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Prologis et Monoprix lancent le premier entrepôt carbone neutre au monde à Moissy-Cramayel

Situé au cœur du parc Prologis Moissy 2 Les Chevrons, ce site de 100 000 m² traite la logistique non alimentaire du groupe Monoprix. Équipé d’une solution robotique d'Exotec, l’entrepôt affiche une performance environnementale optimale, en faisant le premier bâtiment logistique certifié carbone neutre au monde.

Publié le 15 octobre 2021 - 13h05
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Voxlog

Alors que la problématique environnementale est de plus en plus au cœur de ses préoccupations, avec la signature récente d’une charte d’engagement sur le sujet avec l’État, la filière française de l’immobilier logistique pousse toujours plus loin l’optimisation de la performance de ses bâtiments. La nouvelle plateforme de Prologis, baptisée Moissy 2 DC1 et située sur le Parc Prologis Moissy 2 Les Chevrons à Moissy-Cramayel (77), en est un exemple éclatant. Livré cet été et occupé par le groupe Monoprix, cet entrepôt de 100 000 m² est en effet le premier site au monde à bénéficier d’une certification « carbone neutre ». Cette certification, délivrée par l’organisme américain ILFI (International living future institute), porte à la fois sur la phase de construction du bâtiment, mais également sur son exploitation pour les 50 années à venir. « Ce projet va constituer une nouvelle référence dans notre secteur. Il y aura un avant et un après Moissy 2 DC1 », résumait Cécile Tricault, directrice Europe du Sud de Prologis lors de l’inauguration du bâtiment, le 14 octobre 2021. « Nous défendons une vision exigeante de la neutralité carbone, en faisant le choix de réduire plutôt que de compenser, d’éviter plutôt que de réparer. D’ici à 2072, nous allons réduire de 80 % le CO2 qui aurait dû être émis par le site », juge de son côté Jean-Paul Mochet, président du Groupe Monoprix, espérant « ne pas être les seuls dans ce combat, car c’est l’ensemble du monde logistique et de l’économie qui doit prendre le tournant d'une croissance décarbonée. Il faut bâtir un modèle de croissance compatible avec la réduction de l'empreinte carbone ». Les 20 % d’émissions n’ayant pas pu être évitées dans le projet seront compensés, afin d’atteindre la neutralité.

 

150 000 tonnes de CO2 économisées

Le terrain même où s’élève aujourd’hui l’entrepôt de Prologis tient aussi d'une histoire de renaissance, le parc logistique ayant été développé sur une ancienne friche industrielle de PSA qui, en 2012, avait été acquise par le promoteur pour être redéveloppée en direction de la logistique. Deux bâtiments y avaient déjà trouvé place, un premier en 2016 pour Action, puis un deuxième l’année suivante pour Cultura. Mais le nouvel entrepôt occupé par Monoprix est unique en son genre tant il vise à réduire l’empreinte carbone du site sur les scopes 1 (émissions directes) et 2 (émissions indirectes liées aux consommations énergétiques). « Cela n’avait jamais été fait auparavant. Nous avons analysé le cycle de vie du bâtiment et optimisé son développement pour éviter l’émission de 150 000 tonnes de CO2 », raconte Olivier Barge, vice-président et directeur des projets pour l’Europe du Sud chez Prologis. Ces 150 000 tonnes se divisent en deux chapitres : 40 000 tonnes économisées sur la phase de construction, et 110 000 sur l’exploitation. Sur la partie construction, menée avec le promoteur Idec à partir de la mi-octobre 2020, une réduction de 75 % des déchets du chantier a été permise par l’utilisation de produits biosourcés ou recyclés, dont une partie des matériaux issus de la démolition des bâtiments de la friche. Un système de gestion des eaux pluviales a d'autre part été mis en place pour atteindre la transparence hydraulique du site, afin de transférer les eaux dans les nappes phréatiques et éviter les risques d’inondation.

 

Des pompes à chaleur représentant 30 % de la décarbonation

Un travail important été réalisé sur l’inertie thermique du bâtiment et son isolation, grâce à des collaborations fortes avec différentes entreprises dans le domaine de l’énergie. Parmi elles, on trouve Accenta, acteur spécialisé dans la chaufferie et la climatisation bas carbone qui a développé un système de pompes à chaleurs stockant dans le sol la chaleur de l’été et le froid de l’hiver pour les restituer sous forme de chauffage et de climatisation plusieurs mois plus tard. Cette installation, située sous le parking du bâtiment, est constituée d’une centaine de sondes de 100 mètres de profondeur qui conservent l’énergie calorifique via la circulation d’eau. Une installation innovante, pilotée grâce à des algorithmes poussés, qui représente pas moins de 30 % de la décarbonation totale du projet, grâce à une consommation de chauffage réduite de 60 %. Au total, la consommation d’énergie du site est passée de 75 % en moyenne à seulement 14 % des impacts totaux du bâtiment. Des systèmes Led ont également été installés (divisant la consommation de l’éclairage par quatre, soit 80 tonnes de CO2 en moins par an), et la plateforme bénéficie sur sa toiture de 36 000 m² de panneaux solaires qui couvrent 25 % de la consommation du site. Pour le béton, ce dernier étant responsable de 10 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, des tests pour un béton bas carbone ont également été menés sur une zone de 400 m² avec Hoffmann Green Cement Technologies. Ceui utilisé dans cette expérimentation ne nécessite pas de cuisson, ce qui divise par quatre les émissions de carbone de la dalle. Le suivi de cette construction dans le temps permettra à Prologis de potentiellement étendre cette technique sur ses autres sites dans le futur. Enfin, le respect de la biodiversité a également représenté un aspect crucial sur le site, avec la mise en place d’un verger, d’abris pour la faune et d’un programme de sauvegarde des abeilles.

