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Rencontres internationales de la Supply Chain : des performances sociétales et économiques, c’est possible

Jeudi 20 juin 2019 se déroulait à Paris la deuxième édition des Rencontres internationales de la Supply Chain, organisées par l’Aslog. Une dense journée d’échanges et de tables rondes autour d’un thème plus crucial que jamais, celui de la satisfaction durable et responsable, ayant réuni un large panel d’intervenants.

Publié le 24 juin 2019 - 15h25
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C’est sur un constat d’urgence que ce sont ouvertes les Rencontres internationales de la supply chain, organisées le 20 juin 2019 à Paris par l’Aslog, association supply chain et logistique française. Celui d’une prise de conscience nécessaire des entreprises face aux dérèglements climatiques, sur une planète où le nombre d’habitant ne cesse de croître. En guise de lancement, c’est l’explorateur Bertrand Picard, ayant récemment complété un tour du monde via un avion 100 % électrique avec le projet Solar Impulse, qui est venu partager avec un public de logisticiens et de chargeurs sa vision d’un monde plus responsable. « Le CO2 est le marqueur de nos inefficiences. Aujourd’hui, les solutions existent et elles peuvent être profitables à vos entreprises », a-t-il ainsi déclaré lors de son intervention, évoquant le travail de sa fondation pour mettre en lumière et labelliser 1 000 solutions d’avenir dans les prochaines années. Le prélude d’une journée d’échanges et de tables rondes dont le but était faire, selon les mots de Jean-Michel Guarneri, président de l’Aslog, « la démonstration que des performances sociétales et économiques sont possibles et compatibles ». C'est ainsi un large panel de logisticiens et d’entreprises qui se sont succédés sur la scène du Pavillon d’Armenonville à Paris pour partager leur vision et leurs démarches menées depuis plusieurs années.

 

La RSE au cœur des projets

Sur la question de la responsabilité sociétale des entreprises, le groupe Renault est ainsi intervenu pour présenter ses efforts dans la réduction de ses émissions. Ce qui passe par exemple par un travail sur les véhicules : « Depuis 2016 dans la branche supply chain du groupe, ces émissions ont déjà pu être diminuées de 6 %, et elles s’inscrivent dans une plan global de réduction de 25 % d’ici 2022. Nous suivons ces évolutions via un reporting mensuel afin de mieux mesurer les impacts de nos activités et de pouvoir déployer des solutions plus propres. Il s'agit de travailler avec tous les métiers le long de la supply chain », a expliqué Florence Ughetto, experte sustainable supply chain pour Renault. Le logisticien acteur de la manutention palettes Chep a, lui, évoqué ses actions pour faire de ses clients « des acteurs de l’économie circulaire », comme le résume Latifa Gahbiche, sa PDG pour la France et le Maroc. « Alors que 25 % des camions ne sont pas chargés de façon optimale aujourd’hui, les entreprises cherchent à être davntage collaboratives dans leur supply chain, avec des intermédiaires qui puissent faciliter la mutualisation des besoins. Le rôle de Chep peut ainsi être d'identifier et de mettre en place des boucles de transport entre nos clients et nous-mêmes afin d’éviter les kilomètres à vide et d’optimiser le remplissage ». La PDG a ainsi évoqué ses collaborations passées avec Danone Volvic, qui réutilise ses wagons vides pour transporter des palettes (remplaçant 741 camions par 544 wagons et économisant 283 tonnes de CO2), ou encore Carrefour, qui mutualise ses flux de retour palettes pour plus de 11 630 camions, évitant 126 000 km à vide. Du côté du groupe Bolloré, de nombreuses initiatives ont également été lancées. « L’année dernière, nous avons souhaité structurer nos actions dans ce domaine en lançant le programme Powering Sustainable Logistics. Cette année, nous passons à l’action pour décliner ce plan dans les 106 pays où nous opérons. Aujourd’hui, ces questions RSE sont omniprésentes dans les appels d’offres auxquels nous répondons », explique Odile Maarek, directrice organisation, méthodes et RSE. Des initiatives qui concernent tout aussi bien des investissements sur les batteries électriques pour le transport que la mise en place de panneaux solaires sur le toit des entrepôts. Bolloré va également lancer un challenge nommé ACTogether qui invitera ses équipes à proposer des actions autour du développement durable via une plateforme digitale commune.

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Pour une mobilité plus durable

La question de la mobilité durable est restée au cœur des préoccupations et des échanges le long de la journée. Carrefour est ainsi intervenu pour présenter ses différents projets autour du transport. « Nous comptons réduire notre bilan carbone de 40 % d’ici 2025 puis de 60 % d’ici 2050, afin de suivre les recommandations nécessaires pour éviter la hausse de température de 2°C », explique Philippe Pieri, directeur stratégie achats et RSE transport chez Carrefour. « Le carbone le plus simple à éliminer, c’est celui qu’on ne consomme pas. Nous avons donc rationalisé nos entrepôts et avons mis en place du transport doux (fluvial, combiné rail). Pour aller plus loin, nous avons lancé des actions autour des nouveaux concepts de motorisation, en testant le GNV ou l’électrique. Depuis 2015, nous nous sommes arrêtés sur le biométhane et avons déjà déployé 400 camions sur les routes, avec un objectif de 1 000 d’ici 2022. L’idée consiste à créer un nouveau modèle économique avec de nouveaux paradigmes ». L’occasion pour Carrefour de participer à la structuration de la filière en France. D’ici 2022, la consommation du groupe représentera 30 % de la production française de biométhane. Le géant de la distribution souhaite également installer une deuxième énergie dans son parc de véhicules. Tout en continuant à réfléchir sur les autres externalités négatives : « Nous nous développons sur le e-commerce, mais comment continuera-t-on à rentrer dans les villes ? Il va falloir trouver des solutions, peut être du côté du fluvial ou du ferroviaire », souligne Philippe Pieri.

 

Mêmes engagements chez le logisticien DB Schenker, qui s’est fixé une réduction de 50 % de ses émissions de CO2 d’ici 2030. « Cet objectif passe aussi bien par la réduction des véhicules diesel, de la formation à la conduite propre pour nos équipes et une meilleure planification de transport. Nous basculons également vers des énergies au gaz ou électriques. En ce qui concerne la logistique urbaine, nous pensons que la livraison à pied et en vélo pourront connaître un vrai essor dans les années à venir, avec des volumes très importants », détaille Tariel Chamerois, directeur RSE et développement durable France Maghreb pour DB Schenker. Logisticiens, constructeurs et chargeurs s’accordent en tout cas sur un constat : il n’y aura pas un seul carburant pour en remplacer un autre.

 

Après de nombreux échanges autour de la data, de l’attractivité du secteur ou encore de la vision omnicanal des flux, c’est finalement Éric Hémar, PDG d’ID Logistics et président d’Union TLF qui a conclu la journée. Récemment missionné d’un rapport par le gouvernement sur la compétitivité de la filière logistique française (aux côtés de Patrick Daher, président du groupe Daher), celui-ci a rappelé la nécessité du secteur de fédérer ses forces et de s’unir pour communiquer ses besoins : « Il faut que l’ensemble de la profession puisse partager ses priorités sur des sujets stratégiques ». Un besoin de vision commune et de mutualisation qui résonnait tout à fait avec les échanges de la journée (et l'annonce de l'initiative Evolue pour la logistique urbaine).

 

> À voir également : deux interviews avec les responsables supply chain de Michelin et Onduline.

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