capable de porter une palette, pouvant se déplacer dans des endroits plus étroits (lignes de production, zones de préparation de commandes). Au total, le groupe a ajouté quatre nouveaux véhicules autonomes ces deux dernières années à son catalogue. Et il poursuit l’amélioration de sa gamme avec « des innovations technologiques, principalement du côté de la vision des véhicules, pour s’assurer de la prise et dépose sans défaut des charges ». Des efforts qui portent également sur les fonctionnalités logicielles pour dégager « une intelligence supplémentaire qui réponde à tous les cas d’usage. Chez Alstef Group, nous avons une activité historique dans l’aéroportuaire, où il faut que les bagages arrivent juste à temps dans des process automatisés. Nous dupliquons aujourd’hui ce savoir-faire dans le monde de l’entrepôt pour sécuriser la chaîne logistique », note Sébastien Dumon.

 

Des experts spécialisés pour les AMR

Aux côtés de ces constructeurs historiques du monde de la logistique, de nouveaux acteurs roboticiens émergent, se spécialisant uniquement dans les solutions AMR de multiples formats. Parmi eux, Mobile Industrial Robots (Mir), dont les solutions se déclinent en deux catégories selon leur capacité de charge, précisée par le chiffre dans leur nom : des petits robots faisant la taille d’une demi-palette tels que les Mir 100, 200 et 250, et des engins capables de déplacer des palettes complètes que sont les Mir 500 et 1000. Roulant à une vitesse de deux mètres par secondes, ces robots peuvent prendre de nombreux types de charges, avec des modules adaptés selon les besoins : « Chez Mir, nous fabriquons les robots de manière standard, mais nous proposons des accessoires. Car si sur les charges larges, on reste principalement sur du transport de palette, les robots plus petits peuvent accueillir différents types de solutions : des petits convoyeurs capables de se connecter avec des systèmes de transitique fixes, des étagères, etc. », précise Olivier Pommares, responsable commercial France chez Mir.

 

Autre nouvel acteur dans le domaine, Sherpa Mobile Robotics. Celui-ci est une filiale de Norcan, constructeur équipementier pour le monde industriel. Il propose depuis plusieurs années maintenant le Sherpa B, un AMR offrant du transport de marchandises par bacs de différents formats, développé en interne. « Nous avons conçu une fonction de robot suiveur, appelé « follow me ». Grâce aux capteurs embarqués, le robot va accompagner l’opérateur dans tous ses mouvements au sein de l’entrepôt, pour ses missions de préparation de commandes et de picking. Quand l’humain a terminé sa tâche, il appuie sur un bouton intégré au robot, et ce dernier part en totale autonomie, pour rejoindre un convoyeur par exemple. Le robot vient en aide aux opérateurs pour des taches de manutention, mais aussi pour des missions sur les bords de lignes de convoyage, ou du transfert de marchandises… », raconte Arnaud Debs, responsable marketing chez Sherpa Mobile Robotics. Le Sherpa B porte des charges allant jusqu’à 200 kg et peut être adapté selon les besoins. En effet, si la partie basse du robot est toujours la même, son « top module » peut varier selon les types de charge et l’usage : « Nous avons un plateau simple où l’on pose le bac, mais aussi une solution qui intègre un convoyeur latéral pour décharger automatiquement un ou deux bacs, frontalement ou latéralement. C’est toute une gamme qui est ainsi développée ». Depuis le début de leur commercialisation il y a deux ans, une quarantaine de Sherpa B sont en activité. Et l’entreprise va prochainement élargir sa gamme avec un nouveau robot, le Sherpa P, pour du transport de palettes avec une capacité de charge jusqu’à une tonne. Là encore, plusieurs modules pourront être proposés : un plateau simple, une fonction lève-palette accompagnée d’une gare de chargement/déchargement, mais aussi un système de table élévatrice. « Ce robot peut intervenir chez des industriels, en fin de chaîne de production vers les quais de chargement par exemple, mais aussi chez des logisticiens et transporteurs ou dans le e-commerce », note Arnaud Debs. Commercialisés depuis quelques mois, les premiers modèles du Sherpa P sont en cours d’installation. L’entreprise développe également son réseau de partenaires, pour « avoir des experts métiers associés à nos compétences et ainsi répondre à un maximum de cas d’usages ».

 

