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2e édition du Cilog, entre nouvelles annonces et poursuite des efforts pour le monde logistique

Le 21 octobre 2021 avait lieu à Hénin-Beaumont (62), au sein du pôle Euralogistic, la deuxième édition du Comité interministériel de la logistique (Cilog). Face au secteur, les ministres Agnès Pannier-Runacher et Jean-Baptiste Djebbari ont dévoilé 13 mesures en direction de la logistique. Un rapport autour de la logistique urbaine a également été remis.

Publié le 21 octobre 2021 - 17h20
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Deuxième chapitre pour le Cilog. Un peu moins d’un an après sa première édition fin 2020, le deuxième Comité interministériel de la logistique s’est déroulé jeudi 21 octobre à Hénin-Beaumont (62), sur le pôle Euralogistic, en présence de Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué auprès de la ministre de la Transition écologique, chargé des Transports, et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, chargée de l’Industrie. Face à eux, un parterre d’acteurs du secteur, parmi lesquels les associations France Logistique et Afilog, afin de revenir sur les problématiques du secteur et annoncer de nouvelles mesures, comme l’expliquait en préambule Agnès Pannier-Runacher : « L’idée est de continuer sur notre lancée pour creuser le sillon d’une logistique plus compétitive et attractive. Les difficultés que nous traversons en ce moment sur les approvisionnements montrent l’importance de ce chainon qui peut faire toute la différence. Aujourd’hui, il y a un sujet fort de concurrence avec les autres pays européens sur lequel nous avons un léger décalage, malgré notre positionnement géographique. Il faut donc investir, et accompagner pour moderniser la filière et être à l’écoute de toutes les innovations, les améliorations règlementaires, et fiscales ». Une importance de la logistique également soulignée par Jean-Baptiste Djebbari, qui est revenu sur la transformation « rapide et forte » du secteur et sur une année 2021 « riche en initiatives notamment sur des sujets de résilience », tels que la fusion d’Haropa et les projets stratégiques sur l’axe Seine ou la relance du fret ferroviaire, avec le train des primeurs Perpignan - Rungis qui reprend ses activités ce mois-ci. « On observe également la digitalisation des opérations et des infrastructures, sujet que nous allons relayer au niveau européen à l’aune de la présidence française de l’Union européenne ».

 

Une rapport sur la logistique urbaine durable

Dans ce sens, le Cilog était l’occasion de la remise d’un rapport sur la logistique urbaine durable, annoncé l’an dernier, et co-réalisé par Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique ; Anne-Marie Jean, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg et présidente du Port autonome de Strasbourg ; et Jean-Jacques Bolzan, adjoint au maire Toulouse et président de la fédération des Marchés de gros de France. « Dans le cadre de ce travail, face à ce sujet encore mal pris en compte par les politiques publiques, nous avons identifié trois grands enjeux : l’aménagement et le foncier, les conditions de livraison, et la gouvernance/professionnalisation », déclarait Anne-Marie Jean. Le rapport est ainsi construit en huit séries de recommandations, dont certaines étaient mises en lumière : en tête, le renforcement de l’accompagnement des collectivités locales. « Il faut une trame nationale qui se décline au plus proche des collectivités. Pour cela, nous souhaitons nous appuyer sur le Groupement des autorités responsables de transport (GART) afin qu’il organise des réflexions et actions au plus près des territoires. Nous pourrons aussi compter sur l’initiative Interlud [Innovations territoriales et logistique urbaine durable] par exemple », explique Jean-Jacques Bolzan. Des efforts qui doivent être accompagnés par un travail d’évolution législative et règlementaire, particulièrement sur les questions de stationnement.

 

Autres propositions en faveur du dialogue, la création d’un observatoire national de la logistique urbaine, qui réunirait les observatoires territoriaux existants, ainsi que la mise en place de conférences logistiques plus locales, pensées pour être des lieux d’échanges et de dialogue public-privé. Enfin, le rapport préconise le lancement d’actions pour la formation et l’information sur la logistique urbaine afin de responsabiliser les parties prenantes, en donnant par exemple aux collectivités des outils pour intégrer le dernier kilomètre urbain dans l’aménagement territorial. Un travail qui mobilisera le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), particulièrement dans le cadre des nouvelles ZFE. Corédactrice de ce rapport, Anne-Marie Idrac a salué le travail des ministres pour « affirmer la logistique comme une valeur française et une affaire d’État, publique. À l’avenir, nous continuerons à travailler sur l’accélération de la transformation écologique et des éléments de compétitivité ».

 

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De nouvelles mesures pour la filière

Le Cilog était également l’occasion pour les ministres de présenter de nouvelles mesures en faveur du monde du transport de la logistique, réparties en trois grandes thématiques. La première, sur les notions d’attractivité et de compétitivité, s’appuie sur différents points concrets : tout d’abord la simplification de l’implantation logistique responsable sur le territoire, poussée par la mise en lumière de 49 sites français appelés « Territoires de logistiques » : 33 d’entre eux pourront accueillir immédiatement des activités dans une optique clé-en-main, les études ayant déjà été réalisées, tandis que les 16 autres sites viennent de l’appel à projets régionaux du fonds « friche ». 49 emplacements qui couvrent la majeure partie du pays, principalement dans l’Ouest, le Nord et des grands pôles autour de Paris et de Marseille. « Cette cartographie a vocation à évoluer si certains sites clé-en-main ne vous semblent pas idéaux », a précisé Agnès Pannier-Runacher.

