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Immobilier

Les entrepôts à l'heure de l'efficacité énergétique

Publié le 17 décembre 2025

4. Avec ses entrepôts Aut0nom, Argan favorise l’autonomie énergétique

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Argan | À Saint-Jean-sur-Veyle (01), près de Mâcon, Argan a inauguré à l’été 2024 un entrepôt Aut0nom de 31 000 m² pour U Proximité France.

Développant et gérant de nombreux actifs logistiques sur l’ensemble du territoire, Argan a créé sa propre labellisation, Aut0nom, concernant des entrepôts équipés notamment de centrales photovoltaïques et de batteries destinées à l’autoconsommation des occupants. Entretien avec Laurence Madrange, responsable technique du patrimoine d’Argan et Aymar de Germay, secrétaire général et membre du directoire de la foncière française.

En votre qualité de foncière, quel rôle avez-vous à tenir dans les déclarations relatives au décret tertiaire ?
Aymar de Germay : Cela peut surprendre, mais l’entrepôt est la classe d’actif immobilier sur laquelle peuvent être mises en œuvre le plus de mesures concrètes d’efficacité énergétique vertueuses. Ce qui est contre-intuitif, en sa qualité de « hall à courant d’air ». En réalité, c’est un bâtiment peu chauffé – mis à part dans les bureaux –, pouvant aussi produire de l’énergie. Avant même toute action, la difficulté que rencontrent toutes les foncières consiste à collecter les informations. Sur notre patrimoine de 3,7 millions de m², ce sont, à quelques exceptions près, nos locataires qui paient les factures d’énergie via leurs contrats de fourniture. Un immense travail a ainsi été mené en amont auprès d’eux, afin de récupérer les données énergétiques relatives à l’électricité et au gaz, mais aussi les consommations d’eau. 
Laurence Madrange : Ces déclarations sont en effet effectuées soit par les locataires, en général, pour les entrepôts monolocataires, soit par Argan pour les bâtiments multilocataires. Un important travail a aussi été nécessaire afin de bien déterminer les valeurs absolues, les décrets précisant les méthodologies de calcul dédiées à l’immobilier logistique étant parus très tard. Nous y voyons désormais plus clair : pour atteindre les objectifs de diminution de consommation d’énergie de -40 % en 2030, nous devrions opter pour une valeur relative sur les bâtiments les plus anciens de notre patrimoine, et pour des valeurs absolues concernant nos entrepôts récents. Il sera en effet compliqué de faire -40 % sur un entrepôt labellisé Aut0nom.

 

Pourriez-vous justement nous en apprendre plus sur ces entrepôts, en particulier sur les équipements concourant à leur singularité ?
Aymar de Germay : Les bâtiments logistiques que nous construisons aujourd’hui sont systématiquement labellisés Aut0nom, c’est-à-dire intégralement optimisés d’un point de vue énergétique : avec une centrale photovoltaïque en toiture raccordée à des batteries de stockage, un chauffage et un rafraîchissement via des pompes à chaleur air-air ou parfois air-eau, de la GTC, des luminaires LED avec détecteur de présence et de luminosité, une isolation renforcée… Ces entrepôts émettent très peu, à savoir environ un kilo de CO2 par m² et par an. Nous les présentons comme « net zéro carbone », car nous faisons le choix de compenser ce kilo résiduel par une opération de reforestation menée en France et labellisée par l’État. Le premier Aut0nom a été livré en 2022 à Serris, en Seine-et-Marne. Une quinzaine sont déjà bâtis, en cours de construction ou de finition. Il n’y a cependant pas de portrait-robot ; les bâtiments Aut0nom peuvent à la fois être secs mais aussi froids, comme pour celui de plus de 80 000 m² et tri-température, livré à Carrefour en juillet 2024, à Mondeville près de Caen. Des différences concernent également l’activité du client et le degré de couverture, en autoconsommation, de ses besoins en énergie.

 

Selon la typologie des bâtiments, quelle part d’autonomie énergétique vos équipements permettent-ils de couvrir ?
Laurence Madrange : Sur un entrepôt sec standard chauffé l’hiver, environ 40 % de l’électricité consommée le long de l’année provient du photovoltaïque ou des batteries. En fonction de la typologie des bâtiments, ce taux peut encore augmenter, par exemple sur des messageries qui consomment très peu. Sur un entrepôt froid en revanche, il va plutôt descendre autour de 30 %. Sur du froid négatif avec des consommations particulièrement importantes, l’autoconsommation représente 20 voire 15 % des besoins en énergie sur l’année.

 

Comment ont évolué, ces dernières années, les usages et les consommations de vos locataires ?
Aymar de Germay : Bien qu’engagés depuis longtemps dans une démarche pédagogique de sobriété, à laquelle nous associons nos locataires, nous avons été, il faut le dire, malheureusement aidés dans nos ambitions par la crise ukrainienne. Car la flambée des prix de l’énergie, en particulier du gaz, a poussé nos clients à faire plus attention à leurs consommations. Lorsque nous entrions, avec nos équipes, dans des entrepôts chauffés à plus de 19 °C, nous avions chauds et trouvions cela parfois délirant. Mais les usages ont évolué dans le bon sens. Nous incitons, de plus, nos locataires à souscrire à des contrats de fourniture d’énergie verte certifiée. C’est aussi un moyen, pour Argan, d’impacter favorablement notre bilan carbone. Notre objectif d’ici 2030 consiste par ailleurs à réduire de moitié nos émissions par rapport à 2022, en passant d’environ 25 000 tonnes annuelles à 12 500 tonnes pour le Scope 3 « in use ». Parallèlement, nos clients doivent aussi établir leur reporting carbone ; le fait qu’ils puissent disposer d’un entrepôt Aut0nom, sobre d’un point de vue carbone, est un avantage notable. Nous mettons enfin, dès la phase de conception, toutes les chances de notre côté pour diminuer les consommations de nos locataires et améliorer l’efficacité énergétique de leur bâtiment. Il n’y a pas de réponse unique, mais plutôt une batterie d’actions doublée d’une sensibilisation à mener sur le long terme.

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