L'AMR fait les mouvements pour l'opérateur

Acteur historique du secteur de l’intralogistique et éditeur de logiciels pour la supply chain, le groupe Savoye a lui aussi décidé de se spécialiser dans le domaine des AMR. Si sa gamme de produits comprenait déjà des éléments de mécanisation et d’automatisation pour les flux en entrepôt (avec notamment le système goods-to-person X-PTS pour la préparation de commandes de charges légères, le système automatisé Magmatic pour les charges lourdes ou encore sa gamme de convoyeurs Intelis), ceux-ci étaient adaptés aux plateformes ayant généralement beaucoup de flux. « Nous étions moins présents sur des technologies qui visent à traiter des flux moins denses. Il nous a semblé pertinent de faire appel à des technologies de robotique mobile pour adresser les besoins de plateformes plutôt manuelles, faisant leur premier pas vers l’automatisation » raconte Marc-Antoine Fernet, chef de produits robotique et nouvelles technologies chez Savoye. Pour cela, l’entreprise s’est associée à l’expert robotique Omeron. Il lui a fournit sa technologie de robots mobiles et son système de management de flotte, qui gère la cartographie et la navigation. Savoye s’est chargé ensuite du design de service et du pilotage, afin de répondre à des problématiques métiers de la supply chain. Nommé Fleexee, l’AMR peut déplacer une étagère capable de transporter des colis de dimensions 600 x 800 mm pour 80 kg sur deux niveaux, avec de nombreux éléments embarqués, tels que des écrans, bandeaux LED ou boutons de validation. Une solution conçue autour du concept du « rendez-vous » entre robots et opérateurs : « Sur une plateforme manuelle, où les produits sont posés sur des étagères fixes pour du picking, l’opérateur se déplace pendant 70 à 80 % de son travail. Nous avons cherché à réduire ce temps pour augmenter la performance. L’idée : décharger l’opérateur des mouvements avant et après sa mission de picking (il n’a pas besoin d’aller chercher ou déposer le chariot qu’il utilise pour picker les marchandises), mais également réduire les déplacements lors de la préparation de commandes manuelle. Dans le mode de fonctionnement Rendez-vous, l’opérateur reste toujours dans la même zone, et c’est l’AMR qui est chargé des mouvements », explique Marc-Antoine Fernet.

 

C’est le composant WES (Warehouse execution system), développé par Savoye, intégrable avec l’ensemble des WMS du marché, qui permet de calculer le meilleur séquençage des rendez-vous entre robots et opérateurs pour réduire au maximum ses mouvements, avec une gestion des positions qui fonctionne par terminaux mobiles. Une solution que Savoye considère comme complémentaire aux autres équipements de sa gamme, travaillant d’ailleurs à la connexion entre son AMR et ses solutions de transitique : « Notre robot peut aller s’interfacer à un système mécanisé pour du chargement et déchargement, avec un module intégré en simple ou double convoyeur. C’est une offre qui a du sens dans les projets que nous menons car, dans certains entrepôts, il nous arrive de mettre en place des convoyeurs pour traiter des flux assez faibles ». Marc-Antoine Fernet note le cas d’un client dans le domaine du bricolage BtoB, dont une partie de l’activité voyait des artisans et professionnels venir récupérer leurs commandes directement sur le site logistique. Or, les quais pour leurs camionnettes étaient situés loin de la zone traditionnelle d’expédition. « Habituellement, il aurait fallu déployer du convoyage, qui prend de la place de manière pérenne sur le site, pour traiter des flux faibles – de 20 à 30 véhicules par jour. L’AMR offre donc une alternative moins chère et moins contraignante, qui travaille de manière collaborative pour réaliser le déplacement de ces commandes BtoB ». Un cas d’usage qui démontre la pertinence de la robotique mobile pour la supply chain. Commercialisé depuis le début de l’année 2021, Fleexee devrait être déployé sur le site d’un client de Savoye d’ici la fin de l’année.

Focus

La Chine apporte ses solutions en Europe

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Mais les innovations se développent également à travers le globe. C’est le cas en Chine, où le groupe Geek+ s’est lancé en 2015, se spécialisant dans les solutions robotiques et intelligentes à destination de l’intralogistique. Sa gamme se décline en plusieurs types de solutions. Tout d’abord, une série de robots autonomes destinés à différentes utilisations : en picking goods-to-person avec des étagères portant jusqu’à 500 kg, ou pour du déplacement de palettes. L’entreprise propose également des systèmes de tri, ainsi qu’une récente solution nommée RoboShuttle C200, permettant de prendre automatiquement des bacs plastiques depuis des étagères dans des allées étroites, grâce à un système de levée et de préhenseurs. « En combinant une large gamme de produits robotiques et de logiciels modulaires combinés à des algorithmes intelligents, nous offrons des solutions sur mesure qui visent à résoudre les goulots d’étranglements dans l’activité logistique selon les besoins de chaque client. Utiliser l’IA et les technologies de robotique mobile nous offre de la flexibilité et de l’agilité, et permet à nos clients de répondre aux challenges du e-commerce et aux tendances actuelles : volumes fluctuants, cycles de demandes imprévisibles, hausse de la demande de livraisons rapides et bon marché de la part des consommateurs », détaille Jackson Zhang, vice-président de Geek+ Europe. Lancée en Europe en 2019 avec l’ouverture de locaux à Düsseldorf, l’entreprise collabore avec des grands noms dans le retail, la mode, l’e-commerce et les 3PL. « Nos robots permettent d’automatiser toutes les taches répétitives et consommatrices de ressources humaines. L’exemple phare concerne les solutions goods-to-person qui laissent nos robots trouver et prendre des étagères de produits depuis le stock jusqu’à une station de travail pour que l’opérateur, guidé par une interface simple d’utilisation, puisse réaliser les dernières étapes de la préparation de commandes. Cela va augmenter l’efficacité de 300 % et offrir un taux de qualité de 99,99 %, tout en apportant plus de sécurité dans les opérations en entrepôt », raconte Jackson Zhang.

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