 

Un site multi-certifié

Tous ces efforts, ayant demandé plus de deux ans de développement, permettent aujourd’hui au bâtiment de Prologis d’afficher de multiples certifications. En dehors du « zéro carbone », qui sera confirmé en 2022 après une année d’exploitation, le site bénéficie d’une certification Breeam Outstanding, une première pour un entrepôt en France, de la certification Well Silver pour le bien-être au travail, là aussi donnée pour la première fois à un entrepôt dans l'Hexagone, ainsi que du label Biodivercity niveau performant. De quoi aller dans le sens des engagements de Prologis, l’entreprise souhaitant que toutes ses constructions soient neutres d’ici 2025. Des objectifs que porte également l’utilisateur du bâtiment, Monoprix : « Nous voulons diviser par deux notre empreinte d’ici à 2030, et atteindre la neutralité carbone en 2040 », déclare Jean-Paul Mochet. Un travail qui passe en partie par la mise en place d’une flotte de véhicules en propre moins polluants. 100 poids-lourds et semi-remorques de l'enseigne roulent d’ores et déjà au BioGNV (soit 25 % de la flotte), avec la volonté de doubler ce nombre d’ici 2024 pour que l’intégralité des flux parisiens passent en BioGNV. Monoprix a également fait l’acquisition d’un premier camion de 26 tonnes entièrement électrique. Avec une autonomie de 120 kilomètres, il permettra de faire des livraisons en température dirigée de plusieurs magasins tandis que l'achat d'un second véhicule fonctionnant à l’hydrogène est prévu l’année prochaine. Pour l’heure, Monoprix a déjà pu prendre place sur l’entrepôt : une première cellule a été mise à disposition en mai 2021, puis la livraison de la première phase a eu lieu le 4 août 2021 avant une  livraison complète prévue pour le 31 décembre 2021. L’investissement pour ce site n’a pas été précisé, mais a été réalisé en collaboration par Prologis et Monoprix.

 

Un site XXL automatisé par Exotec

Mais l’entrepôt n’est pas seulement une démonstration technique en faveur de l’environnement. Pour Monoprix, c’est également un nouveau site central pour l’organisation de sa logistique. 45 millions de colis y seront traités chaque année pour les produits essentiellement non-alimentaires (mode, décoration, parfumerie, hygiène) et boissons sans alcool, aussi bien du côté des flux d’approvisionnement quotidien des magasins (dont 50 % sont en Île-de-France) que de son activité e-commerce en forte croissance, l’enseigne souhaitant d’ailleurs multiplier par cinq ce segment dans les cinq prochaines années (avec des développements sur son site web mais aussi via des marketplaces). Ce nouveau bâtiment réunit les activités de trois autres entrepôts de l'enseigne situés également en Seine-et-Marne, qui vont progressivement fermer leurs portes (deux à la fin de l’année, le dernier au premier trimestre 2022), avec la conservation des emplois de l’intégralité du personnel, soit 400 salariés. « Du côté des flux, le nouvel entrepôt, qui traitera 40 000 références, recevra, au moment de sa livraison complète, 300 véhicules par jour, six jours sur sept, soit l’équivalent de 2 500 palettes », détaille Sébastien Laizet, directeur logistique de Samada, la branche logistique du groupe Monoprix.

 

Pensé pour répondre aux besoins de Monoprix pour les dix années à venir, la plateforme permettra à l’enseigne de poursuivre les efforts de modernisation de son activité. La RFID sera utilisée sur 85 % de ses produits, lui permettant de faciliter le traitement de ses flux à l’intérieur du site. Mais c’est surtout l’installation d’une solution robotisée développée par Exotec qui va permettre à l'enseigne d’accélérer sa capacité de production. Déjà en service sur le site, la zone robotique mise en place s'étend sur 2 000 m² et 10 m de hauteur. Comme à l’accoutumée, ce système goods-to-person voit la flotte de robots Skypod d’Exotec prendre, dans un stockage haute capacité, des bacs (au nombre de 40 000 pour l’instant) jusqu’à sept postes de travail où les collaborateurs pourront réaliser la préparation de commandes, avec une cadence de 400 pics par heure. 38 robots ont déjà pris place au sein de l’installation, avec la possibilité de monter jusqu’à 116 si nécessaire dans les années à venir. La flotte s'élèvera d’ailleurs dès cette année à 76 robots pour la période du Black Friday, l’installation pouvant voir son nombre de Skypod évoluer selon les besoins. « Pour nous, il s’agit de mettre la robotique au service de l’humain pour réduire la pénibilité de certaines tâches et améliorer les conditions de travail », résume Jean-Paul Mochet. Et Monoprix voit loin avec ce site, ayant signé un bail minimal de 12 ans.

Le site de Prologis et Monoprix en chiffres :

■ 100 000 m² lors de la livraison complète fin 2021 ;

■ 400 salariés ;

■ 45 millions de colis traités par an ;

■ 150 000 tonnes de CO2 neutralisées sur la construction et l'utilisation du site ;

■ 75 % de réduction des déchets de chantier ;

■ 2 000 m² d'installation Exotec avec jusqu'à 116 robots et 40 000 bacs.


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