« Résilience », c’est par ce terme que Cécile Tricault, directrice générale Europe du Sud de Prologis, décrit 2020 pour le propriétaire, opérateur et développeur en immobilier logistique. Une année marquée par la crise sanitaire, mais qui présente tout de même « d’excellents résultats dus à la qualité et à la localisation de notre portefeuille immobilier », explique-t-elle. Avec, au 31 décembre dernier, 912 millions de dollars d’acquisitions et un peu plus de 2 milliards de dollars en lancement de nouveaux projets au niveau international, Prologis, présent actuellement dans 19 pays, a procédé durant l’année à des recrutements faisant passer ses équipes de 1 600 à 1 945 employés.
Les enseignements de la crise
« Nous gérons environ 91 millions de m² à travers le monde dans 4 700 bâtiments avec un taux d’occupation qui frôle les 96 %, détaille Cécile Tricault. En Europe il est proche des 97 % », avec 843 bâtiments pour 18,6 millions de m². À noter un taux d’occupation légèrement plus bas en Europe du Sud (94,8 %) traduisant le fait que la zone a été « particulièrement touchée par le Covid ». Prologis aura mis à disposition, durant cette période, un million de mètres carrés aux États-Unis et en Europe « pour des agences locales, des hôpitaux, des organisations de secours » tandis qu’un fond de 5 millions de dollars a été créé par la Fondation Prologis pour soutenir diverses organisations associatives. Plusieurs grands enseignements peuvent être tirés de cette crise, juge Cécile Tricault : d’une part l’accélération évidente du e-commerce mais aussi un besoin de résilience : « La filière avait probablement été trop loin dans l’optimisation de la chaîne logistique en essayant de limiter les stocks et en misant sur les flux. Lorsque les productions se font en Asie, si ce canal est coupé, on se retrouve démunis. Cela se traduit par la nécessité d’un stock tampon permettant de ne pas être aussi dépendants. Et cela va bénéficier au secteur de l’immobilier logistique car cela créera des besoins en surface ». Un besoin alimenté par les relocalisations de production à venir, « probablement pas sur la France mais en Europe avec la création de nouvelles filières ». Autre conséquence de cette épidémie : le renforcement de l’attention portée à l’environnement, prégnant chez Prologis qui « a beaucoup travaillé sur les sujets de logistique du dernier kilomètre » en 2020.
Logistique urbaine et traditionnelle
Dans l’Hexagone, qui compte au 31 décembre 2020 3,06 millions de m² et 95,8 % de taux d’occupation, l’année passée aura en effet été marquée par des acquisitions en logistique urbaine. Cinq d’entre elles ont été réalisées dans le Grand Paris (Rosny DC1, Vitry DC1, Paris La Défense DC1 et DC2, Yvry DC1). « Notre objectif est de créer un maillage entre le périphérique et l’A86 car la logistique urbaine ne consiste pas forcément à être au cœur de Paris et à prendre des surfaces très centrales, explique Cécile Tricault. Nous constatons un besoin de consolidation des flux à l’entrée des villes et c’est le positionnement que nous avons choisi ». Du côté de la logistique traditionnelle, qui demeure le cœur de métier de Prologis, la directrice Europe du Sud réaffirme les ambitions de l’entreprise sur la dorsale Paris, Lille, Le Havre, Lyon, Marseille et sa volonté d’« acheter des bâtiments XL ou XXL », le tout dans un marché qui demeure « tendu ». Alors qu’elle comptait 120 bâtiments fin 2019, l’année 2020 a en effet vu la taille du patrimoine resté « stable » (122 bâtiments). Une situation liée notamment à la crise sanitaire qui a vu des projets être freinés ou décalés, mais aussi à la « compétition féroce » ne permettant pas d’acquérir des actifs à des prix raisonnables, détaille Cécile Tricault, rappelant ne pas être « dans une stratégie de croissance à tout prix ». Pour autant l’ambition de « croître significativement dans les quatre à cinq ans » demeure, avec l'objectif de quatre millions de m² de surfaces. Si l’année dernière aura différé certains projets en blanc, notamment Le Havre DC8 dont le lancement de la dernière tranche se fera en 2021, Cécile Tricault indique la signature récente d’un bail en l’état futur d’achèvement pour un immeuble de 30 000 m² sur le site de Moissy 2 Les Chevrons. Un parc sur lequel, en 2020, l’entreprise s’est d’autre part « concentrée » avec le développement du bâtiment logistique de 100 000 m² clef en main pour Samada (filiale logistique de Monoprix) qui sera livré en 2021.