 

Autre annonces, l’organisation de conférences régionales de la logistique réunissant acteurs privés et publics (dont les deux premières auront lieu d’ici la fin de l’année en Bourgogne-Franche-Comté et en Île-de-France) et l’accompagnement des transformations de l’emploi dans le secteur : « Face à la reprise économique, la recherche de talent est cruciale en logistique, qui est un des secteurs les plus dynamiques en termes de recrutements. Pour répondre à ces besoins, différents outils seront mis en place d’ici juin 2022 », note Agnès Pannier-Runacher. Parmi eux, l’AFT lancera une banque de profils de salariés compétants dans le secteur du transport routier.

 

Vers une logistique durable

Deuxième grand axe de travail, le chemin vers une logistique résiliente et durable, qui s’est décliné ces derniers mois de nombreuses façons. Tout d’abord avec le lancement de la Stratégie Nationale Fret ferroviaire, qui vise à tripler les trafics de transport combiné et de 50 % le fret conventionnel, mais aussi la signature du contrat d’objectifs et de performance avec VNF jusqu’en 2029, avec plus de trois milliards d’euros consacrés aux infrastructures fluviales. « La logique qui prévaut depuis 2017, c’était de rattraper notre retard sur les infrastructures, aussi bien sur le réseau ferroviaire que sur les zones portuaires, en trouvant des moyens de gestion plus adaptés à notre époque, et en innovant sur ces lignes de desserte. Mais il faut aussi une logique de marché. Pour le train des primeurs, force est de constater qu’il reste difficile de trouver les volumes de marchandises pour atteindre un modèle économique pour ces projets », note Jean-Baptiste Djebbari. Présente lors des échanges, l'AUTF (Association des utilisateurs de transport de fret) a représenté ses 150 adhérents chargeurs par la voix de son président, Denis Choumert, notant que les réalisations récentes dans le ferroviaire et le fluvial leur convenaient tout à fait. « Nous espérons que ces efforts seront poursuivis. Il est parfois difficile pour les chargeurs d’avoir une visibilité à plus de trois ans, et nous attendons encore d’avantages de soutien, car la première marche à franchir pour aller vers du report modal demande souvent un investissement de la part des industriels et opérateurs qui peut freiner le passage à l’acte ». Pour le transport routier, un accompagnement vers la transition énergique a également été évoqué, avec la mise en place en début d’année d’une task force sur le sujet, le renforcement du bonus écologique et la prime à la conversion. L’aspect environnemental s’est manifesté également dans les collaborations récentes menées au niveau des hubs aériens, de l’immobilier logistique (avec la charte d’engagements entre Afilog et l’État signée cet été, et à laquelle cinq nouveaux signataires ont été ajoutés à l’occasion du Cilog, parmi lesquels Catella ou Scannell Properties) et via la remise du rapport Logistique urbaine durable.

 

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Les cinq nouveaux signataires de la charte d'engagements Afilog pour l'immobilier logistique, accompagnés de Agnès Pannier-Runacher et Jean-Baptiste Djebbari.

La digitalisation en première ligne

Enfin, le troisième grand axe concernait lui la numérisation de la logistique et son caractère innovant. Le projet France Sésame, pour la fluidification du passage aux frontières a ainsi été évoqué, avec un point de contact unique numérique au Havre, à Marseille et à Dunkerque d’ici la fin de l’année 2021, qui s’appuiera sur les systèmes d’information de plusieurs administrations. Côté innovation, un appel à projets dédié à la logistique 4.0 va être prochainement lancé, dans le cadre de la stratégie d’accélération « digitalisation et décarbonation des mobilités » du Programme d'investissements d'avenir 4. Doté d’une enveloppe prévisionnelle de 90 millions d’euros opérée par l’Ademe, il ciblera trois types de projets : la digitalisation des chaînes logistiques (pour des solutions renforçant la souveraineté, la compétitivité économique et écologique), la transition vers des chaînes logistiques durables et l’automatisation des chaînes logistiques. Cet appel à projets concerne le routier, le ferroviaire, le fluvial, les plateformes aéroportuaires et leurs engins de pistes, pour des sujets de rupture de charge et d’interfaces avec les entrepôts. L’appel à projets a été lancé le 21 octobre 2021 et s'organisera en deux temps : la cloture du pré-dépôt des candidatures du premier est fixée au 15 décembre prochain, tandis que celle du second relevé est prévue pour le 15 mars 2022.

 

Un regard sur le monde de la tech qui se déclinera également dans un évènement dédié aux entreprises de la « Supply Tech », organisé au ministère à Paris Bercy dans le courant du mois de novembre, avec des rencontres et la présentation de start-ups émergeantes. Dernier élément, la mise en place d’un Observatoire de la performance portuaire et des chaines logistiques, qui a publié ses premiers résultats en juin dernier, visant à valoriser la performance des ports français et de leur environnement logistique via la data. « Ce Cilog est l’occasion de voir une filière riche de projets et de constater que la dynamique enclenchée l’année dernière fonctionne », a déclaré Agnès Pannier-Runacher en clôture de l’évènement.

 

Légende photo d'ouverture, de gauche à droite : Jean-Jacques Bolzan, Anne-Marie Jean, Agnès Pannier-Runacher, Jean-Baptiste Djebbari et Anne-Marie Idrac lors de la remise du rapport Logistique Urbaine Durable. Le rapport est disponible à la lecture en intégralité sur le site du ministère de l'Économie et des Finances.

 

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